La plupart des activités industrielles au Bénin consistent d’abord à extraire et à transformer, et ensuite à consommer et jeter, selon une logique linéaire de production et de consommation. Or, ce circuit des biens et services ne permet pas une gestion efficiente et efficace des déchets issus des produits industriels. Dans le même temps, les défis écologiques, le maintien d’un cadre de vie sain et durable mettent une forte pression sur le développement des nations. La population mondiale croît du jour au lendemain. Le Bénin n’est pas épargné. Parallèlement, les ressources naturelles et énergétiques s’épuisent provoquant d’énormes retombées. Pour arriver à satisfaire à ces obligations, il urge pour le Bénin de mettre en place une bonne politique de gestion des déchets et surtout un système d’économie circulaire.
La véritable question qu’on serait en droit de se poser serait de savoir si le Bénin a besoin d’un système d’économie circulaire.
La forme affirmative de cette question constitue la réponse fondamentalement la plus évidente. La notion d’économie circulaire prône l’élimination des déchets et l’adoption des ressources et énergies entièrement renouvelables. Elle se veut être la solution adéquate pour un environnement sain, durable à l’abri des problèmes climatiques ambiants. L’économie circulaire vise l’augmentation et l’efficacité de l’utilisation des ressources en même temps que la diminution de l’impact sur l’environnement avec l’amélioration du bien-être des individus. La règle d’or de l’économie circulaire est de « faire plus et mieux avec moins ». Cette mesure passe par la collecte des déchets, leur transformation ou leur recyclage. Par ailleurs, les grands Etats du monde ne ménagent aucun effort pour adopter ce système assez prometteur du fait de sa vision durable. Déjà, la montée quotidienne des déchets et de l’insalubrité due à l’augmentation de la population, et à la circulation de plus en plus de biens et services, les sociétés de gestion des déchets n’arrive pas au recyclage pour permettre la réutilisation. Le 17e sommet des ministres africains implique l’application de l’économie circulaire aux objectifs d’horizon 2063. Le constat généralisé de la mauvaise gestion des déchets au Bénin nécessite donc l’adoption et l’implémentation d’une économie circulaire qui puisse favoriser une politique efficiente de gestion des déchets. Le Bénin bénéficierait triplement à adopter un modèle économique axé sur la circularité.
Economie circulaire au Bénin, pour quels enjeux ?
L’adoption d’un modèle industriel basé sur l’économie circulaire suppose l’effectivité d’« un accroissement de la valeur économique à travers une réduction des coûts, une meilleure connaissance des produits, de nouveaux revenus ainsi qu’une fidélisation des clients. » . La règle d’or c’est qu’il n’y a plus de déchets. Les potentiels déchets sont tous vus comme des ressources susceptibles d’être transformés en énergie ou en bien et service. Ce recyclage intéresse la clientèle et la met en confiance.
Les enjeux de l’économie circulaire au Bénin s’étendent du plan économique au plan social en passant par le plan environnemental. Au plan économique, le fonctionnement de l’économie circulaire aura permis au Bénin la résilience du territoire par la limitation de sa dépendance aux flux des ressources entrants. Une telle résilience favorise l’utilisation de l’énergie et offre de la matière pour l’amélioration de l’économie locale. Au plan environnemental, le socle d’un développement durable étant l’usage des ressources locales, l’économie circulaire permettrait indirectement la réduction des déchets, et la limitation des gaz à effet de serre et par là même la création de filières locales non-délocalisables. Elle permet également l’attractivité du territoire à travers les innovations territoriales. Les projets d’aménagement rehaussent l’éclat des régions assurant leur compétitivité en cas d’installation d’industrie de développement. Au plan social, on ne manquera pas de mentionner que la mise en œuvre des projets d’aménagement et des industries nécessite du personnel qui est puisé de la société civile réglant du même fait le chômage.
Initiatives publiques et locales d’économie circulaire au Bénin
C’est vrai qu’il y a quelques années la notion d’économie circulaire était hors débat en Afrique. Mais à partir de 2015 dans le sens initial de ‘’développement durable’’ et d’adaptation aux changements climatiques’’ les pays d’Afrique comme le Bénin s’allient aux clauses du plan « Afrique 2023 » validé par les pays membres de l’ONU. Au niveau national donc, depuis 2015 le gouvernement met en place des stratégies pour la réalisation des ODD tout en reliant plusieurs ministères à leurs causes. Aussi, en 2018 le gouvernement valide un budget consistant qui rend compte de sa sensibilité sur les questions de développement durable. Les années qui ont suivi ces ouvertures on assistera à la mise en place de la SGDS qui est une société de gestion des déchets du grand Nokoué et en 2023 la BOAD alloue 5 milliards de francs au Bénin pour l’implantation d’usine de transformation des déchets solides à Ahozon. Le rapport de l’association nationale des communes du Bénin (ANCP) présidée par le Maire Luc Sètondji Atrokpo montre un effort d’accomplissement des ODD digne d’encouragement. Les structures comme Gbobètô et ValDERA détiennent aussi des records très importants en matière d’aménagement de gestion durable des déchets solides ménagers.
Pour une meilleure circularité de l’économie au Bénin
Les mesures de la mise en œuvre de l’économie circulaire vont de la responsabilité de l’Etat à celle des simples citoyens. Déjà, il faut commencer par voir les déchets non comme inutiles mais comme des ressources susceptibles de reprendre vie. Aussi, il faut envisager la valorisation des déchets ménagers et assimilés (tri, compostages, valorisation énergétique, valorisation matière, méthanisation) ce qui permet un meilleur traitement des déchets.
La mise en place d’un circuit d’économie circulaire est un long processus qui part de la prise de conscience des enjeux écologiques de développement durable à la volonté manifeste d’acter pour rendre concret le changement positif des communautés locales. Au-delà de la problématisation, l’État béninois doit créer un cadre légal à l’économie sociale et solidaire afin de soutenir les projets d’économie circulaire et encourager les particuliers dans cette logique. Par ailleurs, il va falloir pour l’État et des sociétés de gestion des déchets de réfléchir à d’avoir une vision micro de la problématique de gestion des déchets afin de pallier aux problèmes structurels , sociaux et techniques en se basant sur des catégories d’impacts identifiés avec des mesures associées efficaces.
COHOUN Edison Brunel
Doctorant en sciences de sciences de gestion (ESBIA-Académie de Nante- France)