Le Bénin est en crise de gouvernance. Le refus de dialogue entre le Chef de l’Etat, les ténors de l’opposition et les syndicats balise tout doucement le chemin à un désastre que surtout les dirigeants actuels du pays ignorent. Seuls les Présidents Mathieu Kérékou, Nicéphore Soglo et Emile Derlin Zinsou pourront faire entendre raison pour éviter la débandade dans les semaines, mois ou années à venir.
La situation politique du Bénin n’est pas reluisante. Et comme c’est elle qui coiffe tout, l’économie non plus n’est au mieux de sa forme. La liberté des populations est à l’aune de la volonté du pouvoir et non plus selon la Constitution et les textes subséquents. Les institutions de la République n’inspirent plus confiance au plan strict de la séparation des pouvoirs. Des manifestations des populations sont traitées et autorisées à la volonté de ceux qui dirigent l’Etat. La sécurité des populations est sous la menace permanente des forces de l’ordre et des malfrats. Plus personne n’est à l’abri du danger politique. La hantise des supposées tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat pèsent sur le peuple par l’annonce au sommet de la République. Plus personne ne sait où va la barque Bénin. Les élections communales qui devraient se tenir en mars/avril 2013 sont bloquées et personne ne sait quand elles auront lieu. La liste électorale permanente informatisée (Lépi) reconnue comme source de fraudes et de tensions n’est pas encore affichée pour recevoir l’appréciation des Béninois en vue de sa correction. Tout se passe comme si le Bénin n’a plus de textes qui le régissent et de lignes directrices qui le guident.
Kérékou, Soglo et Zinsou au secours
Face à cette situation, on assiste désormais à une bataille rangée et à un dialogue de sourds. Ceux qui sont au pouvoir roulent tel « le chien aboie, la caravane passe » ; l’opposition crie à tue-tête et dans tous les sens, sans se faire écouter. Les travailleurs sont sur pieds de guerre un peu partout et menacent les milieux de travail de représailles. Presque tous les sages et têtes couronnées du Bénin sont alignés sur la volonté de ceux qui dirigent l’Etat. Et personne parmi eux n’a plus le courage de son indépendance pour dire halte aux dérapages.
Seuls les anciens Présidents ayant eu l’expérience de la gestion du pouvoir peuvent venir au secours d’un pays qui se meurt et se vide de ses valeurs d’unité, de paix et de bonne gestion.
Aujourd’hui, il leur est impérieux de voler au secours du Bénin pour ne pas voir s’effacer les œuvres de tant d’années. Si les élections de mars 2011 ont pu se tenir, c’est parce que ces pères de la nation sont montés au créneau pour appeler à la paix. Mais la plupart ne savaient pas que la Lépi qu’ils ont autorisée était une machine à fraudes comportant environ deux millions d’inscrits sans pièce en même temps qu’elle exclut des citoyens de certaines régions. Avec du recul, leur fierté est certes entachée, mais ils doivent continuer la lutte pendant qu’ils sont encore là. Et pour éviter de jouer aux ouvriers de la dernière heure ou d’avoir à se demander où donner de la tête le moment venu, il faut qu’ils s’impliquent dans la gestion du pouvoir d’Etat aujourd’hui au Bénin. Il faut qu’ils s’imposent pour réclamer le dialogue entre le Chef de l’Etat, l’opposition et les partenaires sociaux. Il faut qu’ils réclament le respect des droits de chacun. Aujourd’hui, à part quelques uns qui donnent de la voix via les mouvements civils, ils restent les seuls sages sur lesquels repose la délivrance du Bénin. Il faut qu’ils prennent franchement leur indépendance et leur bâton de pèlerin afin de mieux comprendre et concilier les différents protagonistes de la politique et de la gestion des affaires publiques en vue du développement du pays ainsi que la prospérité de chacun et de tous.
Momboladji Olawolé