Le verdict dans l’affaire opposant Boni Yayi à Lionel Agbo, son ancien porte-parole est tombé ce mercredi 23 janvier 2012. Poursuivi par le président de la république, Lionel Agbo écope de six mois d’emprisonnement ferme pour complicité d’offense au Chef de l’Etat. Après la condamnation de Berthe Cakpossa, la directrice de la chaîne de télévision Canal 3 à une peine de trois mois d’emprisonnement ferme pour la même accusation, c’est autour de cet ancien candidat à la présidentielle et ancien porte-parole de la présidence de la République, d’être condamné à six mois de prison ferme.
«Le tribunal déclare le prévenu Lionel Agbo coupable de complicité de délit d’offense au chef de l’Etat, le condamne à 6 mois d’emprisonnement ferme (…) et à payer une amende de 500.000 Francs CFA (762 euros)», a déclaré le juge Ulrich Gilbert Togbonon à l’issue de l’audience. Le début de cette affaire remonte à septembre 2012. Au cours d’une conférence de presse tenue en septembre dernier, Lionel Agbo, porte-parole de Boni Yayi jusqu’en mars 2011, avait alors déclaré que ce dernier comptait «s’accrocher au pouvoir» au-delà des deux mandats prévus par la Constitution. Il avait ajouté que l’entourage direct de Boni Yayi était corrompu. «Dans ce palais (présidentiel) que je connais, il y a des hommes et des femmes qui ont fait fortune.
Un petit groupe est devenu milliardaire et le chef de l’Etat sait que je sais qu’il sait…» avait-il notamment déclaré. La semaine dernière déjà, Berthe Cakpossa, la directrice de la chaîne béninoise privée Canal 3 qui avait diffusé l’intégralité de l’intervention de M. Agbo avait été condamnée à trois mois de prison pour offense au chef de l’Etat. Selon les subtilités de la loi béninoise, c’est le média qui est considéré comme l’auteur principal de cette offense et non M. Agbo, condamné pour «complicité».
Une condamnation qui a fait réagir la fédération internationale des journalistes (FIJ) qui, dans un communiqué publié lundi, avait fermement désapprouvé la condamnation de Mme Cakpossa. «Cette condamnation est disproportionnée et ressemble à une manœuvre pour réduire la presse à l’autocensure et au silence», a estimé Gabriel Baglo, le directeur Afrique de la FIJ, dans ce communiqué. «C’est un recul et un coup à la liberté d’expression dont le Bénin était jusque-là un champion en Afrique», a-t-il ajouté.