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Art et Culture

Au Bénin, la chute du mythe du diplôme ouvre l’âge d’or de l’artisanat

Publié le lundi 23 septembre 2024  |  beninwebtv.com
Cotonou,
© aCotonou.com par Didier Assogba
Cotonou, 20 Novembre 2017. Esplanade du stade Mathieu Kérékou de Kouhounou.Salon national de l’artisanat édition 2017 au Bénin.
Salon national de l’artisanat édition 2017 au Bénin. La 17 édition lancé ce lundi par le ministre des petites et moyennes entreprises et de la promotion de l’emploi, Modeste Kérékou
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Il y a quelques années en arrière, le niveau d’étude le plus élevé qu’on rencontrait dans les ateliers des métiers d’artisanat au Bénin était le Brevet d’Etude du Premier Cycle (Bepc) ou ceux qui n’ont pas pu avoir le baccalauréat après plusieurs tentatives. Ces derniers étaient considérés comme des apprentis Vip dans un atelier où le responsable avait à peine le Certificat d’Etudes Primaires (Cep). Il était hors sens de demander à un bachelier d’aller apprendre un métier. Mais de plus en plus, le mythe du diplôme s’estompe et plein de bacheliers ainsi que des étudiants se ruent vers les métiers de l’artisanat pour ne pas avoir à subir les affres du chômage après de longues années d’études.

Au Bénin, de plus en plus des jeunes nantis de gros diplômes scolaires optent pour l’apprentissage d’un métier de l’artisanat. Ce qui était impossible dans un passé récent où décider d’apprendre un métier avec le niveau Bepc est perçu comme une erreur. Choisir d’aller dans un atelier d’apprentissage avec le niveau de la classe de la terminale était vu comme un choix suicidaire. Ce qui fait que l’examen du Baccalauréat devenait un pèlerinage pour plusieurs apprenants qui auraient dû éviter cette perte de temps en se tournant vers un métier dans le secteur de l’artisanat. C’était l’époque où on se permet de croire que la maçonnerie, la menuiserie, la couture, la coiffure, la soudure, la peinture, la plomberie et autres, sont des métiers réservés uniquement aux analphabètes et à ceux dont les têtes ne sont pas faites pour les études.

Le mythe des diplômes académiques étaient si fort que même ces artisans de par le passé ne souhaitaient jamais voir leurs enfants opter pour leur métier ou un autre du secteur artisanal. Ils voyaient que seuls ceux qui ont de gros diplômes réussissent dans la vie. Pour ces derniers, la réussite sociale consiste à travailler pour l’Etat en tant que fonctionnaire ou en tout cas aller s’assoir dans un bureau d’une entreprise privée ou publique. A cette époque-là, ceux qui arrivent à rouler correctement la langue française sont perçus comme les plus intelligents et des personnes qui ne doivent pas faire ces activités génératrices de revenu que d’aucuns considéraient comme des sots métiers. Même le commerce à l’époque était systématiquement réservé aux illettrés.

Mais ces dernières années, ce mythe du diplôme académique est tombé de sorte que le Bac, la licence, le master et autres se retrouvent dans les ateliers auprès d’un patron qui peut-être a le Cep mais qui se distingue par son savoir-faire. Plein d’étudiants vont désormais s’inscrire délibérément dans les ateliers de métier histoire d’avoir plusieurs cordes à leur arc. Dans bien des cas, c’est d’ailleurs cette corde secondaire qui sauve ceux qui arrivent à surpasser leur égo et à mettre de côté l’illusion qu’ils se font de leur niveau d’étude. Plusieurs parents voient de plus en plus que c’est une erreur voire un gâchis d’envoyer l’enfant à l’école seulement sans le pousser à savoir faire quelque chose d’autre à la fois.

Le mythe est si brisé face à la force du chômage chronique qui se saisit de la majorité des jeunes qui sortent des universités de sorte que même des vocations sont sacrifiées pour l’artisanat qui est à son âge d’or au Bénin. Les parents préfèrent avoir un enfant économiquement actif qu’un intellectuel qui poursuit la réalisation de sa vocation dans de longues études. La peur du chômage pousse également bon nombre de jeunes à renoncer à leurs réelles vocations pour trouver refuge dans un métier de l’artisanat qu’ils exercent sans aucune passion.
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