Un fait devient récurrent au Bénin à la veille de chaque scrutin. Loin d’être l’expression d’une préparation optimale des élections, il est évocateur. Présentée comme une volonté d’être sur les mêmes longueurs d’ondes à la veille de chaque scrutin, la propension du phénomène devient de plus en plus inquiétante.
« Le chemin qui mène en enfer est parfois parsemé de bonnes intentions ». Jamais maxime n’a été si juste sur ce qui se joue à la veille de chaque élection au Bénin ces dernières années, où des lois électorales sont expliquées à ceux qui les ont adoptées.
Un fait d’exception, pour lequel, le législateur prévoit normalement des instances d’arbitrage en cas de contestation, devenu une règle depuis que certains ont décidés de faire adopter des lois électorales qui répondent à tout sauf au désir d’organiser des élections libres, équitables, justes et transparentes. On pourrait se demander pourquoi ne sont-ils pas si méticuleux quand il s’agit du mieux-être des populations.
Cela n’a pas d’autre nom qu’un paradoxe, d’expliquer des lois à ceux qui les ont adoptées. Une triste réalité qui relève de ce que ces lois ne sont pas consensuelles. Pis, n’ont pas été éprouvées au laboratoire des parlementaires avant d’être présentées comme recettes, pour être adoptées comme c’est la mode en « procédure d’urgence ».
Effet de connivence ou préparation hardie ?
Alors que le processus électoral n’est pas encore enclenché, et que le récent code électoral adopté en mars dernier fait l’objet de vives contestations, et astreint devant diverses juridictions au plan national et international, la Commission électorale nationale autonome (CENA) de concert avec l’Institut parlementaire du Benin (IPAB) s’offrent le luxe d’organiser au profit des cadres techniques de l’institution un atelier sur les nouvelles dispositions de ladite loi.
Le calendrier électoral n’étant même pas encore élaboré, pour des élections dont la phase active ne serait enclenchée que courant second semestre 2025, et donc rien ne presse.
Alors, qu’est ce qui meut sitôt à abreuver des acteurs électoraux et l’opinion d’une loi dont la compréhension ne pose pas problème, mais plutôt les conséquences ?
Tout le nœud de cette CENA qui doit rassurer sur son impartialité y réside, et elle devra apprendre d’avantage à marcher sur les œufs.
Vers des scrutins tendus ?
Depuis 2018 où de nouvelles lois électorales ont été introduites dans le champ politique au Bénin, que de périodes électorales houleuses a connu le pays. En 2019, 2021 et 2023, le pays a frôlé le pire. L’exception de 2020 confirme la règle, via des dispositions particulières de décrispation au lendemain du dialogue politique d’octobre 2019.
Ces élections ont en commun des lois électorales non consensuelles.
Cette première édition d’année électorale en 2026, ne semble pas faire exception. Elle s’annonce déjà avec plus d’incertitudes, que ces dernières pourtant réputées critiques. Les déclarations des auteurs et coauteurs de ladite loi électorale, notamment le code électoral, devant encadrer ces élections ne rassurent pas d’ailleurs.
Ses dispositions cousues de fils blancs ne sont qu’un secret de polichinelle. Bien que leurs auteurs les abordent par conditionnements, entre ruse de la tortue devant le lièvre ; et rage, du loup devant l’agneau.
De toutes les façons, personne n’en serait épargné des conséquences évidentes.
Alors, les législateurs et autres initiateurs ou régulateurs de lois peut-être rassurés de leur parapluie, devront se faire à l’idée, qu’avant de lancer une pierre dans une foule, il faut se rappeler qu’il peut y avoir des innocents.