La démocratie béninoise perçue comme un exemple dans la sous région est en difficulté. La preuve, le report des prochaines communales en violation du principe démocratique que constituent le respect des échéances électorales et la disparition progressive de la pluralité dans le débat politique. En effet, l’opposition devient presque muette, les organisations de la société civile invisibles, et la création touts azimuts de partis et mouvements politiques en soutien au régime en place devient la principale activité des politiques.
" Une perte de vitesse pour la démocratie béninoise ", c’est la conclusion que tire déjà nombre d’observateurs de la vie politique au Bénin depuis la levée du doute sur le report des prochaines communales. Malgré les promesses les plus solennelles du chef de l’Etat Boni Yayi, les élections municipales et communales de 2013 ne pourront avoir lieu à bonne date. D’ailleurs, les choses sont déjà allées plus loin au point où le législateur prend déjà les dispositions idoines pour la prolongation du mandat des élus locaux et communaux qui s’achève bientôt. Des propositions de loi attendent d’être examinées par les députés au cours de la prochaine session ordinaire qui s’ouvre au parlement le 11 avril prochain. En attendant, la représentation nationale se penchera dès le 25 mars prochain, lors d’une session extraordinaire sur la fixation des centres de vote, sur la désignation des membres du comité d’orientation et de supervision pour la correction de la Lépi et le vote du code électoral. C’est dire donc que le report des prochaines joutes communales est inévitable.
Atteinte aux principes démocratiques
Deux principales variables permettent de mesurer le processus démocratique dans un pays : l’alternance et le respect des échéances électorales. Si la première ne fait pas tout de suite défaut dans notre pays, on peut tout de même reconnaitre que la seconde se fait beaucoup plus violer depuis l’avènement du régime en place. De l’avis des observateurs, c’est la recherche effrénée d’une assurance de victoire par la classe politique actuellement aux affaires qui expliquerait cette pratique. Aussi faut-il préciser que le Bénin après 20 ans de démocratie ne dispose toujours pas d’un code électoral. Un constat qui engage immanquablement la responsabilité des députés à l’Assemblée nationale. Il est donc urgent de repenser le respect des principes démocratiques afin de bannir la démagogie de nos politiques, ceci relève d’une exigence patriotique irréversible.
Bonus aux élus locaux
Le viol des principes sacrosaints de la démocratie ne profite guère au Bénin, mais il y a une catégorie de Béninois qui semblent en trouver pour leur compte. Le bas peuple rumine donc quotidiennement ses sentiments d’incertitude pendant que les députés à l’Assemblée nationale jouent au médecin après la mort (pour n’avoir pu empêcher le report des élections). Loin de tous ceux-ci se trouvent les élus locaux et communaux qui s’investissent à fond dans un marketing politique caractérisé par une transhumance à sens unique. Démission de leur formation originelle pour la création d’un mouvement ou parti politique soutenant les actions du chef de l’Etat, donc appartenant à la mouvance présidentielle. C’est la nouvelle trouvaille d’une catégorie d’élus communaux dissidents et obsédés par la quête d’un nouveau mandat. Curieusement, ils semblent avoir la protection du commandant à bord du navire Fcbe qui, lors d’une rencontre, les invitait à une franche collaboration. Le temps que durera la prolongation permettra donc sans nul doute aux maires sortants et en quête de légitimité politique d’occuper le terrain.
Singularité politique
Difficile aujourd’hui de démarquer les forces politiques de l’opposition de celles de la mouvance au Bénin. Outre la coalition Union fait la nation qui s’efforce encore vaille que vaille de tenir, en attendant peut être l’épuisement de ses dernières cartouches, il est un fait indiscutable que la classe politique béninoise prend une tendance unanime. Tous concourent aux forces cauris pour un Bénin émergeants Fcbe. Même le Prd qui jusqu’à la dernière présidentielle était encore le plus représentatif parti de l’opposition se conforte désormais dans une hypocrisie politique. Ses nombreux dissidents ne voilent point leur soutien au régime en place en attendant peut être qu’il ne leur emboite le pas. De même, tous les maires dont les chances de réélection s’amenuisent s’emploient bien à adhérer au camp " porteur de victoire ". Yaya Saka de la commune d’Adjarra avec son fameux Fndd-Hinhonwa ; Raymond Fafoumy de la commune d’Ifangni et créateur du Rup-Mifon Assikoto ; Isidore Zinsou de la commune de Bonou etc. peuvent être cités à titre d’exemples. Chaque Béninois est certes libre dans le choix de son bord politique mais la pluralité de l’opinion politique en voie de disparition au Bénin est un mauvais indicateur de la santé des principes fondamentaux de la démocratie.
Vitali Boton