Le Bénin a célébré hier, 1er août 2023, le 63e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Une célébration sous le signe de l’Amitié retrouvée entre le Bénin et son géant voisin de l’Est, mais marquée par le boycott des anciens présidents Boni Yayi et Nicéphore Soglo, en signe de protestation contre la détention continue des opposants Reckya Madougou, Joël Aïvo et consorts.
Le président nigérian Bola Tinubu a conduit une forte délégation de gouverneurs et d’hommes d’affaires à la célébration du 63e anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté nationale et internationale. Ce déplacement, signe de l’amitié retrouvée entre le chef d’Etat du Bénin Patrice Talon et les nouvelles autorités nigérianes, marque la fin des relations tendues avec l’administration Buhari. Avec l’élection de Bola Tinubu, les choses se sont améliorées. La nomination de Shègun Bakari, en qualité de ministre des Affaires étrangères, a favorisé le rapprochement, compte tenu de ses entrées au Nigeria. Patrice Talon et Bola Tinubu se sont plusieurs fois rencontrés pour discuter de la coopération bilatérale. Des actes concrets ont suivi ces échanges. Il y a eu la réouverture totale des frontières terrestres nigérianes aux importations de marchandises en provenance du Bénin. Le 12 juillet 2023, l’homme d’affaires Aliko Dangote, qui était en froid avec les autorités béninoises, a été reçu par le président Talon à Cotonou. Le 24 juillet, Bachir Adéwale Adéniyi, directeur général des Douanes nigériane a aussi effectué une visite de travail au Bénin. La cerise sur le gâteau, ne pouvait donc qu’être ce déplacement au Bénin du président de la République fédérale du Nigeria, accompagné des gouverneurs de Lagos, d’Oyo, de Kebbi, du Niger, d’Ogun et de Kwara, des Etats qui partagent avec le Bénin plus de 700 km de frontière, et l’homme d’affaires Aliko Dangoté. Par cet acte, Bola Tinubu entend renforcer les relations diplomatiques avec le Bénin qui, par le défilé du 1er août, a multiplié les gestes pour séduire davantage son géant voisin. Seule ombre au tableau, ce rapprochement a été célébré sans la participation de l’Opposition politique au régime de Cotonou.
Soglo-Yayi, un ton ferme
Tout aurait été parfait si l’Opposition au régime de la rupture partageait le même enthousiasme à l’arrivée du chef de l’Etat nigérian. Mais à la place, les anciens présidents Boni Yayi et Nicéphore Soglo ont brillé par leur absence, de même que Eric Houndété, président du parti Les Démocrates, chef de file de l’Opposition. C’est dès la veille que l’ancien chef d’Etat Boni Yayi a annoncé les couleurs par un message. Pour le prédécesseur de Patrice Talon, il n’y a pas de raison de célébrer dans l’allégresse le 63e anniversaire de l’indépendance du Bénin. « Quelle joie peut habiter nos cœurs lorsque la ministre Reckya Madougou et le professeur Joël AÏVO sont privés de leur liberté et lourdement condamnés pour avoir commis le crime de lèse-majesté d’avoir voulu briguer la magistrature suprême dans un pays supposé pourtant démocratique ? », laisse-t-il entendre. Le président du parti Les Démocrates et chef de file de l’Opposition a exprimé le même sentiment de déception. A l’en croire, les promesses faites pour amener l’opposition à la fête, un an plutôt, n’ont pas été tenues. « A l’heure où nous adressons ce message, nombre de nos compatriotes croupissent encore dans les prisons, sans assurance ou espoir d’être libérés. D’autres continuent de vivre douloureusement l’exil. Les producteurs agricoles crient leur souffrance dans des oreilles sourdes », lit-on dans le message de boycott du parti d’Opposition. Quant au 1er président de l’ère du renouveau démocratique, Nicéphore Soglo, une phrase a suffi pour traduire ses sentiments, ce 1er août, jour de la fête nationale du Bénin : « En ce jour spécial pour notre pays, prenons le temps de réfléchir à la valeur d’indépendance ».