A près de 4% en 2024, la croissance économique de l'Afrique est honorable dans un contexte
mondial dificile, mais devrait aficher "deux chifres" pour parvenir à "sortir des millions de
gens de la pauvreté", a afirmé jeudi la Banque africaine de développement (BAD).
L'institution panafricaine a également souligné le besoin de créer des emplois et
d'industrialiser, lors de la présentation d'un rapport sur les perspectives économiques du
continent, à l'occasion de ses rencontres annuelles, qui se tiennent dans la capitale kényane
Nairobi.
"Les économies africaines opèrent comme tout le monde dans un contexte mondial très, très
dificile", a déclaré le président de la BAD, le Nigérian Akinwumi Adesina, pointant
notamment l'inflation, la guerre en Ukraine et l'accès restreint, et cher, aux financements
pour l'Afrique.
Ce dernier point avait largement été mis en avant mercredi, avec des appels à la réforme d'un
système financier mondial "injuste" envers l'Afrique.
"Malgré tous ces vents contraires, les économies africaines s'en sont plutôt bien sorties", a
ajouté l'économiste nigérian.
La croissance africaine devrait progresser de 3,1% en 2023 à 3,7% en 2024, puis à 4,3% en
2025 et dix des vingt économies les plus performantes au monde se trouvent en Afrique,
salue la BAD.
Mais cette croissance est loin d'être "sufisante pour parvenir à sortir des centaines de
millions de gens de la pauvreté", a poursuivi M. Adesina, appelant pour résoudre cet enjeu à
des "croissances à deux chifres, probablement sur la prochaine décennie".
Plus de 460 millions de personnes sur les 1,2 milliard d'habitants d'Afrique subsaharienne
étaient considérés comme extrêmement pauvres en 2023 par la Banque mondiale.
Face à cet enjeu immense, la BAD souligne que la hausse du PIB ne compense que peu la
croissance de la population.
A environ 1%, le PIB par habitant, un indicateur plus pertinent que le PIB seul pour mesurer
les progrès d'une économie, était en 2023 sous la moyenne mondiale (au-dessus de 2%) et
loin de celui de l'Asie (environ 4%).
Pour inverser cette tendance, mais aussi réduire le coût élevé des importations notamment
alimentaires, le continent doit lutter contre les fuites de capitaux (587 milliards de dollars par
an), massivement s'industrialiser et créer des emplois, assène la BAD.
La banque estime que 10 à 20 millions de jeunes Africains arrivent chaque année sur le
marché du travail, où seulement 3 millions de nouveaux emplois sont disponibles.
"Le PIB ne se mange pas. A quel point ce PIB est (bon) n'a pas d'importance. Nous devons
nous assurer de faire en sorte qu'il crée des emplois, des emplois de qualité", a ajouté M.
Adesina.