Le Bénin et le Nigeria amorcent un nouveau tournant dans leurs relations économiques. À l’issue d’une réunion bilatérale tenue à Cotonou, les deux pays ont annoncé, à travers un communiqué conjoint, un accord de relance de leur coopération commerciale, axé sur la fluidification des échanges, la sécurisation des frontières et la lutte contre la fraude, rapporte le confrère Financial Afrik.
Ce rapprochement intervient après plusieurs années de tensions, notamment liées à la fermeture unilatérale des frontières nigérianes en 2019. Il marque la volonté partagée de stabiliser et moderniser le poste-frontière stratégique de Sèmè-Kraké, principal axe de transit entre les deux pays.
Des mesures concrètes pour des échanges plus efficaces
La ministre nigériane de l’Industrie, du Commerce et de l’Investissement, Doris Uzoka-Anite, et le ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, ont dévoilé plusieurs actions clés. Il s'agit notamment de la mise en place d’un comité technique conjoint chargé de superviser les échanges commerciaux ; de la régulation stricte du passage des marchandises à la frontière de Sèmè-Kraké ; du renforcement de la lutte contre la contrebande, la fraude douanière et le trafic de carburant ; de la coordination sécuritaire transfrontalière, incluant le partage d’informations et la formation conjointe des agents.
Cette relance bilatérale s’inscrit dans les objectifs de la CEDEAO et de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui militent pour une intégration économique régionale plus fluide. Pour le Nigeria, première économie d’Afrique, il s’agit de mieux contrôler ses flux commerciaux tout en sécurisant ses frontières. Quant au Bénin, l’accord constitue un levier stratégique pour revitaliser le port autonome de Cotonou, en perte de vitesse depuis la baisse des volumes de transit vers le Nigeria.
La réussite de cette relance dépendra cependant de la capacité des deux États à mettre en œuvre efficacement les engagements pris. Les défis sont nombreux : coordination interadministrative, sécurisation des routes commerciales, digitalisation des procédures douanières, et réduction des circuits informels.
Ce partenariat renforcé pourrait devenir un modèle pour les autres corridors régionaux, à condition que les intentions politiques soient traduites en actions concrètes et durables.
KM