L’ancien président béninois Boni Yayi écarte définitivement toute ambition électorale pour 2026 et exhorte la classe politique à privilégier l’unité nationale face aux défis de la transition démocratique.
L’ancien président béninois Thomas Boni Yayi a lancé jeudi 11 septembre un appel au dialogue et à la consolidation de la démocratie, à quelques mois de la présidentielle d’avril 2026, tout en annonçant définitivement son retrait de la course électorale.
Dans un message adressé à ses « compatriotes », Boni Yayi a précisé qu’il ne briguerait aucun mandat : « Je ne vous décevrai pas, mes chers compatriotes. Je ne cherche rien. Je ne suis candidat à rien, mais je suis à votre service, au service de la République, pour que règnent la paix, la démocratie, la stabilité dans notre pays et, naturellement, la prospérité partagée ».
L’ancien chef d’État a également insisté sur la nécessité de maintenir « l’esprit de dialogue, l’esprit d’échanges », non seulement avec le président Patrice Talon, mais également au sein de la classe politique. « Nous en avons besoin pour notre pays. Ce ne sont pas les Sud-Africains qui vont construire le Bénin, ce n’est pas l’extérieur, mes chers compatriotes, j’en suis convaincu », a-t-il ajouté.
Boni Yayi a exprimé sa reconnaissance envers les Béninois pour les « 10 ans » de mandat qu’ils lui ont accordés et a souligné sa satisfaction de voir la démocratie briller dans le pays : « Vous m’avez choisi, j’ai passé 10 ans. Je vous en remercie. Mais avant de partir, ma joie est de voir vraiment briller notre démocratie, c’est-à-dire que le Bénin demeure toujours une cité de stabilité constitutionnelle. Vraiment, c’est mon rêve. Et je sais que vous y êtes attachés. Cette démocratie sera restaurée et consolidée, ceci est très important ».
L’ex-président a rappelé les limites des ressources naturelles du pays : « Nous n’avons pas de pétrole, nous n’avons pas de gaz, nous n’avons pas de charbon, en tout cas pas pour le moment. Mais ce que nous avons, c’est cette démocratie-là, et nous devons tenir bon ».
Il a conclu son message par un souhait de paix : « Que la paix règne », dans un contexte préélectoral marqué par des tensions autour de la candidature du ministre d’État Romuald Wadagni, accusé de conflit d’intérêts.
Wadagni, candidat du pouvoir face aux critiques
Romuald Wadagni, âgé de 49 ans, dirige le ministère des Finances depuis 2016. Diplômé de l’École supérieure des affaires de Grenoble et titulaire d’un MBA de la Harvard Business School, il est également expert-comptable certifié en France et aux États-Unis.
Avant sa carrière politique, il a travaillé 17 ans chez Deloitte, devenant le plus jeune associé du groupe à 36 ans et dirigeant les activités en Afrique francophone. Depuis son arrivée au gouvernement, il a supervisé plusieurs réformes économiques majeures et a été élu Meilleur ministre des Finances d’Afrique en 2024.
Sa désignation comme candidat du pouvoir intervient quelques semaines après que le président sortant Patrice Talon a confirmé qu’il ne briguerait pas de troisième mandat, conformément aux dispositions constitutionnelles.
Après le désistement de Boni Yayi, le parti « Les Démocrates » devrait se concerter dans les jours à venir pour désigner un candidat capable de faire face à Wadagni, alors que l’opposition cherche à maximiser ses chances dans un contexte préélectoral marqué par l’incertitude sur la continuité démocratique et économique du Bénin.