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Opposition sous la Rupture: Ce qui a changé avec Les Démocrates

Publié le lundi 3 avril 2023  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
Une affiche du parti Les Démocrates, avant l`élection législative qui s`est tenue au Bénin, le 8 janvier 2023.
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L’opposition a connu diverses fortunes sous la Rupture, de 2016 à ce jour. C’était d’ailleurs la première fois, depuis le renouveau démocratique, qu’elle a été réduite à sa plus simple expression au point où il y a eu un Parlement sans opposition. 2023 a changé la donne avec le parti Les Démocrates.

Après l’exclusion de l’opposition des législatives de 2019, les communales et municipales de 2020 ont vu la participation du parti Force cauris pour un Bénin émergent de Paul Hounkpè. Avec le soutien d’anciens alliés de Boni Yayi, le parti a pu glaner quelques mairies dans le septentrion. Résultat, Paul Hounkpè a été nommé chef de file de l’opposition par décret n°2021-183 du 28 avril 2021. Mais tant dans le fond que la forme, à tort ou à raison, l’opinion publique nationale n’est jamais arrivée à voir Paul Hounkpè comme un opposant au régime Talon. Tout ce qui a précédé l’obtention du récépissé définitif, qui consacre l’existence officielle du parti, après le respect des nouvelles dispositions sur la réforme du système partisan, la démission du président d’honneur Boni Yayi et d’autres importants membres fondateurs de la Fcbe originelle, ont laissé un goût amer. Les déclarations de Boni Yayi sur un supposé deal entre Hounkpè et le pouvoir de la Rupture ont convaincu plus d’un Béninois sur le fait que la Fcbe de Paul Hounkpè était une opposition de façade, montée de toute pièce pour faire semblant, notamment devant la communauté internationale. Ça, c’était le fond. Une fois sur le terrain, le parti Fcbe et son leader pouvaient quand même essayer de jouer véritablement le rôle de parti d’opposition. Mais, on n’a pas senti cela. Aussi bien dans le ton que les actes, les dirigeants de la Fcbe avaient manifestement la peine à porter l’habit d’opposants à eux cousu par la force des choses.

Avec le parti Restaurer l’espoir de Candide Azannaï, le ton était là, ferme, très critique, à la limite vindicatif. Mais, il a manqué et manque toujours les actes. Quel est donc ce parti d’opposition qui n’a de cesse de critiquer le régime mais qui n’engage jamais aucune action, pas plus qu’il ne participe aux élections ? La résistance inactive de Candide Azannaï, alors que le pouvoir déroule sans désemparer son chronogramme en matière de recul démocratique caractérisé par la privation des libertés, le musellement de l’opposition, d’exil forcé et d’emprisonnement, a fini par faire peser sur Restaurer l’espoir le même jugement d’opposition taillée sur mesure que l’opinion colle à la Fcbe.

Les Démocrates, un ton ferme et des actes
Au parti Les Démocrates, non seulement le ton est resté ferme avant et après les élections législatives de 2023, mais aussi les actes suivent. Pourtant, ce n’est pas les accusations de compromission qui ont manqué. Elles sont venues notamment de Candide Azannaï qui estime que, pour avoir participé aux Législatives, Les Démocrates ont aussi fait un deal avec le pouvoir, tout comme la Fcbe, en 2020. Mais, depuis, le parti ne fait que dénoncer les travers du régime de la Rupture. Mieux, il va au charbon. 2021 et 2023 ont vu les responsables et militants du parti Les Démocrates prendre les devants pour mettre le régime Talon en difficulté. Ce qui a d’ailleurs valu au parti l’arrestation de nombre de ces militants mais également de responsables, à l’image de la candidate du parti à la présidentielle de 2021, Reckya Madougou. On a encore en mémoire, la déclaration du parti Les Démocrates à la tribune de l’Assemblée nationale, le 1er jour d’installation des députés de la 9e législature, la visite des députés de l’opposition à Reckya Madougou, la même initiative à l’endroit de Joël Aïvo, finalement empêchée, les questions d’interpellation du gouvernement sur les sujets de préoccupation, sont, entre autres, des actes à l’actif du parti Les Démocrates, à l’image de ce qu’a été l’opposition depuis 1991. Et que dire de la proposition de loi portant amnistie des détenus politiques et des exilés déposée par le parti au Parlement ? Si elle prospère, le mérite en reviendra au parti. Si la loi est rejetée par la majorité parlementaire, le parti aura le mérite de montrer à l’opinion publique nationale et internationale que c’est le pouvoir Talon qui, en réalité, ne veut pas d’un dégel de la tension politique nationale, contrairement au discours. Ce sont des actes qui, qu’on le veuille ou non, poussent le pouvoir dans ses derniers retranchements, mettent à l’épreuve sa sincérité dans le discours politique. Ce sont ces genres d’actes qu’on n’a pas vu chez la Fcbe, ni chez Restaurer l’espoir.



M.M
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