Au marché ‘‘Wêlêmin Gbor Sodji’’ de Dantokpa à Cotonou ce lundi 26 juin à 48 heures de la fête. Nous sommes en fin de soirée autour de 16 heures et un seul client, Mohamed scrute le bétail. Les moutons attachés contre des bois disposés çà et là broutent tranquillement les herbes proposées par leurs propriétaires. Au loin, Salif est assis sous un hangar, l’air pensif et évasif. C’est lui le vendeur de ce bétail, il n’a vendu que deux bêtes de petits gabarits depuis ce matin. Le longiligne de teint noir est interpellé par le client qui prend des nouvelles des prix de ses marchandises. « Les prix des petits moutons sont entre 15.000 et 18.000 FCFA. Les suivants sont de 30.000 ou 40.000 FCFA mais il y a les béliers. La première catégorie est entre 60.000 et 90.000FCFA et la dernière catégorie se vend entre 120.000 et 140.000 FCFA », révèle Salif à son client. Mohamed tente de négocier les moutons de petits gabarits et demande à prendre l’un d’eux à 12.000FCFA. « Impossible », rétorque Salif qui se dit tout de même prêt à lui faire un rabais de 1.000 FCFA pour son dernier prix. La discussion a abouti à l’acquisition du mouton à 14.000 FCFA. Il s’agit de la troisième vente de la journée pour Salif qui se plaint de la mévente. « On ne vend pas. Les clients ne viennent pas acheter les moutons cette année. En plus ceux qui viennent prétendent que les bêtes coutent chères », explique-t-il. En effet, la fête de la Tabaski est fixée pour ce mercredi 28 juin 2023. Mais à quelques heures de cette célébration, c’est un calme plat inhabituel au sein de la communauté musulmane. D’ailleurs, à l’instar des trois marchés parcourus à Dantokpa, Zongo et Glo, cela se ressent. Ils connaissent peu d’affluence malgré l’imminence de la fête. Car, le mouton à sacrifier pour la célébration de la Tabaski est devenu un produit de luxe.
Au grand marché de bétail situé à Zongo à côté du port sec, il y a plus d’affluence mais, elle n’est pas celle des grands jours. L’effectif des moutons est plus important mais la clientèle se compte du bout des doigts. Ici, Souley Mohammed est l’un des vendeurs. Il est originaire du Burkina Faso et possède un troupeau de différentes catégories. Il en désigne des ‘‘hal-hala’’ qui sont des béliers de grands calibres et des ‘‘Adjagbo’’ qui sont moyens. « « A l’approche des fêtes, nous faisions d’habitude de bonnes ventes de nos moutons mais cette année, nous connaissons une baisse drastique de la clientèle », a confié le vendeur de moutons dont les prix varient de 30.000 à 90.000 FCFA. Il n’y a plus de petits moutons chez Souley. Il a épuisé le stock depuis la semaine dernière. Compte tenu de la morosité économique, les clients ont préféré les bêtes dont les prix sont accessibles à leurs bourses. « Il n’y a d’argent et pourtant tout devient cher de jour en jour. J’ai acheté l’animal pardevoir de musulman puisque la Tabaski est une célébration importante et nécessaire pour le musulman. C’est un sacrifice que je fais qui est une bénédiction pour moi. C’est pourquoi j’ai pris un animal dont le prix est à ma portée », confie un fidèle musulman. La fête aura lieu mais les réjouissances vont varier d’une famille à une autre. Les uns avec plus de viandes et d’autres peut-être pas.
Ange M’poli M’TOAMA