À deux jours du verdict de la Cour constitutionnelle sur la validité du retrait de son parrainage, Michel Sodjinou, député du parti Les Démocrates, a déclenché une tempête politique au Bénin.
Dans une déclaration virulente publiée ce week-end, l’élu accuse l’ancien président Boni Yayi d’avoir « sacrifié le parti pour des calculs personnels ». Une sortie inédite qui expose au grand jour les fractures internes du principal mouvement d’opposition, à quelques mois de la présidentielle.
« Le parti n’appartient pas à un homme, ni à un clan », a lancé Sodjinou, dénonçant « l’opacité, les abus d’autorité et la politique de la peur » au sein de la formation. Son retrait du parrainage, déjà source de tensions, se transforme désormais en véritable crise de leadership, remettant en cause la légitimité de Boni Yayi.
Selon plusieurs cadres, cette contestation reflète un malaise plus ancien entre les partisans d’un parti institutionnalisé et ceux restés fidèles à la figure tutélaire de l’ancien chef de l’État. « Sodjinou a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas », confie un membre du bureau politique sous couvert d’anonymat.
La direction du parti, restée silencieuse, envisagerait d’exclure le député pour « indiscipline grave », selon des sources internes. Mais une telle décision pourrait accentuer la fracture entre la base militante et la direction nationale.
Cette crise éclate au moment où Les Démocrates cherchent à s’imposer comme alternative crédible au pouvoir en place. Pour de nombreux observateurs, elle illustre les difficultés structurelles de l’opposition béninoise, souvent minée par le culte du chef et l’absence de mécanismes démocratiques internes.
Pendant que le parti s’enlise dans ses querelles, la majorité présidentielle poursuit sa communication axée sur « l’unité, la responsabilité et la continuité », misant sur une image de stabilité que les électeurs béninois semblent toujours valoriser.
La sortie de Michel Sodjinou marque ainsi un tournant : celui d’un élu qui ose défier la figure fondatrice de son camp — et qui révèle, au grand jour, la profonde crise de confiance qui ronge l’opposition béninoise