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Le maire Fcbe de Savè: « Je demanderais au président de ramener la balle à terre »

Publié le mardi 7 mars 2023  |  Matin libre
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© aCotonou.com par DR
Les logos du parti Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe)de l`ancien président Thomas Boni Yayi et celui du Force cauris pour le développement du Bénin (Fcdb)de l`opposant modéré Toléba
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M. le maire, nous sommes à Savè, Savè grand foyer de tensions quand on parle des élections législatives de 2019 ou de la présidentielle de 2021. Les dernières élections législatives, celles du 8 janvier 2023 ont été visiblement différentes.

Je ne suis pas certain que ce soit exactement ce que vous avez déclaré, en ce qui concerne le qualificatif que vous avez attribué à la commune de Savè en disant que c’est un grand foyer de tensions lors des élections. Non, c’était des incompréhensions, de petites frustrations qui se sont accumulées et c’est le résultat. De toutes les façons, vous devez avoir constaté que les élections de 2020 en ce qui concerne les Communales, il n’y a pas eu de soubresauts. Pas du tout. C’est dire en termes clairs que tout cela est conjugué déjà au passé. Ces frustrations ont fait leur temps, les gens ont oublié. La belle preuve, les dernières élections, les législatives, ça s’est bien passé ; que ce soit pendant la campagne, le jour des élections et aujourd’hui même les gens circulent aisément. Donc tout est revenu à la normale dans le pays.

Vous avez parlé d’incompréhensions. Ces incompréhensions sont ou étaient dues à quoi ?

Les incompréhensions, vous les savez parce que vous êtes des journalistes. Quand on parle d’élections exclusives ou inclusives, est-ce que le mal n’était pas à ce niveau ? Oui, le mal peut être que c’était à ce niveau. Certains pensaient qu’ils ont été écartés de la gestion du pays. C’est ces frustrations qui, peut-être, les ont amenés à monter des jeunes pour réagir négativement. De toutes les façons, on peut considérer que tout ça est oublié.

Mais quand on dit que tout ça est oublié ou conjugué au passé, est-ce qu’il y a un travail qui a été fait à la base pour qu’on en soit là aujourd’hui ?

Bien sûr que oui. Que ce soit des Ongs, des structures au niveau de l’Etat, en tout cas beaucoup de structures même la préfecture a organisé des séances d’explication, de sensibilisation, ne parlons pas de la mairie et surtout du maire lui-même qui a fait ce qu’il doit faire pour que tout redevienne normal. Et, j’avoue que je ne regrette pas de l’avoir fait.

Maintenant, M. le maire ce n’est pas parce que je suis bien portant devant vous qu’il n’y a peut-être pas de petites maladies que je traîne ? Est-ce qu’il n’y a pas des choses à revoir, améliorer et à parfaire ?

Je pense que par rapport à ça, à partir du moment où nous ne sommes que des êtres vivants, on ne peut pas tout faire. Il doit avoir toujours de petites insuffisances, c’est lié à l’être humain. Nul ne peut tout faire. C’est impossible.

Je voudrais bien m’attarder sur l’incarcération de certains fils de la région Savè. Cela ne constitue-t-elle pas une préoccupation que des parents expriment ou bien viennent vous poser.

Bien sûr, cela va sans dire. Je me rappelle même que la tournée nationale qu’a effectuée le président de la République, il y a de cela un à deux ans, il a commencé par Savè. Les nôtres étaient déjà en prison. Nous avons soulevé le problème. Il a promis fermement le régler au moment opportun. Alors, j’estime qu’avec les dernières élections, on est au moins à trois ans d’autres élections aujourd’hui. Donc c’est certainement le temps pour le président de la République de revoir ces dossiers des nôtres qui sont en prison, surtout que c’est des jeunes. Il faut quand même tout faire pour sauver leur avenir parce que si un jeune perd cinq ans, dix ans en prison ce n’est pas intéressant. Donc nous avons posé le problème au président, je suis certain qu’il en est conscient, qu’il a pris le dossier à bras le corps. Et, j’ai rencontré plusieurs fois le ministre de la justice, M. Quenum. Bon, ils sont à pied d’œuvre. Souhaitons aussi que les nouveaux députés s’y mêlent aussi pour que d’ici là, dans un laps de temps, on puisse relâcher ces jeunes, qu’ils nous rejoignent et que nous continuions ensemble la lutte.

Il y a également des familles qui estiment que les corps des leurs ou de personnes tombées lors de ces violences sont confisqués. Qu’est-ce qui est fait à l’endroit du gouvernement pour que les familles recouvrent ces corps ?

Tout ça est mis dans le même panier ; que ce soit ceux qui sont en prison, ceux qui sont à l’extérieur qui ne peuvent pas rentrer, un ou deux corps qui, jusque-là, ne sont pas encore enterrés, c’est dans le même panier. Et je suis certain que le moment venu l’Etat central prendra les dispositions pour que tout s’améliore dans l’intérêt de nous tous. Donc on n’a pas à s’inquiéter pour ça. Si nous avons pu attendre deux ans voire trois ans, ce n’est peut-être pas quelques mois-là qui nous feront dérailler. Je suis certain que la population a compris aujourd’hui qu’au lieu de régler nos problèmes par la violence, il vaut mieux dialoguer. Et c’est en cela que je suis heureux que les dernières élections aient été des élections inclusives où ceux qui peuvent parler au nom de nous tous, ont été choisis. On va les amener à prendre les devants pour continuer la négociation. Nous-mêmes, on ne sera pas du reste. On va s’y mettre aussi.

Est-ce que cette situation a impacté l’ambiance au niveau du conseil communal puisqu’il y a au moins trois partis politiques représentés ici ?

Le conseil communal de Savè est constitué de trois partis politiques : la Fcbe, le Br et l’UPR. Nous faisons ce que nous pouvons pour qu’il y ait moins de tensions, et ce niveau ce n’est pas mal. On ne peut pas dire que c’est très bon. L’essentiel est que le président de la République se rappelle nos doléances et veuille prendre ça en compte ; c’est tout.

Votre mot de la fin

Ma conclusion est que nous venons de finir les élections législatives. Nous avons nos députés qui ont été installés et qui siègent. Il faut que chacun joue efficacement son rôle afin que le Bénin puisse se sentir mieux qu’avant sur le plan du développement. Il faudrait que ce développement soit équitable, que cela ne soit pas un parti contre un autre et il ne faut que ceux qui sont au pouvoir se disent : ceux-là ont voté pour l’opposition, ceux-là ont voté pour la mouvance ; il n’y a pas d’opposition, il n’y a pas de mouvance parmi les hommes. C’est la politique qui crée l’opposition, qui crée la mouvance. La réalité, c’est nous les hommes. Nous, on n’a ni opposant, ni mouvancier. Il faudrait que ceux qui sont au pouvoir le comprennent et qu’ils ne tiennent pas compte des résultats des élections législatives passées. Ce qu’il faut que nous fassions, préparons ensemble ; que ce soit les opposants comme les mouvanciers, qu’on prépare ensemble les élections de 2026. C’est ça qui est important. Ce qui vient de se passer-là c’était une petite parenthèse dans la vie politique de notre pays. Ce qui vient, c’est ça qui est important. Et nous devons nous mettre ensemble pour atteindre cet objectif d’être ensemble et développer notre pays. Et c’est en cela que je demanderais, si le président le veut bien, de ramener la balle à terre. Aujourd’hui il est le président de tout le monde. Donc, qu’il fasse la part des choses et qu’il fasse un gouvernement d’union nationale dans la perspective de 2026 parce que le Dahomey, le Bénin, depuis toujours, se focalise sur deux hommes politiques. Avant, c’était Ahomadégbé d’un côté, Maga de l’autre. Nos parents se sont entretués pour ça. Même à Savè ici, ça a duré des années. Il a fallu l’avènement de la Révolution pour enterrer ce passage de notre histoire politique. Au temps de Kérékou c’était encore bon, mais Kérékou 2, c’est revenu. Evidemment, ça a été un peu maîtrisé. On croyait que c’est terminé avec Yayi ; certes il y avait le doyen Houngbédji mais ce n’était pas criard. Mais tel que ça évolue aujourd’hui, c’est comme si on veut diviser le Bénin entre Yayi et Talon. On n’a pas besoin de ça. Je sais que Talon a des ramifications partout au Bénin. Il est au Nord comme au Sud. Donc, faire en sorte que le bicéphalisme politique ne revienne pas. On n’a pas besoin de ça. Je serais heureux que ce message puisse lui parvenir. Evidemment les relations entre Yayi et Talon ne datent pas d’aujourd’hui, ils ont beaucoup de choses en commun ; et si ces deux se mettent ensemble c’est le Bénin qui sortira grandi, et c’est ça mon vif souhait.

Propos recueillis et transcrits par Jacques BOCO
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