À l’approche des élections générales de 2026, la meilleure option pour l’opposition béninoise serait de trouver des stratégies pour sortir des schémas imposés par la mouvance au pouvoir. Cependant, son attitude actuelle laisse transparaître une sorte de prévisibilité.
Le dimanche 10 novembre 2024, plusieurs partis de l’opposition béninoise se sont réunis à Cotonou pour établir un cadre de concertation. À l’initiative du parti d’opposition Les Démocrates, seul représenté à l’Assemblée nationale avec 28 députés sur les 109, ce regroupement vise à « réparer une démocratie abîmée » et à s’assurer de la transparence des élections de 2026.
Cette initiative est diversement accueillie. Si elle suscite la méfiance chez les soutiens du régime, elle reçoit aussi des critiques internes, comme celle du Parti communiste du Bénin (PCB) qui dénonce une complaisance envers le pouvoir. De plus, l’absence de certains partis et de leurs leaders laisse cette initiative comme une rentrée des classes de l’aile dure de l’opposition, dans un cadre semblant correspondre aux attentes de la mouvance.
Du vieux pour faire du neuf ?
Le Bénin a déjà connu plusieurs cadres de concertation des partis d’opposition à la veille des élections, avec des succès mitigés. Outre les démarches diplomatiques, conférences de presse et autres formes de mobilisation, la mouvance actuelle ne semble pas ébranlée par ces initiatives.
Cette stratégie, qui a pu fonctionner sous l’ancien président Boni Yayi, a peu d’effet sous le mandat de Patrice Talon. À moins d’un miracle, il serait illusoire de penser que ce cadre de concertation puisse, cette fois-ci, changer la donne. Surtout quand on connaît la place accordée à la société civile pour arbitrer les décisions politiques dans le contexte actuel.
Une initiative crédible ?
À moins de chercher une fois de plus à obtenir une audience où les positions sont tranchées et la posture de l’opposition affaiblie, ce cadre de concertation n’apportera probablement rien de neuf. Dans le Bénin actuel, où des avis d’experts sont déjà sur la table du pouvoir, ce cadre de concertation ne semble pas en mesure de faire bouger les lignes. Tout dépendra du bon vouloir des dirigeants, qui ont leur propre agenda.
Dans cette perspective, le Plan A de l’opposition ne devrait pas se résumer à un ballet de réunions autour d’un cadre de concertation. La question reste : comment sortir de ce schéma prévisible ?
Alors, comment s’y prendre ?
La seule chose qui puisse déstabiliser un adversaire est de le défier dans sa zone de confort, mais non pas par plaisir, mais avec une préparation minutieuse et les éléments nécessaires pour atteindre ses objectifs.
La fédération des forces politiques de l’opposition pourrait être un atout, mais elle ne saurait remplacer un programme de terrain solide. Dans le contexte actuel, alors que l’opposition se positionne pour les élections de 2026, s’illustrer publiquement sous l’égide d’un cadre de concertation pourrait devenir une opération de charme, voire une campagne désordonnée. De nombreux partis d’opposition et même de la mouvance n’ont ni fief, ni militants, mais se contentent de quelques figures médiatiques.
Dans cette posture, l’opposition béninoise semble correspondre exactement aux attentes du pouvoir, passant son temps à énumérer ses revendications, contester et se plaindre. En réalité, la participation de l’aile dure de l’opposition n’est pas indispensable pour qu’il y ait des candidats déclarés « d’opposition » en lice. Les exemples de cette dynamique sont nombreux dans le pays et reflétés dans la composition même de ce cadre de concertation.
« Qui a eu des sueurs froides face à un serpent ne sursaute pas à la vue d’un ver de terre », dit-on.