Cantines scolaires/Contribution des parents: Vers un risque d’exclusion ?

Publié le mardi 19 septembre 2023 | Matin libre

© Autre presse par DR
Des repas de qualité douteuse dans les cantines scolaires

A partir de cette rentrée scolaire 2023-2024, il est exigé des parents d’écoliers, une contribution à l’alimentation scolaire de leurs enfants à hauteur de 25Fcfa ou 50Fcfa. Seulement, certains parents n’arrivent toujours pas à s’acquitter de cette modique somme quotidiennement. Une situation qui soulève des inquiétudes quant au sort qui pourrait être réservé aux écoliers dont les parents ne s’acquittent pas de ladite somme.

Quel sort sera réservé aux écoliers dont les parents ne payeraient pas les 25 ou 50Fcfa réclamés dans le cadre des cantines scolaires ? Seront-ils exclus de cette opportunité d’avoir de repas chauds ? Seront-ils renvoyés des classes pour contraindre les parents à souscrire ? Autant de préoccupations en lien avec cette décision du ministre des enseignements maternel et primaire (Memp), Salimane Karimou. En effet, selon l’autorité ministérielle, la contribution des parents sera sollicitée dans l’optique de la pérennisation du programme. « En termes de responsabilité et de devoir, le premier devoir du parent, c’est de donner à manger à l’enfant. Le rôle de l’école, c’est d’instruire, c’est d’éduquer. Ce n’est pas de donner à manger. Quand vous lisez notre Constitution, cela y est bien inscrit. C’est aussi le cas, lorsqu’on parle de scolarisation universelle…

Le parent qui met son enfant à l’école, doit pouvoir lui donner à manger. D’ailleurs, l’Etat ne donne qu’un seul repas par jour de classe », a fait savoir le ministre Salimane Karimou, dans des propos rapportés par le quotidien du service public. Si pour le ministre Salimane Karimou, il s’agit d’une question de responsabilité, il importe de ne pas perdre de vue le diagnostic ayant motivé la mise en place des cantines scolaires. S’il est évident que, pour défaut de moyens financiers des parents, plusieurs enfants ne sont pas inscrits à l’école alors que d’autres ne parviennent pas à franchir le cap du cours primaire, la tendance semble malheureusement loin d’être inversée. Selon les données officielles, le budget consacré aux cantines scolaires est passé de 1,5 milliard en 2016 à 48,7 milliards en 2022.

Le nombre d’enfants pris en charge a évolué de 380.622 en 2017 à 1 135 350 en 2022, soit un taux de couverture de 75% en 2022 contre 30 % en 2016. “…Débourser 25 ou 50 F Cfa dans le meilleur des cas ; un parent qui a envoyé son enfant à l’école ne peut pas en manquer. Nous l’entendons aujourd’hui comme une obligation pour les parents“, a soutenu le ministre Salimane Karimou. Si la modique somme de 25F ou 50Fcfa parait à la portée des parents, il faut surtout admettre que malgré la prise en charge des cantines scolaires par le gouvernement et ses partenaires, il n’est pas exclu que des parents éprouvent de difficultés à se procurer les fournitures scolaires pour leurs progénitures ou encore leur offrir les deux autres repas de la journée.

La réalité est malheureusement là ! Pour plusieurs observateurs, cette option est loin d’être la bienvenue ni opportune. “Chaque parent doit assumer ses responsabilités et apporter sa contribution“ a indiqué Salimane Karimou. Qu’adviendra-t-il alors des écoliers dont les parents n’auront pas apporté leur contribution ? La question reste toute posée.

A.B

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