Premier producteur de coton en Afrique, le Bénin transforme aujourd’hui l’or blanc sur place, dans une zone industrielle moderne et ambitieuse.
À Glo-Djigbé, des milliers de jeunes sont formés et les grandes marques internationales commencent à troquer la Chine contre le Bénin, apprend-t-on via rfi en ligne.
Le Bénin, leader africain de la production cotonnière, veut désormais en devenir un acteur majeur de la transformation textile. Longtemps limité à l’exportation de coton brut, le pays franchit un cap stratégique avec la Zone Industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), à 40 km de Cotonou. Là, tout le processus est intégré : filature, tricotage, teinture, confection. Objectif : capturer toute la chaîne de valeur.
Au cœur de cette zone économique spéciale flambant neuve, les machines à coudre tournent sans relâche. Dans un atelier lumineux, Claudia Phoebe Kiki, jeune habitante de Glo-Djigbé, assemble les épaules des polos Lacoste. « Je suis heureuse de faire ce métier ici, dans mon pays », confie-t-elle.
Kiabi, Gemo, The Children's Place… Ces enseignes, autrefois fidèles à l’Asie, commandent désormais leurs vêtements à Glo-Djigbé. Dans l’atelier de production, chaque bouton, chaque étiquette est scruté à la loupe. « Nous suivons les consignes des clients au détail près », explique Adankpo Debora Christa, responsable marketing et merchandising. Les échantillons sont envoyés aux donneurs d’ordre pour validation avant production en série.
Un changement de paradigme dont Firdaous Moussa, diplômée en commerce international et employée au service marketing, est témoin chaque jour . « Voir que tout cela se passe ici, au Bénin, me motive à donner le meilleur de moi-même. », dit-elle..
À ce jour, seuls 12 % du coton béninois sont transformés localement. Mais la GDIZ ambitionne d’atteindre 40 000 tonnes de coton traitées par an. La société Bénin Textile SA prévoit déjà de développer du linge de maison, des draps, des serviettes à destination de l’Europe et de l’Amérique du Nord.
« Nos concurrents, ce sont le Bangladesh, le Pakistan ou l’Inde », souligne Yemi Ahouanmenou, directeur général adjoint de Bénin Textile. « Mais en produisant sur place, on crée de l’emploi et on gagne un temps logistique précieux. » En effet, la position géographique du Bénin permet une livraison vers l’Europe en 10 à 15 jours, un atout de taille face aux géants asiatiques.
La GDIZ forme déjà plus de 3 000 jeunes aux métiers du textile. Avec l’ouverture prochaine de deux nouvelles unités de production, ce sont plus de 15 000 emplois directs qui seront créés. Un levier fort pour l’emploi des jeunes dans un pays où les opportunités industrielles étaient jusqu’alors limitées.
Valère Houndete, superviseur au département spinning, explique :« À chaque étape de l’égrenage à la filature des contrôles rigoureux sont menés. On vérifie la couleur, la texture, la propreté de la fibre. Rien n’est laissé au hasard. »
La GDIZ est le fruit d’un partenariat entre l’État béninois et la société ARISE IIP, qui développe des zones industrielles dans plusieurs pays africains. Dès 2023, les premiers vêtements produits au Bénin étaient exportés vers les États-Unis. Fin 2024, c’est la marque U.S. POLO ASSN qui est entrée dans le jeu.
Malgré la hausse des droits de douane américains sous l’administration Trump, le pari reste audacieux : offrir une alternative africaine crédible à la domination asiatique dans le secteur du textile. Et faire du Bénin un acteur incontournable du "Made in Africa".