Par son ton mesuré et sa fermeté assumée, Patrice Talon a voulu refermer la parenthèse ouverte le 7 décembre. Devant la presse nationale et internationale, le président béninois a choisi , jeudi 18 décembre 2025, de minimiser l’attaque contre les institutions, la qualifiant de simple « incident », tout en y voyant la preuve d’une démocratie désormais aguerrie.
« Il faut bien plus que cela pour soumettre un État », a-t-il tranché, écartant la thèse d’une véritable tentative de coup d’État. Selon lui, l’offensive n’était que l’œuvre de « voyous », manipulés par des acteurs politiques marginaux, incapables d’ébranler un système institutionnel qu’il juge solide et loyal.
Le chef de l’État a salué la réaction de l’appareil sécuritaire, insistant sur la fidélité de l’armée et blanchissant la Garde nationale, malgré l’implication présumée de son ancien commandant, le lieutenant-colonel Pascal Tigri. « Ce n’est pas la Garde nationale qui a opéré l’attaque », a-t-il martelé, louant la discipline des casernes et la coordination immédiate de la chaîne de commandement.
Moment clé de son intervention : la justification du recours à l’aviation nigériane. Patrice Talon a assumé cet appel à Abuja, estimant qu’il s’agissait du seul moyen d’éviter un bain de sang à Togbin, où les mutins s’étaient retranchés avec des blindés. Deux frappes aériennes ciblées ont suffi à provoquer leur débandade. « Il fallait préserver les vies humaines », a-t-il résumé.
Pascal Tigri et plusieurs complices restent en fuite. Des mandats d’arrêt ont été émis et une coopération régionale engagée pour leur arrestation. Le président a toutefois affirmé avoir donné instruction de ne pas abattre les fuyards, afin de limiter les pertes humaines, confirmant néanmoins la mort de l’épouse du général Bada et d’un soldat de la garde républicaine.
Balayant toute lecture politique à l’approche de la présidentielle, Patrice Talon a privilégié une analyse « sociologique » de l’événement. Pour lui, le pays a atteint un seuil de stabilité comparable à celui des grandes démocraties, où les institutions ne peuvent plus être prises de force.
En conclusion, le chef de l’État s’est voulu rassurant : « Cela ne se reproduira plus ». Un message de fermeté adressé autant aux fauteurs de troubles qu’à une opinion nationale et régionale attentive, dans un contexte ouest-africain encore marqué par les soubresauts institutionnels.