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Au parlement béninois, ces travers à la peau dure

Publié le samedi 27 juillet 2024  |  beninwebtv.com
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© aCotonou.com par DR
Le siege de l`assemblée nationale du Bénin
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Qu’en est-il des mauvais souvenirs de cette époque de parlement « monocolore », et de lois dites « drones et roquettes » destinées à frapper dans le camp adverse, avec l’avènement de la neuvième législature au Bénin ?

Qu’est-ce qui a véritablement changé avec l’entrée ‘’timide’’ de l’opposition (LD) au parlement au soir du dimanche 8 janvier 2023, représentant le quart des élus (28 sur 109), face aux deux blocs de la mouvance qui mis ensemble disposent de la majorité absolue (28 BR – 53 UPR) ?

La neuvième législature du parlement béninois n’aura pas outre mesure permis d’oublier les frasques de la huitième composée uniquement de députés tous issus du même bord (37 BR – 46 UP). Héritier d’un contexte conjoncturel lié aux législatives exclusives de 2019, les députés de la mouvance peinent à s’en départir.

Le parlement installé le 12 février 2023, les premier mots du président de l’Assemblé nationale élu ce jour-là, Louis Vlavonou, a donné un contenu de ce que doit être la collaboration au sein de l’hémicycle.

A cet effet , il a fait usage d’un extrait du message à la Nation du chef de l’Etat, Patrice Talon, le 20 mai 2019 dans lequel il disait en substance : « Le parlement doit, au nom du peuple, voter des lois qui renforcent la démocratie et soutiennent le développement socioéconomique, procéder au contrôle méthodique et rigoureux de l’action du gouvernement pour l’amener à faire mieux et toujours plus au service de l’Etat et des populations ».

Invitant ses pairs à en faire une boussole pour cette législature dite « d’ouverture et de transition » qui raffermit les acquis et les changements positifs engrangés jusque-là mais aussi qui permette de conduire résolument le pays vers de biens meilleurs horizons.

Des habitudes difficiles à s’en départir
D’une législature à une autre, de vieilles habitudes collent à la peau au parlement béninois. Le bilan de la première session ordinaire de l’année 2024 au parlement, ouverte le lundi 15 avril et clôturée le vendredi 12 juillet laisse un hic sur la gouvernance démocratique au sein de l’hémicycle.

Entre procédures parlementaires à polémique et votes mécaniques, l’entrée de l’opposition au parlement n’aura pas changé les récriminations faites à la législature précédente taxée de monocolore, avec ses corolaires de lois indigestes.

Pourtant annoncées à être corrigées lors de la campagne des législatives de 2023, ces lois sont pour la plupart restées en l’état. Au pire des cas, elles sont corsées, comme c’est le cas du code électoral.

En attendant peut-être comme à l’accoutumé, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les campagnes électorales prochaines pour emboucher la trompette de portevoix des populations pour leur promettre à nouveau monts et merveilles si réélus, voir opérer des corrections conformément à leurs aspirations. Ce, après avoir affublé au préalable être garants du mandat électif et que toutes récriminations devant attendre à la descente au terme de la législature.

« Les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient », dira-t-on. Mais cette assertion n’a rien de politique, mais plutôt relève de la pire espèce de roublardise. Digne des marchés de dupes, où se côtoient ruse et rage.

Puisse que la politique, celle de la gouvernance d’un Etat appelle plutôt au sens de la responsabilité. Et donc à la tenue des engagements pris vis à vis des mandants, avec à la clé la bonne gouvernance comme principe cardinal.

Dictature arithmétique au nom de la démocratie
Malgré la présence de cadres chevronnés et d’universitaires au sein des partis dont certains siègent à de hautes fonctions au cœur du parlement, notamment des doctrinaires du droit, de la démocratie et de la bonne gouvernance, le spectacle qu’offre le parlement béninois laisse à désirer au point de désespérer.

Autre temps autres mœurs ! Si tout doit se justifier au nom de la politique, autant fermer les écoles et universités. Car sur le terrain politique ce qui est enseigné dans les amphis et autres lieux de sciences est foulé au pied par le mêmes qui les ont professé dès que sur le champ de l’application. Que ce soit au gouvernement, au parlement et au cœur de l’animation de la vie politique, leurs attitudes posent le problème de l’exemplarité.

L’adoption des lois d’enjeu et la désignation de représentants de l’Assemblée dans certaines institutions sont marquées par un vote mécanique. Pas la moindre concession, ce qui frise un déni de démocratie et de diversité d’opinion au sein d’illustres institutions de la république.

La démocratie n’a jamais été une dictature arithmétique bien que les lois soient adoptées sur la base de calculs arithmétiques de suffrages. Puisque dans un ‘’Oui’’ général, la démocratie suggère la prise en compte du seul ‘’Non’’ exprimé.

Rupture des principes fondamentaux
Alors que des partis de la mouvance soutiennent être toujours soucieux de l’amélioration des conditions de vie des populations, jouer pleinement et activement leur partition pour une meilleure prise en compte des légitimes aspirations de toutes les couches de la société dans les projets et programmes de réformes à caractères économique, social, culturel et technique du pays, la réalité se révèle tout autre.

Tant les lois adoptées sont si distantes des réalités quotidiennes que des préoccupations des populations sur l’animation de la vie publique.

La logique du « tu me surveilles, je te surveille », gage de l’équilibre des forces en présence au sein des institutions, en vue d’assurer l’impartialité est de plus en plus escamotée pour une virée monocolore dans des institutions de la république.

Si celles qui ont précédées la neuvième législature sont le fruit du parlement monocolore de la huitième, ce qui s’observe actuellement est déconcertant.

La désignation des trois représentants du parlement au sein de la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication (HAAC), le 28 juin 2024, a fait l’objet d’un choix exclusif de la mouvance au parlement. Tel a été le cas lors de la désignation, en juin 2023, des représentants de l’Assemblée nationale à la Cour constitutionnelle. On se souvient du scénario de constitution des commissions parlementaires qui dès l’entame de la neuvième législature a conduit les parlementaires devant la cour constitutionnelle d’alors. De tels éléments ne rassurent pas quand à la vitalité démocratique et la séparation des pouvoirs. Car, si sur la flopée de partis politiques au Bénin, seuls trois se retrouvent au parlement et qu’ils ne puissent avoir des points de concorde entre ces derniers, cela interpelle.

Le dialogue et la concession semblent rompus au cœur de la démocratie béninoise dont le lieu d’expression est le parlement. Cet état de chose doit préoccuper les Béninois toutes tendances confondues. Puisque, quand ce genre de déséquilibres s’observe sans la moindre rectification, il engendre des situations déplorables par la suite. Il vaut mieux prévenir que guérir.

Alerte rouge !
Lorsque dans le parlement d’un pays qui se veut être le berceau du renouveau démocratique en Afrique, la minorité parlementaire est réduite à sa plus simple et barbare expression, c’est perdre les espoirs de la notion de République, à plus forte raison ceux de l’idée de Nation. A cette allure, il est à craindre que tout parte en vrille. Puisque cette attitude n’est pas loin de l’activation d’une bombe à retardement. Dieu n’aime pas que le Bénin, et les tensions de ces dernières années mettent la puce à l’oreille.

Mieux, les enjeux qui pointent à l’horizon ne sont pas de nature à laisser de telles pratiques prospérer.

Le Bénin a besoin d’acteurs politiques qui rassurent sur l’avenir, et qui se parlent malgré leurs divergences ; fassent des compromis, sans compromissions et capables de concessions. Si la tolérance est l’expression du vivre ensemble, la concession reste celle de l’harmonie.
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