L’ancien ministre de Boni Yayi, Ganiou Soglo était dimanche 19 mai 2024 l’invité de l’émission Grand Angle du média en ligne Crystal News. A l’occasion, l’acteur politique a dressé un sévère réquisitoire contre la justice béninoise sous la rupture et en général la gouvernance de Patrice Talon. Pour lui, rien n’est plus en place dans la construction de la démocratie béninoise.
Ganiou Soglo ne croit pas en la justice béninoise sous la rupture. C’est l’une des grandes conclusions de l’intervention de cet acteur politique dimanche dernier dans un média de local. Il se fonde en effet sur une déclaration de Sévérin Quenum faisant état de ce qu’il n’a reçu aucune balle que rien ne lui est arrivé et qu’il fait du dilatoire pour attirer l’attention, déclaration faite quelques jours après l’incident. Ganiou Soglo déplorant la situation, rappelle tout ce que Joseph Djogbénou, actuellement premier responsable du parti Union Progressiste Le Renouveau et Sévérin Quenum, ancien garde des sceaux, avait affirmé avant les élections de 2016. Mais une fois au pouvoir ils ont fait un revirement à plus de 180°. « A leur place j’aurais honte, mais comme ils ne sont pas moi je leur laisse leur conscience » dira le fils de l’ancien président Soglo.
Ganiou Soglo rappelle qu’il a été opéré dans un hôpital militaire en France et a écrit un livre intitulé « 17 mn pour vivre » pour qu’à jamais l’histoire retienne. Rappelant le contexte de l’incident du vendredi 5 février 2021, Ganiou Soglo informe « je me rendais à Zinvié pour un meeting dans un village proche de ma ferme. Ceux qui parlent du Bénin profond ne le connaissent pas. Je connais la difficulté de l’agriculteur. Je suis un paysan, je suis agriculteur. Et il est temps qu’on change les mentalités…Un tronc d’arbre au milieu de la route, mon chauffeur ralenti et j’ai senti les vitres exploser puis après mon chauffeur m’a conduit à la clinique Mahuna en 17 mn. Mais bizarrement, c’est Pascal (mon chauffeur et mon major d’homme) qu’on a arrêté et jeté en prison puis après on prend son épouse aussi qu’on jette en prison ».
Après cet épisode, Ganiou Soglo a perdu toute confiance en la justice de son pays. « Même si on m’appelle aujourd’hui pour cette procédure je ne me déplacerais même pas. Le 5 février, la police judiciaire est allée me voir et le lendemain j’ai fait une déposition. Comment peut-on encore collaborer ? », s’interroge l’ancien ministre face aux allégations selon lesquelles il ne collabore pas avant de poursuivre « mais rassurez-vous, aujourd’hui je m’en fiche totalement. Les agents sanitaires ont été victimes de menace. On a dit à l’urgentiste que j’avais peut-être cette balle dans ma poitrine depuis des mois. Je présente mes excuses à tout le personnel sanitaire ».
« On devrait se nourrir des critiques »
Abordant la gouvernance de Patrice Taon, Ganiou Soglo informe que n’eut été la pression du gouvernement américain l’opposition n’aurait pas pu aller aux législatives en 2023. Et il ajoute « ce même régime a tiré sur deux anciens présidents et une ancienne première dame à Dantokpa ». Il a rappelé par ailleurs tout ce que chaque acteur politique de ce pays a joué comme rôle dans la transition du Bénin vers la démocratie sans oublier que sa famille est une dynastie politique. « Nous ne sommes pas des hommes d’affaire », dira-t-il. Il a rappelé que Patrice Talon est le parrain de sa fille et que l’actuelle première dame est le témoin de mariage de son épouse.
Pourtant aucun des deux ne l’aurait même pas appelé pour s’enquérir de ses nouvelles quand on a tiré sur lui. « Je veux un Bénin tel que nous l’avons connu. Un individu ne peut pas décider du sort des millions que nous sommes. On devrait se nourrir des critiques ». affirme l’ancien ministre de Boni Yayi. Donnant l’exemple de la côte d’ivoire qui fait la paix avec tous les acteurs politiques, il dénonce l’embastillement que vit le peuple sous la rupture. Il pense que le nouveau code électoral ne répond à aucune logique et déplore la méthode diplomatique du Bénin avec le Niger. Mais en conclusion, Ganiou Soglo croit que 2026 va révéler un profond changement dans la conduite des affaires publiques.