l y a quelques semaines, il avait été ventilé dans la presse que le décret consacrant la nomination d’Eric Houndété au poste de Chef de file de l’opposition serait déjà pris. Mais, à la date d’aujourd’hui, on apprend que le fameux décret n’a pas été notifié au concerné. Mieux, il n’existe pas sur la plateforme publique du gouvernement où celui portant nomination de Hounkpè est toujours présent.
Eric Houndété serait-il seulement nommé Chef de file de l’opposition par les médias et non par décret ? Plusieurs semaines après l’annonce de sa nomination, des sources proches du parti Les Démocrates indiquent que le décret ne lui a pas été notifié. Ainsi, à l’heure où nous mettons sous presse, Eric Houndété ne peut pas brandir le décret qui doit faire de lui le premier responsable de l’opposition au régime de Patrice Talon.
Même si la loi 2019-45 du 25 novembre 2019 portant statut de l’opposition en République du Bénin a déjà précisé qui peut être Chef de file de l’opposition, elle n’a manqué d’indiquer qu’il revient au président de la République de procéder à la nomination, sur proposition de la Commission électorale nationale autonome (Céna). Ainsi, Eric Houndété peut prétendre être le nouveau Chef de file de l’opposition selon les résultats des dernières législatives, mais officiellement il ne peut pas être installé sans décret.
Chef de file de l’opposition autoproclamé ?
Si le décret portant nomination d’Eric Houndété au poste de Chef de file de l’opposition est inexistant, cela conforte dans une certaine mesure, la position de certains responsables du parti FCBE qui estiment que le parti Les Démocrates s’est autoproclamé Chef de file de l’opposition.
Par ailleurs, il convient de signaler que la nomination supposée d’Eric Houndété est sortie dans les médias quelques jours après sa rencontre avec le président Patrice Talon au Palais de la Marina. Après l’entretien, la Présidence a publié un article dans lequel il est mentionné que la rencontre entre les deux personnalités s’est tenue « dans la perspective de la nomination, par décret pris en Conseil des ministres, du chef de file de l’opposition au Bénin et ce, conformément aux dispositions de la loi 2019-45 du 25 novembre 2019 portant statut de l’opposition en République du Bénin ».
Eric Houndété va-t-il subir le même sort que Paul Hounkpè ?
Secrétaire exécutif du parti d’opposition Force Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE), Paul Hounkpè est l’actuel Chef de file de l’opposition en attendant l’abrogation du décret n°2021-183 du 28 avril 2021. On se souvient des conditions dans lesquelles sa nomination est intervenue. Il a dû attendre pendant près d’un an après les élections communales de 2020. Ce qui arrive à Eric Houndété est donc bien semblable au cas Hounkpè.
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Le calvaire de Paul Hounkpè est même allé au-delà d’une longue attente. Selon ses propres dires, après la prise du décret, il n’aurait pas eu les moyens pour travailler. « Le poste que nous avons occupé jusque-là ne nous a rien donné. Le Chef de file de l’opposition n’a pas encore un rang protocolaire, aucun de ses avantages n’est accordé. Il n’y a pas un décret d’application de la loi », avait-il confié dans un entretien accordé à Bip radio.
Pour titiller le camp Houndété qui faisait déjà pression pour récupérer le poste de Chef de file de l’opposition, Paul Hounkpè avait lâché : « Si les gens sont pressés, ce serait bien qu’ils viennent également travailler sans moyens ».
Qui peut être Chef de file de l’opposition ?
L’article 7 de la loi portant statut de l’opposition précise trois possibilités de désignation du Chef de file de l’opposition. Ainsi :
Est considéré comme l’un des chefs de l’opposition, tout chef d’un parti politique de l’opposition dont le nombre de députés à l’Assemblée nationale constitue de façon autonome un groupe parlementaire ;
Est également considéré comme l’un des chefs de l’opposition, tout chef d’un groupe de partis de l’opposition constitué en groupes parlementaires à l’Assemblée nationale.
Est enfin considéré comme l’un des chefs de l’opposition, tout chef de parti politique de l’opposition représenté ou non à l’Assemblée nationale mais ayant totalisé au moins 10% des suffrages exprimés à l’issue des dernières élections législatives ou communales.