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Le Bénin tend la main aux Afro-descendants avec sa nouvelle loi sur la naturalisation

Publié le vendredi 9 aout 2024  |  AFP
Quart
© aCotonou.com par E.Atigan
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Lilith Dorsey, citoyenne américaine, vit dans à la Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis, mais c'est au Bénin qu'elle pourrait finir ses jours.

Au cours des prochains mois, elle ambitionne de demander la nationalité béninoise pour "se sentir plus proche de sa terre d’origine", grâce une nouvelle loi sur la reconnaissance de la nationalité aux Afro-descendants adoptée le 30 juillet par le Bénin.

Cette loi, votée par le parlement à l'initiative du gouvernement de ce pays francophone d’Afrique de l’Ouest, se veut une réponse aux difficultés de "quête d’identité à laquelle sont confrontés les Afro-descendants", selon les autorités du pays.

Pour le Bénin, la traite négrière a laissé de profondes blessures chez les descendants des personnes déportées et réduits en esclavage, qui sont nombreux à souhaiter développer un lien avec la terre de leurs ancêtres sur le continent africain.

Ce nouveau texte, qui doit encore être promulgué par le président béninois Patrice Talon, donnera la possibilité d’obtenir la citoyenneté au Bénin à "toute personne qui, d’après sa généalogie, a un ascendant africain, subsaharien déporté dans le cadre de la Traite des Noirs et du commerce triangulaire".
"La nationalité béninoise par reconnaissance confère à l’Afro-descendant bénéficiaire le droit à l’établissement d’une attestation de nationalité béninoise par reconnaissance et d’un passeport béninois", précise le document adopté par les députés béninois.

Lilith Dorsey se dit "très contente" de cette initiative.

"Ce qu’a fait le gouvernement du Bénin est extraordinaire et nous rapproche de nos frères d’ici", déclare-t-elle en souriant.

Nathan Debos, un autre citoyen américain compte lui aussi profiter de cette nouvelle opportunité.
Il prévoit d'aller au Bénin en janvier prochain et d’assister aux Vodun days, un événement festif dans la ville de
Ouidah, dans le sud du pays, autour des arts, de la culture et de la spiritualité du culte vaudou.

"Quand j’y serai, je vais en profiter pour engager les formalités" pour la nationalité, confie M.Debos, un trentenaire afro-descendant qui dit vivre aux Etats-Unis par dépit.

"Nous vivons là-bas comme si nous étions ailleurs, alors que nous y avons vu le jour. C’est notre pays. Nous avons trop de problème de racisme et c’est difficile pour nous de nous sentir chez nous", déplore-t-il.

- Terre d’accueil -

Au Bénin, le retour des Afro-descendants provenant d’Amérique et d’ailleurs est très attendu par certains comme Séraphin Adjagboni, chef dignitaire dans le sud du pays et infirmier à la retraite.

"Nos ancêtres l’avaient prédit… Sans ce retour, notre histoire ne sera jamais complète", estime cet homme de 54 ans.

"Si nous peinons à concrétiser le développement de nos pays, c’est parce que nous avons une partie de nous ailleurs", analyse-t-il.

"Nous sommes ravis que le Bénin nous tende chaleureusement la main et nous embrasse. C’est formidable pour nous", explique l’Américain Nathan Debos.

Une main tendue qui laisse perplexe Noël Sintondji, un béninois de 24 ans. Cet étudiant s’inquiète de possibles menaces qu’il pourrait rencontrer sur le marché de l’emploi avec de "nombreux afro-descendants qui vont devenir Béninois du jour au lendemain".

Il explique également craindre pour la sécurité de la population. "Les Américains ont un usage facile des armes", dit-il.

De son côté, Nadège Anelka, une Martiniquaise, 57 ans, a rencontré le président Patrice Talon lors de son séjour au Bénin en décembre dernier.

Pour elle, cette nouvelle loi "n’est pas forcément un appel au retour", mais une "opportunité", notamment pour le Bénin d’afficher sa solidarité envers les Afro-descendants aux yeux du monde, et se montrer compatissant.
"Je me sens bien au Bénin et plus libre de m’épanouir", explique en souriant Mme Anelka qui s’est installée au Bénin et y a créé une agence de voyage.

"Dans chaque Béninois, je revois mes grands-parents. Je trouve qu’on se ressemble, et c’est cela qui m’a interpellé la première fois quand je suis venue", confie-t-elle à l’AFP.

jm/ks/emd
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