« Aïe aïe Yayi » ! C’est en ces termes que le dernier numéro en kiosque de l’hebdomadaire africain le plus lu, décrit la tension politique actuelle qui couve au Bénin. Une tension qui cristallise la déception des populations et la frustration de l’opposition, avec à la clé une méfiance entre institutions de la République.
Le Bénin vit des moments difficiles, et cela n’est plus un secret pour personne. Il est loin, très loin, le moment où son expérience démocratique était une référence et en faisait la fierté. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.
Le Changement et l’Emergence qui devraient effacer les insuffisances et ratés des années Kérékou, ont fini par avoir les effets contraires. Et depuis, les populations devenues fatalistes, s’en remettent à elles-mêmes. Depuis fin décembre 2013, la dégradation du climat politique a pris une tournure nouvelle. Parce que les institutions de la République se regardent désormais en chiens de faïence. Et ce serait ressasser que de dire que des entorses graves ont été portées au socle même qu’est l’Etat de droit. Avec en point de mire, les atermoiements controversés de ces derniers jours de la Cour constitutionnelle. Aujourd’hui, la classe politique béninoise est dans l’expectative.
Mais, aussi dans une incertitude avancée, en raison du cafouillage permanent dans lequel plonge le gouvernement. En effet, nul ne peut dire, même le marabout le plus réputé du coin, de quoi seront faites les législatives de 2015 et la présidentielle de 2016. L’urgence donc est à donner un nouveau visage à la démocratie béninoise. Un Etat de droit où les élections ne sont pas organisées en temps et en heure convenables, ce n’est pas un pays sérieux. Mieux, désormais les marches de protestation, l’expression la plus simple de la liberté, ne sont plus tolérées.
Ces entorses graves à la démocratie, peuvent paraître anodines, mais sont révélatrices de ce que le socle même de la démocratie béninoise est touché. Avec le plus grand réalisme, on peut dire que cela prendra énormément de temps pour être réparé. Le drame, c’est que la confiance, le respect des textes et lois de la République ont laissé place à la corruption, au clientélisme et au régionalisme. Au vu de cet amer constat, il apparaît que la tâche la plus ardue qui incombe à l’opposition, est d’obliger son vis-à-vis, à restaurer la démocratie. L’efforcer au respect des textes et à une plus grande orthodoxie financière.
Une impatience compréhensible !
L’opposition, face à la sourde oreille et à l’indifférence du gouvernement réclame un dialogue inclusif. A mots couverts, certains barons de l’opposition n’entendent pas voir l’actuel Chef de l’Etat et son équipe poursuivre la marche vers l’abîme. A travers ce dialogue, d’autres rêvent d’une Conférence nationale bis. Et aux termes de ces assises, ils ne verraient pas d’un mauvais œil le président forcer à déposer son tablier ou à jeter l’éponge. Ce qui leur permettrait de remettre le Bénin sur orbite. Mais, actuellement nous sommes loin de cette donne.