Au sortir du match du mercredi, 22 mars 2023, j’étais plongé dans un dilemme : le Bénin avait-il mis tous les ingrédients de son côté pour l’emporter ? Au regard de la domination permanente des hommes de Gernot Rohr, on serait tenté de dire oui.
En comptabilisant leur manque de lucidité, leurs déchets techniques, par beaucoup de moments, et les nombreuses occasions de but qu’ils ont vendangées, on pourrait leur imputer ce résultat mitigé. Bien sûr que nos chances de qualification s’en trouvent davantage compromises. Mais, c’est un juste retour aux sources, si besoin était de le rappeler. Celui de la réalité que notre destin nous appartient de moins en moins. Une situation qui fait partie du quotidien du football béninois. Du fait de sa navigation à vue légendaire.
Mais, au-delà de ce sentiment d’impuissance, la prestation de nos représentants nous propose de belles perspectives d’avenir. Pour une fois, la toute première fois, je me suis senti en droit de dénoncer l’arbitrage sur mes impressions, en direct, au stade de l’Amitié. Mais pour ne pas tomber dans la délation gratuite du chauvinisme, j’ai attendu de revoir les images du match.
Heureusement que Canal+Sports a eu la bonne idée de le rediffuser ce jeudi matin. Et ce que je soupçonnais s’est confirmé : l’arbitre a carrément faussé le résultat au détriment du Bénin. En le privant de deux pénalties absolument valables. Sauf à ses yeux. Maintenant, force est de reconnaître qu’il était complètement étranger à la maladresse de nos joueurs. En plus que ceux-ci n’ont marqué aucun but qu’il ait refusé.
Nonobstant tout ce qui précède, je dois tirer un coup de chapeau à Gernot Rohr pour l’état d’esprit qu’il a réussi à inculquer à ce collectif qu’on désespérait de voir jouer un jour en équipe. Bien que les premières minutes aient vu les défenseurs, à l’exemple de Khaled Adénon, sauter les lignes en balançant le ballon comme à leur mauvaise habitude.
Malheureusement ou heureusement cette fois-ci, le but rwandais est arrivé assez tôt. Pour que le Coach les rappelle et leur fasse comprendre les risques auxquels ils s’exposaient en procédant par ce jeu de fuites en avant.
Dès ce moment, ils ont compris qu’il valait mieux avoir le ballon en leur possession, en procédant calmement et méthodiquement. Ce qui nous a permis d’assister à une première.
Enfin, nos joueurs nous ont montré qu’ils pouvaient être capables de bien jouer au ballon. Par une prestation d’ensemble qu’on ne leur avait jamais connue auparavant.
La victoire n’a pas été au bout pour des raisons énumérées plus haut. Mais aussi par les nombreux déchets dont certains joueurs ont usés et abusés. En particulier en deuxième mi-temps. Jodel Dossou à droite et David Kiki à gauche, nos joueurs des couloirs-ailes se sont empêtrés dans la multiplication des mêmes erreurs. Ils se sont programmés comme des robots sans aucune initiative pour faire de la diversion.
-Jodel en jouant comme un cycliste, tête baissée et nez dans le guidon. A toujours chercher à y aller en individuel, par les mêmes passements de jambes et tentatives de débordements par l’extérieur, tous voués à l’échec.
-Quant à David Kiki, les mêmes rengaines mais complètement à l’opposé de Jodel Dossou : Aucune tentative de débordement. Tout s’est résumé en contrôles de balles, tête levée et centres en l’air, à l’aveugle. Avec le plus grand maximum d’échecs.
En plus, il n’y a eu :
Aucune tentative de dédoublement suivi de débordements par les ailes et de passes en retrait par les deuxièmes lignes qui devaient venir de derrière;
Aucun tir axial, de loin, pour profiter de l’excès de joueurs dans la surface de réparation dont le nombre ne pouvait masquer le tir et la vue, au gardien de but.
Pas ou très peu de pénétrations axiales, individuelles et/ou collectives, par des multiplications de dribbles ou de passes pour prendre la défense adverse à défaut. Les rares fois où nos joueurs y sont parvenus et se sont retrouvés face à face avec le gardien adverse, ils ont manqué l’immanquable : le but.
Saturnin Allagbé aussi s’est montré très frileux dans ses placements. En l’occurrence sur le but rwandais où il est resté figé dans ses six mètres, alors que dans un système de 3-5-2 ou le bloc-équipe est en position avancée, il devait jouer en libéro de la défense aux alentours de sa surface de réparation.
Ses choix de relances au pied ou à la main, non plus, n’ont pas dégagé une grande sérénité. Alors qu’il devait être l’initiateur de la première attaque.
Dans le lot de satisfaction, on donnera la primeur au jeu collectif et à l’état d’esprit de tout le monde. Ensuite, au rajeunissement très sensible de l’équipe. Quant aux individualités, je n’en détacherais qu’une seule d’un collectif qui m’a bluffé : Stéphane Sességnon. Pour toute la panoplie de bonnes prises de décisions et la confiance qu’il a apportées à l’équipe avec son entrée.
De beaux jours se dessinent. A condition de ne pas être obnubilés par la qualification qui était déjà compromise. Indépendamment de Moussa Latoundji qui n’a jamais eu les mains libres. On doit laisser à Gernot Rohr, les pleins pouvoirs de réflexion et d’action. Conditions incontournables si l’on veut sortir de la médiocrité dans laquelle nous nous plaisons à nous enliser depuis toujours.