Ils étaient attendus en 2021 à la présidentielle pour former un duo qui n’aura pas lieu. Chacun a constitué son ticket, mais ils auront fonctionné toujours en duo et même bien après.
De l’interpellation, à la condamnation devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), Réckya Madougou et Joël Aivo auront eu un parcours jumelé.
La situation et les conditions de détentions de l’un fait appel à l’autre et vice versa. Parfois une polémique sur l’un ne manque d’emmener à lorgner du côté de l’autre. Un peu comme ce fut le cas tout récemment lors d’une visite de députés de l’opposition à la prison civile de Missérété, ainsi qu’à celle de Cotonou, où ils sont respectivement incarcérés.
Réckya Madougou est condamnée à 20 ans de prison pour « financement du terrorisme », quant à Joël Aïvo, il est condamné à 10 ans de prison pour « blanchiment de capitaux ». Mais leur destin étant lié par endroit bien que n’ayant pas écopé des mêmes peines de prison, il semble avoir un lien sur leur situation.
Jusqu’à la grâce présidentielle ?
Au lendemain de la commémoration du 64è anniversaire de l’accession à la souveraineté nationale et internationale du Bénin le premier août 2024, le président Patrice Talon a accordé la grâce présidentielle à 464 détenus.
Au nombre des détenus ayant bénéficié de la grâce présidentielle, 27 sont des militants de l’opposition béninoise, interpellés en marge de la présidentielle de 2021 au Bénin.
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Un acte attendu depuis plus de trois ans pour un dégèle de la situation sociopolitique de plus en plus tendue dans le pays à moins de deux ans des élections générales de 2026. Mais à l’arrivée, les noms de Madougou et Aïvo n’y figurent pas.
La grâce présidentielle reste une des prérogatives constitutionnelles du chef de l’État et les conditions pour en bénéficier sont encadrées par le code pénal.
Selon l’Article 60 de la loi n° 2019-40 du 07 Novembre 2019 portant révision de la loi n°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin, « Le Président de la République a le droit de grâce. Il exerce ce droit dans les conditions définies par l’article 130 ».
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Quant à l’Article 130, il y est énoncé que « Le Conseil supérieur de la Magistrature étudie les dossiers de grâce et les transmet avec son avis motivé au Président de la République ».
Quoi de surprenant sur leur cas ?
A priori rien ! On se rappelle que lors de l’échange en novembre 2023 (lundi 27) du chef de l’Etat Patrice Talon et des responsables du parti d’opposition Les Démocrates, il avait affiché clairement sa position sur les cas Madougou et Aïvo.
Faisant une démarcation de la situation des jeunes interpelés en marge des tensions électorales enregistrées dans le pays, il a durant cette rencontre donné des instructions au ministre de la justice pour faire avancer le dossier de ceux-ci.
On pourrait même penser que le dossier n’a pas vite évolué s’il a fallu plus de 6mois avant que la grâce présidentielle ne soit prononcée à leur endroit. Attendue à être prononcée à la veille du nouvel an, cela n’aura lieu qu’à l’occasion du premier Août.
On peut en déduire que les dossiers Aïvo et Madougou restent entiers, même s’il n’est pas exclu que le chef de l’Etat en arrive à reconsidérer sa position pour diverses raisons. Les attributs d’un chef relèvent aussi de sa grandeur d’esprit et de sa capacité à transcender les situations, même celles jugées réglées d’avance.
Ainsi, par ses soins ou son appui à ses soutiens au parlement des actes pourront être pris à leur endroit comme le lui avait demandé l’opposition. Les appels insistants à son endroit sur ces cas, ainsi que celui des exilés politiques dans un contexte comme celui des élections générales de 2026 en vue d’une décrispation de la situation sociopolitique du pays peuvent y trouver leur salut.
Pour Madougou et Aivo, le suspens continue. Mais dans vie, rien n’est impossible, à plus forte raison en politique.