La situation sociopolitique béninoise actuelle a des ressemblances avec celle de 2012-2013. A quelque différence près, c’est comme si le Bénin d’aujourd’hui, politiquement, est le même sous Yayi, 12 ans plus tôt.
En 2012 sous le régime Yayi, l’atmosphère sociopolitique a été viciée par le dossier tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat. Les Béninois voyaient éclater au grand jour une discorde entre le chef de l’Etat d’alors, Boni Yayi, et l’homme d’affaires Patrice Talon, principal soutien du régime jusqu’à l’éclatement de cette affaire. C’est alors que les partis politiques d’alors ont connu une certaine bipolarisation. D’un côté, ceux qui trouvent tirée par les cheveux la thèse de coup d’Etat et qui n’y voient qu’une intrigue politique du régime Yayi pour se séparer d’un allié devenu encombrant. De l’autre, ceux qui ne jurent que par Yayi et qui, sans même attendre le verdict de la justice, descendent dans les rues, les mosquées, les églises pour exprimer leur soutien à Boni Yayi et remercier Dieu qui a permis de déjouer le coup en préparation. Ce dernier scénario est encore perceptible aujourd’hui, avec le dossier tentative de coup d’Etat dans lequel seraient impliquées Olivier Boko et Oswald Homeky, tous proches de Patrice Talon. Dès le lendemain de la révélation de la tentative supposée de coup d’Etat, des messages de soutien à Patrice Talon affluent de toute part. Ils viennent de partis politiques, notamment les deux partis siamois soutenant le régime de la Rupture, l’Union progressiste Le Renouveau (Up-R) et le Bloc républicain (Br). Alors qu’on pensait que la réaction de ces partis politiques suffisait, de personnalités et groupuscules, appartenant pourtant à ces mêmes partis, embouchent la trompette. Déjà le 26 septembre, au lendemain de la sortie du Procureur spécial près la Criet, l’ancien député de la 8e circonscription électorale, Rachidi Gbadamassi, était face à la presse. L’acteur politique a d’abord rendu grâce à Dieu pour la vie du Président de la République, Patrice Talon. Selon lui, l’échec de ce projet de déstabilisation du régime de la Rupture est la preuve vivante que c’est Dieu qui donne le pouvoir à qui il veut et l’arrache de la main de qui il veut. Alors que le parti Up-R a déjà publié un communiqué, mercredi 26 septembre 2024, la section Up-R de Kpomassè juge important de faire aussi une déclaration. On y lit que les militants Up-R de Kpomassè condamnent avec véhémence cet acte d’apatridie des temps anciens révolus au Bénin, réaffirment leur soutien immarcescible au chef de l’Etat, le félicitent pour avoir déjoué ce coup macabre.
Dans la 19e circonscription électorale, les militants Br ne se sont pas aussi contentés du communiqué rendu public par leur parti. Sous la conduite du ministre du Travail et de la Fonction publique, Adidjatou Mathys, ils ont fait une sortie pour condamner fermement la tentative de coup d’Etat et réaffirmer leur soutien indéfectible à Patrice Talon.
A ce rythme, bientôt ce sont les sections villageoises, d’arrondissement et communales des partis Up-R et Br qui vont entrer dans la danse sur toute l’étendue du territoire national. Personnalités et groupuscules de personnes voudront chacun déclarer leur soutien au chef de l’Etat en ces moments « si difficiles ». De là à ce que les marches, messes et prières pour le chef de l’Etat soient de retour, comme c’était le cas sous Yayi, il n’y a qu’un pas.