« La vaste » campagne de vaccination contre la rage telle qu’anoncée par le gouvernement béninois est effective. Seulement, d’après nos observations, pas d’engouement qui démontre d’une vaste campagne. L’indifférence de la population et les imprécisions qui ont caractérisé la campagne sont mises en évidence.
A quelques jours de la fin de la campagne de vaccination des chiens et autres animaux domestiques contre la rage, mémé est encore à la recherche d’un vétérinaire. « Ils ont dit qu’il y a une campagne de vaccination des chiens et que c’est à 500 F Cfa. Je ne sais où trouver un vétérinaire dans le quartier », se lamentait-elle. Des lamentations qu’elle justifie par le fait qu’ « ils ont dit que Talon va envoyer des policiers dans les maisons pour vérification ». Prise de panique, la septuagénaire contactera son amie. Cette dernière, confie-t-elle, a un vétérinaire personnel qui vient périodiquement vacciner ses chiens. Et ce sera finalement lui qui vacinera les quatres chiens qui partagent avec mémé sa maison située dans la commune d’Abomey-Calavi. Mais au lieu de 500 F Cfa vaccin et carte vaccinale comprise, elle déboursera 750 F Cfa.
Et tout comme elle, Précieux S. est aussi à la recherche d’un vétérinaire pour le même exercice. L’information, nous apprend t-il, il l’a eue chez une tierce personne. Du haut de ses 17 ans, Précieux dit ne pas avoir de radio. Du coup, il n’a pas reçu très tôt l’information. Pour lui, il y aurait suffit d’un porte à porte, d’un crieur public, pour que la masse soit informée. Combien sommes-nous à écouter la radio ou à regarder la télévision ? Pouvait lâcher de son côté, mémé Geneviève, grand mère de Précieux.
A Ahozon, rien n’a semblé bougé dans cette campagne qui a démarré depuis le 21 août 2023 et devrait normalement prendre fin le 21 octobre 2023. « On ne sent rien ici. Le gouvernement a demandé qu’on fasse vacciner nos chiens mais n’a donné aucune précison sur les lieux qui y sont dédiés. Les gens ne sont pas sortis », fait savoir B. H. Pour lui, il y a eu un défaut de communication. Le gouvernement devrait également donner des précisions sur les cabinets vétérinaires.
Pourtant…
Au Nord Bénin, renseigne un agent de santé, « les gens sortent timidement mais ils sortent ». Ici, informe notre source, la communication a été beaucoup portée par les médias et les réseaux sociaux. Aussi, dans chaque commune, les radios communautaires ont été associées pour faire la sensibilisation. Les directeurs d’écoles et autres leaders sont informés pour relayer le message. Aussi, les lieux de vaccination sont communiqués par les mêmes canaux.
Par ailleurs, d’un autre côté, bien que certaines personnes soient bien informées de la campagne, elles font montre d’indifférence. Prétextant soit du manque d’argent, soit de leur indisponibilité. Aussi, alors même que la campagne de vaccination concerne les animaux de compagnie tels le chien, le chat et le singe, d’après nos observations, seuls les chiens sont emmenés. Pourtant, la rage reste une maladie très contagieuse qui se transmet de l’animal à l’homme, principalement du chien, du chat et du singe. Des animaux de compagnie susceptibles de transmettre la maladie.
Et, selon les propos du Ministre de la Santé, Professeur Benjamin Hounkpatin, la rage continue de faire des victimes. S’exprimant jeudi 28 septembre 2023, à la cérémonie officielle de lancement de la 17ème édition de la journée mondiale de la lutte contre la rage, il a confié que 29 personnes en sont déjà décédées. Et dire que de septembre à ce jour, d’autres cas de pertes en vies humaines dues aux morsures de chiens sont encore dénombrés.