Depuis 2016, le gouvernement et ses soutiens mettent l’emphase sur la réalisation de certaines infrastructures. La rénovation de l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin, du boulevard de la Marina, la construction de nouveaux stades, des marchés modernes, toujours en cours, sont entre autres réalisations à l’actif du gouvernement Talon. Mais il y en a d’autres qui ont été annoncées mais qui finalement ne seront pas réalisées. On connaissait le cas de l’aéroport de Glo. Aujourd’hui, on apprend que le gouvernement abandonne aussi la reprise des chemins de fer.
L’aéroport de Glo Djigbé était annoncé pour être l’un des projets phares du gouvernement de Patrice Talon. D’une valeur de 300 milliards FCFA, l’infrastructure devrait sortir de terre avant la fin de second mandat (2021-2026). L’espace avait été identifié depuis des lustres. Sous le régime Talon, le dédommagement des propriétaires terriens affectés avait commencé. A contre cœur, certains s’étaient vu remettre un chèque comportant une modique somme, bien en deçà de ce que pouvait coûter une parcelle dans la zone. Tout ceci pour s’entendre dire, en janvier 2022, que la construction de l’aéroport de Glo-Djigbé ne figure plus parmi les projets phares du Programme d’action du gouvernement (Pag). La raison évoquée, la survenue de la Covid-19 a fait changer les priorités du gouvernement.
De la même manière, avant l’avènement de la Rupture, un imbroglio juridique entourait la réalisation du chemin de fer Cotonou-Niamey. Le Groupe Bolloré et l’homme d’affaires Béninois Samuel Dossou Aworêt s’affrontaient devant les juridictions sur la paternité du projet. Pour Patrice Talon, les deux doivent se retirer. « Le modèle n’est pas bon. Un investisseur privé ne peut pas financer seul le chemin de fer que nous voulons. Nous avons besoin d’un équipement moderne. Avec le projet tel qu’il a été conçu par Bolloré, les investissements auraient été datés », avait déclaré le chef de l’Etat béninois. Patrice Talon trouve le projet de Bolloré : « bas de gamme », avec des rails à « écartement métrique » plus étroits que les rails de standard international et du matériel roulant d’occasion. « Notre chemin de fer ne doit pas nous éloigner de l’avenir », avait-il lancé. Dès lors, le chef de l’Etat a identifié la Chine comme partenaire pouvant réaliser ce projet, selon les normes modernes. « C’est le partenaire le plus indiqué, le choix le plus réaliste pour un tel projet. La Chine dispose des moyens financiers nécessaires. Elle a annoncé qu’elle allait apporter 60 milliards de dollars à l’Afrique, pour financer notamment les grandes infrastructures », avait justifié Patrice Talon.
Le rêve brisé
Cette annonce d’un accord trouvé avec la Chine a fait naître chez les populations l’espoir de voir à nouveau le train siffler. On en était là jusqu’au vendredi 03 mars dernier, quand, à l’occasion de sa séance hebdomadaire avec la presse, le Secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji annonce que le gouvernement abandonne la reprise des chemins de fer. « D’après les études effectuées par des experts occidentaux et asiatiques sollicités par le gouvernement, il faudrait une somme de 2000 milliards FCFA pour que le Bénin puisse avoir des chemins de fer répondant aux normes internationales. Raison pour laquelle le gouvernement a temporairement rangé au placard », a laissé entendre Wilfried Léandre Houngbédji. C’est donc faute de moyens financiers, que le projet des chemins de fer est renvoyé aux calendes grecques.
Aussi bien que beaucoup de projets sont réalisés ou en cours de l’être dans le Pag 1 et le Pag 2, il y en a d’autres qui sont abandonnés en cours de route. L’aéroport de Glo et les chemins de fer en sont un exemple. Quid des autres projets déjà abandonnés et dont on ne sait rien ? Le projet de contournement nord de Cotonou est-il toujours d’actualité ? Qu’en est-il de la construction de l’échangeur de Vèdoko, du dédoublement de la route Sèmè-Porto-Novo, etc. ? Même l’asphaltage, cité dans le lot des projets phares, n’est pas totalement réalisé. Aujourd’hui, à Cotonou, ce serait utopique de penser que toutes les rues seront asphaltées avant 2026. Il en est de même des autres villes concernées par ce projet.