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Edition 2023 de la Conférence des Nations Unies sur l’eau: La Société civile béninoise dévoile le message qu’elle porte

Publié le mardi 21 mars 2023  |  Matin libre
L`eau
© aCotonou.com par dr
L`eau potable en milieu rural
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La Communauté mondiale se mobilise pour la Conférence des Nations Unies sur l’eau qui se tiendra à New-York, au siège des Nations-Unies du 22 au 24 mars 2023. Le Bénin ne sera pas du reste. Les acteurs du secteur, particulièrement les Organisations de la société civile béninoise pour l’eau et l’assainissement porte un message à l’occasion de ce grand rendez-vous afin que le sous-secteur Hygiène et assainissement de base soit élevé au rang de priorité présidentielle. Le contenu dudit message a été dévoilé aux médias, à la faveur d’un point de presse qui a eu lieu jeudi 16 mars 2023 à Cotonou sous le lead du Cadre de concertation des acteurs non étatiques des secteurs de l’eau et de l’assainissement (Canea).

C’est Félix Adégnika coordonnateur national du Wsscc qui a livré la quintessence du message que portent les Osc à ces assises mondiales. Mais quelle utilisation sera faite d’un tel message publié ici en intégralité ? Pour André Zogo, président du Canea, en résumé, « nous sommes en train de faire de gros efforts dans le sous-secteur de l’eau, notamment de l’eau potable mais nous avons encore de gros efforts à faire aussi dans le sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement de base pour que ce qui est fait pour l’eau potable puisse être rentabilisé, puisse être valorisé et que l’objectif soit atteint ». Il poursuit : « Et ce message que nous portons, nous le portons à l’attention de nous tous ; les acteurs du secteur de l’eau et de l’assainissement du Bénin, en commençant par les autorités au plus haut niveau, les responsables techniques, les organisations de la société civile, les acteurs non étatiques, la population, tout citoyen. Ce message s’adresse à nous tous parce que dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, il est demandé à tous ces acteurs de prendre des engagements volontaires ; c’est-à-dire que la Conférence ne va pas déboucher sur un accord négocié entre les Etats mais ça va aboutir à un agenda d’actions pour l’eau. Et cet agenda sera basé sur les engagements volontaires qui seront pris par les uns et les autres. Donc c’est pour nourrir les réflexions par rapport aux engagements des acteurs, notamment des acteurs gouvernementaux que nous avons fait ce message pour contribuer à leur participation et à notre participation à la Conférence des Nations Unies sur l’eau ». Pour que le message puisse parvenir aux différents acteurs concernés, il y a certes les canaux médiatiques, mais les Osc entendent partager aussi le message avec les membres de la délégation qui va se rendre à la Conférence. « Nous allons rencontrer les autorités ministérielles, les membres de cette délégation pour leur porter le message. (…) Enfin, pour ceux qui auront le privilège de participer à cette Conférence, ils pourront utiliser ce message dans les sessions qui seront organisées dans tous les travaux de réflexion qui seront organisés au cours de la Conférence et notamment dans le cadre de l’élaboration des engagements qui seront pris par les autorités de notre pays mais aussi par nous, les organisations de la société civile », fait savoir le président du Canea.

Pourquoi donc cette Conférence des Nations Unies sur l’eau ?

Selon Alain Tossounon, Secrétaire général du Canea cette Conférence des Nations Unies s’inscrit dans la Décennie d’action pour l’eau. Après la Décennie de 1981, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la période 2018-2028 la Décennie internationale d’action sur le thème ‘’L’eau pour le développement durable’’. « La décennie d’action commencera le 22 mars 2018 pour se terminer le 22 mars 2028, dates de la Journée mondiale de l’eau. Donc la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2023 constitue une solution qui marque un point médian dans la mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies pour l’eau lancée en 2018. Le but de cette Conférence est vraiment de promouvoir le développement durable et la gestion intégrée des ressources en eau, de favoriser la coopération et les partenariats à tous les niveaux et de soutenir la mise en œuvre des objectifs et cibles liés à l’eau convenus au niveau international notamment les Objectifs de développement durables », a laissé entendre le Sg/Canea. « La conférence des Nations Unies sur l’eau parce qu’il faut relever les défis, de plus en plus urgents, qui sont liés à l’eau. Comme défis, il y a les pressions qui sont exercées et comme pression, nous avons la croissance de la population qui fait que la demande augmente, le développement rapide de l’économie mondiale parce qu’on ne peut pas faire le développement sans les ressources en eau, mais également il y a les effets des changements climatiques qui ont des conséquences sur la disponibilité de l’eau pour les usages domestiques mais aussi pour le développement », ajoute-t-il. Il faut dire que c’est depuis 2010 que l’eau et l’assainissement ont été retenus comme étant un droit humain fondamental. L’accès à l’eau et aux services d’assainissement est une condition préalable à la vie et un droit de l’homme déclaré.

Message des organisations de la societe civile beninoise pour l’eau et l’assainissement

ACCES UNIVERSEL A L’EAU AU BENIN : NOUS Y SOMMES, PRESQUE

Du 22 au 24 mars 2023, la Communauté mondiale se réunira à New-York au siège des Nations-Unies pour revisiter les progrès accomplis, apprécier les insuffisances et redéfinir de nouvelles stratégies après tant de décennies d’actions et initiatives décrétées pour que l’eau pour tous et pour tous les usages soit enfin une réalité du monde contemporain. Cette conférence se tient à mi-parcours de la Décennie des Nations Unies pour l’eau lancée en 2018 dans le but de i) promouvoir le développement durable et la gestion intégrée des ressources en eau, ii) favoriser la coopération et les partenariats à tous les niveaux et iii) soutenir la mise en œuvre des objectifs et cibles liés à l’eau convenus au niveau international.

La disponibilité et le traitement de l’eau pour ses divers usagers restent un grand défi qui se pose au monde entier tant les actions conduites sont annihilées par les effets de changements climatiques, de l’urbanisation grandissante, des mutations technologiques mais aussi par la gouvernance du secteur.

En effet, selon le Rapport des Nations Unies sur l’eau de mars 2021, 2 personnes sur 5 dans le monde vivent encore dans des régions où l’eau est rare et 2,1 milliards de personnes sont contraintes de consommer de l’eau polluée. Seulement un Africain sur quatre a accès à une source sûre d’eau potable. Ainsi, c’est en Afrique que se trouvent la moitié des personnes qui boivent une eau provenant de sources non protégées et seulement 24% de la population d’Afrique Sub-saharienne a accès à une source sûre d’eau.

Comme il est aisé de le constater, le défi est mondial mais l’urgence est africaine. L’Afrique et ses populations vulnérables, les moins aptes à trouver les réponses appropriées ne pourront s’en sortir sans un profond changement de paradigme porté par une volonté et un engagement politiques manifestes.

Cette volonté et cet engagement politique se sont concrétisés au Bénin depuis 2016 où la promesse de faire de l’eau et de l’énergie une des priorités du programme d’action gouvernementale s’est traduite dans les faits par un investissement massif dans le secteur mais aussi et surtout, par une réforme structurelle et organisationnelle courageuse, difficile et dont les fleurs augurent d’une bonne récolte de fruits.

Cette priorisation de l’accès à l’eau potable a permis d’obtenir des résultats encourageants. Selon le bilan de la mise en œuvre du PAG 1(2016-2021) , en milieu rural le taux d’accès à l’eau potable est passé de 46% en 2016 à 70% à fin 2020.

Cependant, il existe quelques insuffisances préjudiciables à l’atteinte des objectifs qui méritent d’être relevées et adressées à la satisfaction des populations mais aussi pour que notre modèle soit un modèle à proposer et à imiter.

Les deux points d’attention majeurs du modèle béninois sont :

1) l’accès universel à l’eau potable stricto sensu

Le secteur de l’eau dans les déclarations et résolutions nationales et internationales compris comme l’ensemble constitué de la ressource, de ses usages et du traitement n’est pas bien perçu, partagé ou accepté par tous. L’accès universel n’est pas suffisamment inscrit dans la logique de la pleine jouissance des Droits Humains à l’Eau et à l’Assainissement qui porterait une attention particulière aux populations non encore desservies par le réseau d’eau potable et celles desservies mais n’ayant pas encore la capacité financière de se raccorder et de payer le service.

2) l’accès universel à l’eau potable sans l’hygiène et l’assainissement

L’eau, l’assainissement et l’hygiène’’ sont un triptyque de services à la fois indissociables et complémentaires pour le maintien de la vie et la protection sanitaire. Malheureusement, il n’existe aucune action, aucune stratégie de ce sous-secteur compatible avec le développement envisagé du sous-secteur Eau. Il faut toutefois mentionner pour l’apprécier, la réalisation de stations modernes de traitement des boues de vidange pour les villes du Grand Nokoué et de Parakou et l’adoption de la loi 2022-04 du 16 février 2022 portant hygiène publique. En milieu rural où le taux de défécation à l’air libre est estimé à 56% en 2019, un désengagement dans ce sous-secteur serait préjudiciable à la plus-value sanitaire d’un accès universel à l’eau.

Les Organisations de la Société Civile (OSC) béninoises pour l’eau et l’assainissement saluent la volonté et l’engagement politiques du gouvernement du Bénin pour un accès universel à l’eau potable à l’horizon 2025. Les réformes engagées, les restructurations institutionnelles et organisationnelles, les investissements consentis et les réalisations sur le terrain ne laissent aucun doute que l’objectif est atteint sinon presque. Le taux d’accès à l’eau potable estimé en 2022 à 75% n’est probablement pas le plus élevé de la région mais à voir d’où on est parti, c’est indéniablement une performance. Ces résultats n’ont été possibles que grâce à l’engagement et au suivi du Chef de l’Etat qui en a fait une priorité et un défi personnels. Cette prédisposition et la pertinence des actions engagées méritent d’être valorisées et partagées dans de grandes instances de décisions telles cette Conférence des Nations-Unis de mars 2023 sur l’Eau.

C’est une fierté nationale qui justifie notre appel à la participation d’une importante délégation du Bénin que nous souhaitons conduite par le Chef de l’Etat, initiateur et garant de toutes les réformes, efforts et sacrifices consentis.

Cette conférence des Nations-Unies est aussi l’occasion d’attirer l’attention des décideurs nationaux, sur quelques problèmes qui font la préoccupation des OSC.

Les résultats plus que prometteurs enregistrés dans le sous-secteur de l’approvisionnement en eau potable ne doivent pas masquer, pour être réaliste,

quelques insuffisances dont la prise en compte, parachèvera la marche du Bénin vers l’atteinte de l’ODD 6.

La préoccupation dans ce sous secteur est la continuité du service. Les populations surtout urbaines connaissent la discontinuité du service d’eau plus ou moins justifiée (maintenance, travaux urbains, énergie, etc.). Quelques soient les raisons, elles ne jouissent pas de leur droit à un service continu. Il urge de sécuriser les installations pour un service continu.

Mais, la grande préoccupation des OSC est l’absence de l’hygiène et de l’assainissement de base (HAB) dans les priorités sectorielles.

Il est partout admis que l’assainissement est le parent pauvre du secteur mais au Bénin, il en est orphelin. Sa prise en compte dans les grandes réformes et investissements initiés par le gouvernement n’est que partielle sinon superficielle se limitant à l’assainissement des eaux usées en milieu urbain. La défécation à l’air libre, un fléau adressé par l’ODD 6.2 reste prépondérante dans les pratiques sanitaires.

Le sous-secteur ne relève d’aucune institution opérationnelle réelle et les conclusions ou recommandations du séminaire gouvernemental de 2021, présidé par le Chef de l’Etat et censé clarifier la situation n’ont jamais été publiées ou mises en œuvre. Chaque ministère supposé jouer un rôle, le fait en fonction de ses priorités, l’assainissement de base et l’hygiène n’étant pas son objet principal.

Le fonctionnement actuel du sous-secteur semble basé sur la résilience des uns et la certitude des autres, en absence de textes officiels actualisés sur l’évolution du sous-secteur. Le profil institutionnel de l’hygiène et de l’assainissement de base mérite d’être clarifié, relevé et soutenu. Les actions qui ont permis de remonter la pente dans le sous-secteur de l’eau doivent être reconduites pour celui de l’hygiène et l’assainissement de base, heureusement moins capitalistique.

Vu la déliquescence du sous-secteur, les OSC sectorielles appellent à un Plan Marshal pour l’Hygiène et l’assainissement de base sur trois ans pour relever le défi de l’accès universel aux services d’hygiène et d’assainissement de base et pour mieux valoriser tous les investissements dans le sous-secteur de l’eau.

La participation du Bénin à la Conférence des Nations-Unies sur l’eau, une tribune par excellence de partage des expériences, devra permettre aussi aux acteurs opérationnels du sous-secteur HAB, d’apprendre des ‘’success stories’’ pour mieux conduire les réformes idoines du sous-secteur. A cet égard, les modèles innovants comme celui de l’Inde porté par son Premier Ministre Narendra Modi doivent nous inspirer. Ils méritent d’être suivis et appropriés. L’Inde, un pays-continent avec plus de 1,3 milliards de population dont une grande partie rurale de même niveau de vie que celui du Bénin a réussi à s’affranchir des risques sanitaires et environnementaux de la défécation à l’air libre en moins de 5 ans, juste par la volonté et l’engagement politiques, en misant sur la gouvernance sans un accroissement budgétaire spécifique. La même chose est possible au Bénin avec la prédisposition et les capacités managériales du Chef de l’Etat.

La participation du Bénin à la Conférence des Nations-Unies sur l’Eau est une opportunité pour valoriser les sacrifices et efforts consentis pour un accès universel à parfaire rapidement dans le secteur de l’eau et à réinventer pour le sous-secteur Hygiène et assainissement de base.

L’accès universel à l’eau et à l’assainissement du Base au Bénin n’est plus seulement plausible, on y est déjà, sinon presque. Le dernier kilomètre est toujours le plus difficile. Il exige plus que par le passé, de la part des décideurs une persévérance dans les engagements, des populations, un changement positif et durable des comportements et de la part des OSC, une veille citoyenne et républicaine.

A l’occasion de cette Conférence de l’ONU sur l’eau, nous, Organisations de la société civile sectorielle béninoises, recommandons que :

– les insuffisances dans le secteur soient portées à l’attention des plus hauts responsables du pays et qu’elles soient approuvées par eux ;

– le Président de la République identifie et soutienne l’assainissement et l’hygiène de base comme une priorité pour le Bénin et fournisse une orientation politique de haut niveau pour l’inclure dans la planification nationale et les priorités de financement.
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