A l’ouverture de la 2ème session ordinaire de l’Assemblée nationale du Bénin au titre de l’année 2023, mardi 31 octobre 2023, le président Louis Vlavonou est revenu sur l’épineuse question de la limitation des naissances. Que doit-on comprendre ?
Une loi serait-elle déjà en élaboration sur l’épineuse question de limitation des naissances au Bénin ? Depuis le mois de Mai où le gouvernement a annoncé son intention d’aller vers une paternité responsable, la question fait débat au sein de l’opinion. Une table ronde était prévue, courant septembre pour débattre du sujet. Mais le rendez-vous a été manqué. A la date du 02 novembre 2023, on ne sait pas quand est-ce que cette table ronde aura finalement lieu. C’est dans ce contexte que le président de l’Assemblée nationale, lors de son discours d’ouverture de la 2ème session ordinaire de l’Assemblée nationale, encore appelée session budgétaire, est revenu sur le sujet. Comme pour trancher le débat, Louis Vlavonou opte pour une paternité responsable, à l’instar de ce qu’envisage le gouvernement.
Faisant référence à la bible et au coran, le président de l’Assemblée nationale 9e législature fait comprendre qu’aussi bien l’église catholique que l’islam n’enseignent pas autre chose que : « faire le nombre d’enfants qu’on est capable de supporter et ce, par des méthodes naturelles ». Pour le gouvernement Patrice Talon, le fait que le Bénin soit dans le top 10 des pays au plus fort taux de fécondité avec 5,1 enfants par femme en 2021, selon la Banque mondiale, a pour conséquence un décalage entre « les efforts remarquables que fournit le peuple dans son ensemble et l’amélioration notable des conditions de vie » qui, du coup, n’est pas toujours ressentie ou perçue de manière significative. « Il faut trouver les moyens d’inciter au contrôle des naissances et même trouver des moyens un peu coercitifs pour que l’explosion qu’on observe ne se poursuive pas, sinon l’Afrique se porterait très mal », indiquait le président Patrice Talon en mars dernier sur la chaîne française LCI.
Seulement, dans l’opinion, cette thèse rencontre beaucoup de critiques. Les exemples de la Chine, du Rwanda et autres sont évoqués pour montrer que c’est un faux problème et que le gouvernement était plutôt contraint, par les Institutions de Breton Woods, d’adopter une politique de limitation des naissances. « Nous ne sommes ni surpeuplés, ni densément occupés. Le Rwanda n’a qu’une superficie de 26 000 km2 avec un peu plus de 12 millions d’habitants. Mais le pays ne prend pas la fécondité de sa population comme un frein », avait réagi l’ancien député Guy Dossou Mitokpè.
Une table sur le sujet devrait permettre à toutes les parties d’harmoniser les points de vue sur la question et de faire une loi qui tienne compte des aspirations et du contexte sociologique de tout le peuple béninois. Mais la manière dont le sujet est évoqué par le président de l’institution en charge de voter les lois, fait penser à une prise de position radicale. Et cela sonne comme une manière d’évacuer le débat tant attendu pour légiférer sur la question. Dès lors, on peut craindre qu’une loi soit déjà élaborée et peut-être déjà dans les couloirs de l’Assemblée nationale.