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Prix international de la femme de courage: Darlan et Madougou : 2 africaines récompensées

Publié le lundi 20 mars 2023  |  Matin libre
Danièle
© Autre presse par Dr
Danièle Darlan, ancienne présidente de la Cour constitutionnelle de la Centrafrique et Reckya Madougou
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Deux générations, mais le même combat pour la préservation des acquis démocratiques sur le continent africain. Danièle Darlan et Reckya Madougou sont deux femmes africaines récompensées du prix international de la femme de courage par le gouvernement américain.

Professeure Danièle Darlan, juriste, ancienne présidente de la Cour constitutionnelle de la République Centrafricaine, militante pour la paix et la réconciliation, a reçu ce 8 mars 2023, le prix international de la femme de courage pour son engagement. Si elle a travaillé sans relâche pour aider les femmes victimes de violences sexuelles et encourager leur participation à la construction de la paix et de la réconciliation en République centrafricaine, c’est surtout pour sa défense de la Constitution de son pays, son héroïsme dans la sauvegarde de l’indépendance judiciaire et son refus de se laisser influencer par des menaces ou des pressions politiques que le prix lui a été décerné, selon le communiqué du département d’État américain.

En effet, en tant que présidente de la Cour constitutionnelle de son pays, Danièle Darlan et les juges suprêmes ont invalidé le décret présidentiel qui avait créé un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution, un projet très controversé par le peuple centrafricain qui accusait le président Faustin-Archange Touadéra de vouloir modifier le texte pour pouvoir briguer un 3ème mandat.

En lui décernant ce prix, le département d’État américain a donc voulu honorer son engagement inébranlable en faveur de l’Etat de droit. Sa ténacité lui a valu le surnom de « dame de fer », note enfin l’administration américaine.

En 2008, Reckya Madougou, une infatigable militante béninoise pour la démocratie et les droits des femmes, à peine la trentaine amorcée, a été l’une des premières femmes africaines à recevoir ce prix. Comme Danièle Darlan, elle a été récompensée pour son travail courageux pour la démocratie au Bénin et les droits des femmes, en particulier pour son rôle dans la campagne « Touche pas à ma Constitution » qui s’est opposée avec succès à une modification opportuniste de la Constitution par le président alors en exercice. Son combat et la campagne qui l’a portée avaient alors été repris par les leaders de la société civile dans différentes régions du continent africain où Reckya Madougou était d’ailleurs invitée par les organismes internationaux pour former les acteurs de changement à la démocratie et aux droits des femmes. Droits pour lesquels sa distinction avait également salué son intrépidité et ses actions.

Jusqu’aujourd’hui, celle qui est elle aussi surnommée « la dame de fer », Reckya Madougou, continue de lutter pour les droits humains, la démocratie, le respect de la Constitution dans le sens de l’intérêt général. Cette lutte l’a poussée à briguer la magistrature suprême en 2021 avec le projet d’une société inclusive et cohésive.

Mais, selon les experts de l’ONU, qui ont ouvert une procédure sur son cas après son arrestation au sortir d’un géant meeting politique aux côtés d’autres acteurs l’opposition, elle a été arbitrairement emprisonnée et condamnée à 20 ans. À noter que ladite procédure a connu la participation active du gouvernement ayant fourni des pièces dont la vacuité a été démontrée dans l’Avis numéro 51/2022 notifié à ses avocats le 7 novembre 2022. Cet Avis recommande sa libération immédiate, sans conditions, son dédommagement et l’ouverture d’une enquête pour identifier les responsables de sa privation abusive de liberté et la prise de sanctions adéquates. Elle est donc détenue arbitrairement depuis deux années déjà, dans des conditions inhumaines où elle est privée de presque tous les droits dont jouissent les prisonniers.

En dépit de cela, la dame de fer et de cœur depuis sa cellule multiplie ses initiatives sociales et humanitaires en faveur des couches défavorisées (orphelinats, hôpitaux, prisons, églises, mosquées, etc.). Par ailleurs, elle lance régulièrement et courageusement des alertes sur des méfaits de gouvernance et d’injustice dont elle est informée par ses proches et en subit immédiatement les représailles par ses geôliers, sans que cela ne la pousse à se résigner.

Reckya Madougou aura même contribué à la campagne des législatives 2023. Aucune surprise donc qu’au lendemain de cette élection, avant leur installation, les députés, issus de son parti Les Démocrates, sont allés lui rendre visite à la prison civile de Missérété. Visite aux échos si retentissants que le régime a dû sans gêne carrément lui interdire des visites, sous la forme maquillée d’une autorisation spéciale de visite à solliciter.

Le 13 mars 2023, à l’occasion de la Journée de célébration des droits des femmes (8 mars), elle vient de publier une tribune de haute facture intellectuelle et analytique, sans parti pris partisan, avec des contributions pertinentes pour un meilleur accès des femmes aux postes de décision. C’est dire que même l’épreuve n’arrête pas, celle qui est également désignée depuis quelques temps par « L’Amazone nationale ».

Le prix international de la femme de courage est une grande distinction créée en 2007 par le gouvernement américain, une initiative portée par la secrétaire d’État Condoleezza Rice, pour célébrer la Journée internationale des femmes chaque 8 mars. Les ambassades des États-Unis ont le droit de recommander une femme comme candidate, et le prix est décerné chaque année aux femmes du monde entier qui ont fait preuve de leadership, de courage, d’ingéniosité et de volonté de se sacrifier pour les autres, en particulier pour une meilleure promotion des droits des femmes.

Danièle Darlan, 71 ans, et celle qui pourrait être sa fille, Reckya Madougou, 48 ans, sont des exemples inspirants de la témérité et du courage des femmes dans la lutte pour la justice et la démocratie à travers le monde. Le prix international de la femme de courage est une reconnaissance importante pour leur travail et pour celui de toutes les femmes qui luttent pour un monde plus démocratique, juste et équitable. Leur militantisme démontre que les femmes ont un rôle crucial à jouer dans la promotion de la paix, de la démocratie et de l’Etat de droit dans leur pays et dans le monde entier. En célébrant leur courage et leur engagement, le département d’État américain invite toutes les femmes à aller dans le même sens, notamment à poursuivre cette lutte pour un monde meilleur et plus égalitaire pour toutes et tous.

M.M
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