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Au Bénin, la candidature compromise de l’opposition en 2026

Publié le jeudi 24 octobre 2024  |  beninwebtv
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© AFP par YANICK FOLLY
Les votants espèrent un vote « dans la paix » lors de ce scrutin présidentiel
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À l’approche des élections générales de 2026, le Bénin avance au rythme lent et énigmatique de ces échéances. Seuls les mieux préparés pour affronter les intrigues, en particulier lors de la présidentielle, pourront tirer parti de la situation. L’opposition béninoise devra résoudre une équation à multiples inconnues pour ces élections, la principale étant la fermeté du régime en place.

À mesure que le scrutin approche, il devient de plus en plus évident que la libération des détenus politiques et le retour des exilés, sauf changement radical, ne seront pas effectifs avant la présidentielle. Pour ceux qui connaissent le président béninois Patrice Talon, adepte de prendre une longueur d’avance sur ses adversaires, comme il le faisait dans le monde des affaires, ce dossier semble déjà être clos depuis longtemps.

Lors de ses prises de parole, il distille des indices qui laissent à penser que ses challengers ne l’écoutent pas assez ou ont du mal à saisir sa détermination. Il est rare, voire exceptionnel, qu’il revienne sur ses propos, surtout lorsqu’il s’agit de prises de position publiques ou de l’exercice de son pouvoir.



Qu’est-ce qui a échappé à l’opposition ?
Depuis qu’il est sur le devant de la scène publique, Talon montre la même subtilité et intransigeance que lorsqu’il était dans les affaires. Ces traits de caractère l’ont hissé au sommet de l’État, faisant de lui un « animal politique » redoutable aux yeux de ses adversaires et un leader charismatique pour ses partisans.

Contrairement à ses prédécesseurs, qui montraient parfois une certaine ouverture face aux demandes de clémence, Talon a souvent l’habitude de camper sur ses intentions déclarées. En témoigne l’initiative du clergé béninois qui, en vain, avait demandé la relecture du code électoral adopté en mars dernier, une demande perçue comme une « immixtion ». Par la suite, le Cadre de concertation des confessions religieuses (CCCR) s’est effondré, avec la démission de son président, représentant de l’Union islamique du Bénin (UIB).

Déjà en novembre 2023, Talon avait affirmé son refus d’accéder aux demandes du parti d’opposition Les Démocrates, notamment en ce qui concerne la libération des opposants Reckya Madougou et Joël Aïvo, ainsi que des mesures en faveur des exilés politiques.
Candidature incertaine à la présidentielle ?
Lors d’un entretien télévisé en décembre 2023, Talon avait évoqué son implication dans la préparation de sa succession. Certains ont établi un lien avec le code électoral révisé en mars 2024, perçu comme controversé et renforçant son emprise sur le processus électoral. L’affaire de complot contre la sûreté de l’État, en septembre dernier, impliquant des proches du président, dont son ami Olivier Boko et l’ex-ministre des Sports Oswald Homeky, est vue comme une manifestation de cette volonté exprimée par Talon concernant sa succession.

Les ambitions de candidature de Boko ne sont un secret pour personne. En 2023, Homeky avait quitté le gouvernement après avoir déclaré qu’Olivier Boko était le mieux préparé au sein de la mouvance pour succéder à Talon. En 2021, Corentin Kohoué, candidat dissident du parti Les Démocrates lors de la présidentielle, avait comparé les duos en lice à des mariages arrangés du 16e siècle, où les couples se découvrent devant le maire et le curé.

Lors de cette élection, Les Démocrates n’avaient pu valider leurs candidatures faute de parrainages. Leur candidate, Reckya Madougou, avait été arrêtée et condamnée à 20 ans de prison pour complicité d’actes terroristes avant le scrutin. Quant au constitutionnaliste Joël Aïvo, dont la candidature avait été rejetée pour le même motif, il fut arrêté après l’élection et condamné à 10 ans de prison pour blanchiment de capitaux et atteinte à la sûreté de l’État.
Quelles marges de manœuvre pour l’opposition ?
En politique, tout est possible. La libération des détenus politiques, le retour des exilés ou même la révision du code électoral pourraient survenir de manière inattendue, bouleversant ainsi le jeu. Cependant, rester focalisé sur ces attentes sans envisager d’autres alternatives pour se présenter aux scrutins avec plus de cohésion risque de fragiliser l’aile dure de l’opposition.

L’opposition devra se préparer à toutes les éventualités, sans se montrer vulnérable en espérant une grâce politique pour pouvoir concourir. Elle risque sinon de donner raison à ceux qui saluent des règles du jeu perçues comme astucieuses mais non consensuelles.

Pour espérer rivaliser avec le camp présidentiel, l’opposition devra faire bloc derrière un duo solide, sans divisions internes, en particulier parmi les plus radicaux. La crédibilité du fichier électoral, pour lequel Talon a exprimé sa volonté de participer à l’audit, devra être assurée. Il sera aussi crucial de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour sécuriser les résultats des urnes. Mais avant tout, il faudra réussir à faire valider les candidatures, en tenant compte du chronogramme actuel et de ses implications potentielles.

Un autre défi consistera à canaliser les ambitions face aux intrigues politiques et à se doter des moyens nécessaires pour mettre en œuvre sa stratégie. Comme le disent les stratèges, « la politique est l’art de l’impossible ».
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