Alors qu’elles sont attendues de toutes parts, les autorités béninoises n’auront plus d’excuses quant à leur silence inexpliquée dans le rocambolesque dossier Steve Amoussou. La rentrée gouvernementale devrait, permettre à l’opinion d’avoir une idée claire sur la position du Bénin, face aux graves accusations togolaises.
Steve Amoussou ! C’est le nom qui résonne dans les débats au Bénin et au-delà, depuis quelques semaines. Soupçonné d’être le Frère Hounvi, célèbre chroniqueur et web activiste qui ne ménage aucun effort pour dézinguer le pouvoir en place et ses affidés dans de nombreux dossiers sulfureux et rocambolesques, il est depuis sa privation de liberté, au centre de tous les questionnements.
Si l’homme est accusé par le pouvoir judiciaire béninois de plusieurs délits et crimes dont la provocation directe à la rébellion, il est par contre reproché au pouvoir judiciaire en question, de commettre une grave infraction dans l’interpellation à son tour, du mis en cause. Alors qu’il vivait dans son repaire togolais pendant que beaucoup l’imaginait loin du Bénin, Steve Amoussou a été d’après les autorités togolaises à l’instar de ses avocats et proches, kidnappé par quatre civils pour être ramené de force par des itinéraires détournés, sur Cotonou.
Alors que ce rapt qui sort de l’ordinaire ne répond à aucune norme juridique et bafoue ainsi toute procédure pénale ou judiciaire internationale en la matière, celui contre qui aucun mandat d’arrêt international ou d’amener n’a été officiellement décerné fait déjà tomber des têtes. Notamment celles des quatre ravisseurs déjà identifiés par la justice togolaise et contre qui des mandats d’arrêts internationaux ont été émis. Si par cette attitude, le Togo reproche au Bénin de violer sa souveraineté et les droits internationaux en matière d’interpellation, il l’a dit haut et fort à travers un communiqué du Procureur de Lomé. Pendant que ces accusations graves et très salissantes pèsent sur le gouvernement béninois qui met en péril les règles fondamentales du bon voisinage et de coopération diplomatique avec le pays de Faure Gnassingbé, motus côté béninois.
Plus d’excuses…
Déjà que cette situation désobligeante dure depuis le 12 août, tous les appels de pieds pour faire sortir les autorités béninoises de leur confort et indifférence sont restés sans résultats. Si certains estiment que ce silence est peut-être justifié, ils le traduisent par les vacances dont jouit l’exécutif béninois depuis le 1er Août. À donc accorder cette situation atténuante à Patrice Talon et son équipe, il est nécessaire de rappeler que ces vacances sont désormais finies.
Place par ricochet au travail et au fonctionnement à plein temps et sans commune mesure, de tout le système exécutif. Dans cet atmosphère, aucune excuse ne doit plus être avancée, dans ce dossier où la crédibilité de tout un pays se joue. Si le gouvernement sur des questions moins graves dont celles relatives aux détournements de deniers publics et autres dossiers pas si sulfureux a donné de la voix, il n’y a pas de question pour qu’il ne fasse de même dans le dossier Steve Amoussou dont le kidnapping est teinté d’une crise diplomatique entre deux voisins qui ne s’entendaient déjà pas bien. Alors que les services de communication gouvernementale n’ont laissé aucune accusation en rade dans la crise avec le Niger ou encore le Burkina Faso, il n’est donc plus illusoire de croire que bientôt, les béninois auront une idée de la position officielle de leur pays, quant à cet imbroglio déshonorant une nation qui normalement se respecte et n’a d’yeux que pour le respect des droits internationaux et humains.
À défaut du Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme ( Criet ) qui connaît du dossier ou encore du Porte-parole du gouvernement, monter au créneau pour déconstruire toutes ces rumeurs et informations tendancieuses sur la justice béninoise, accusée de recel, ne devrait d’ailleurs pas être un exercice périlleux pour Patrice Talon. Dans tous les cas de figure, la balle est désormais dans le camp du Bénin.