24 heures après l’annonce de la suppression de la subvention des produits pétroliers par le tout nouveau président du Nigéria Bola Tinubu, le Bénin reçoit sa première alerte. Mercredi 31 Mai 2023. Il est 17H à Mènontin. Dans une station-service privée, l’on observe une ruée massive des conducteurs des véhicules à deux et à 4 roues. Disposés en rangs, chacun attend son tour pour se faire servir. La situation était inhabituelle, vu que les stations-services n’ont pour habitude de connaitre une si longue file d’attente que dans les cas de pénurie. D’ailleurs dans les discussions, l’on peut entrevoir une probable hausse du prix de l’essence. Un tour sur les étalages d’essence frelatée a permis de confirmer l’hypothèse. L’essence coûte 700 Fcfa. Et comme à leur habitude, les usagers, ne pouvant supporter le coût exorbitant de l’essence, sont obligés de se référer aux stations-services dont le coût est relativement stable. « Le prix de l’essence a encore grimpé. Actuellement 700 Fcfa, cela dépasse mes bourses et je compte m’approvisionner dans une station-service », confie Tundé, un fidèle abonné à l’essence Kpayo. Des stations-services aux étalages de l’essence Kpayo, il n’y a qu’une différence de 50 Fcfa, puisque l’essence dans les stations conventionnelles coûte 650 Fcfa.
Ce virage à 360° n’est que la conséquence d’une décision prise en 24 heures par le voisin de l’Est, le Nigeria. Ce défi a été repoussé par les gouvernements successifs depuis son introduction dans les années 1970. Malgré ses richesses pétrolières, le Nigeria n’est pas en mesure de raffiner suffisamment de brut pour répondre à la demande locale ; il importe donc des produits pétroliers, qui sont ensuite vendus à un prix fixé par le gouvernement. Comme ce prix est généralement inférieur au prix d’importation, le gouvernement paie la différence. La répercussion est donc immédiate dans les pays limitrophes notamment le Bénin. Cette augmentation ne fait qu’arranger ou faciliter les mesures du gouvernement qui tente vaille que vaille d’en finir avec l’essence de contrebande.