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Le Matinal N° 4271 du 21/1/2014

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Gestion des affaires publiques au Bénin : le pouvoir Yayi a perdu le sens de la République
Publié le jeudi 23 janvier 2014   |  Le Matinal




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Dans le dossier de la gestion de la campagne cotonnière de 2013-2014, l’un des ténors du régime de Yayi Boni vient d’innover en matière de conduite des affaires publiques. C’est en toute conscience que l’actuel Directeur général de la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra) vient de prendre une note de service bien particulière.


Idrissou Bako vient d’apposer sa signature au bas de la note de service n°- 412/Sonapra/Dg/Dcf/Ccff (voir fac similé) portant création d’un Comité interministériel d’orientation de la campagne cotonnière 2013-2014. Si l’on n’y prend garde, on croira que c’est un simple acte administratif parmi tant d’autres que prend habituellement un Dg de société fût-elle d’Etat ou privée. Mais la particularité de cet acte réside dans le personnage du Dg/Sonapra qui a pris la décision de nomination des membres dudit Comité.

Il s’est permis de créer un cadre réunissant onze (11) personnes « chargées de réfléchir sur le cadre intégré du secteur cotonnier béninois au cours des campagnes cotonnières exceptionnelles ». Si la mission de ce Comité semble être bien définie, c’est plutôt le caractère bancal que revêt cet acte administratif qui saute à l’œil. En fait, la note de service créant ledit Comité interministériel est signée par un Dg de société d’Etat. Parmi les personnages de ce fameux Comité, figurent des membres du gouvernement de Yayi Boni. Ils sont au nombre de six (06), les ministres membres de ce Comité.

Comment se fait-il qu’un Dg de société d’Etat peut prendre une note de service pour créer un Comité interministériel si l’on n’a pas complètement perdu le sens des normes administratives qui régissent une République sérieuse ? Ou des professeurs de droit administratif des universités du Bénin vont pouvoir nous dire si c’est une nouvelle théorie ou notion dans la gestion des grandes entreprises publiques. Si tel est le cas, alors Idrissou Bako aura le mérite d’être le 1er Dg à l’avoir expérimenté.

Crime de lèse-majesté

Mais en attendant l’enseignement du droit administratif à la « Bako », ce Dg/Sonapra s’est permis de nommer parmi les membres de Comité, son ministre de tutelle, dame Fatouma Amadou Djibril, ministre de l’Agriculture de l’élevage et de la pêche. Ce qui est davantage édifiant voire écœurant dans la composition du Comité interministériel est la nomination du Ministre d’Etat de Yayi Boni en l’occurrence celui chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Professeur François Abiola.

Quand dans une famille composée des grands et petits enfants, le plus jeune se lève et décide de mettre en place un Comité de sages, que dit-on de lui en pays Bariba ? A tout le moins, chez les Fon, il y a un proverbe qui traite littéralement la question : « Si on n’arrache pas la hache des mains de ce petit, il aura tendance à aller couper l’iroko ». Et chacun de nous sait ce que vaut l’iroko dans nos différents villages africains.

Tellement l’acharnement et la persécution ou la « fatwa » déclenchées contre l’homme d’affaires Patrice Talon dans le dossier de coton ont fait perdre la tête à Yayi Boni et ses collaborateurs qu’ils ne s’appartiennent plus. Conséquence : ils commettent des erreurs les plus élémentaires que n’aurait jamais commises un jeune étudiant en Faculté de droit sur la hiérarchisation des normes juridiques. Autrement qui peut prendre tel ou tel acte administratif pour créer tel ou tel Comité ?

Jeu dangereux

A y voir de près, on dirait que le Dg/Sonapra, Idrissou Bako, est en train d’innover dans un nouveau type de management de société d’Etat. Alors, il se donne désormais le plaisir de nommer des membres du gouvernement de Yayi Boni dans des Comités ou Commissions pour que ceux-ci puissent s’arrondir leur fin de mois. Car en réalité, c’est bien l’impression qui se dégage de la prise d’un tel acte par le Dg, Idrissou Bako. La campagne cotonnière de 2013-2014 est l’occasion de se mettre plein les poches. N’a-t-on pas donné un caractère « exceptionnel » à ladite campagne ?

Et nous savons qu’avec le régime de Yayi Boni, lorsque l’urgence se fait signaler sur un projet, c’est l’occasion en or rêvée pour faire des dépenses faramineuses et cautionner les scandales financiers ; des scandales qui se comptent d’ailleurs par dizaines depuis l’avènement du régime de Yayi Boni en 2006.
C’est dire que c’est un Comité de « wodunouganisateurs » (ndlr : des personnes rassemblées pour se partager des prébendes) qui est mis en place pour se distribuer de gros sous à traire des dépenses entrant dans le cadre de la campagne cotonnière actuelle qui se déroule au forceps. Si non, que viennent chercher des ministres chargés de l’Education dans une affaire de campagne cotonnière ?

Le message est clair. Il y a de l’argent à partager dans cette campagne cotonnière et la note de service le précise à volonté : « L’incidence financière relative au fonctionnement du Comité interministériel d’orientation de la campagne cotonnière est imputable au budget de ladite campagne sur la ligne « fonctionnement des nouvelles structures ». La messe est dite. Chacun aura sa part du gâteau. Des membres du gouvernement aux Secrétaires généraux du gouvernement en passant par le Dg/Sonapra lui-même, les jetons de présence sont comptés et l’espèce sonnante et froufroussante va atterrir dans les poches. C’est cela le mode de gestion sous le régime Yayi Boni où un simple Dg prend une note de service pour nommer des ministres. On est où là ? « Le fleuve en circulant dans son lit ne coule jamais vers le sens opposé », dit un proverbe fon.

Emérico Adjovi

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