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Edito du 27 janvier 2014 : Défalcations politiques
Publié le lundi 27 janvier 2014   |  L`événement Précis




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Cette fin de mois aura été salée pour une bonne partie des fonctionnaires. Les fiches de paie frappées de défalcations donnent le goût amer de la grève à tous les travailleurs qui croyaient encore que le gouvernement allait respecter les dispositions de la loi sur le droit de grève.
L’article 25, alinéa 1erde la loi n°2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin stipule, en effet,que «les grèves ayant pour motif la violation des libertés fondamentales et des droits syndicaux universellement reconnus ou le non-paiement des droits acquis par les travailleurs, ne donnent lieu à aucune réduction de salaire ou de traitement». Que ce soit dans le cas des centrales syndicales ou de l’UNAMAB dont les débrayages ont paralysé la fonction publique ces deux dernières semaines, les motifs de leurs mouvements touchent ces cas précisés par la loi. Dans le cas des centrales syndicales, elles ont mis l’accent, dès le début, sur la sauvegarde des libertés démocratiques qu’elles n’ont eu de cesse de réclamer. Et nous sommes tous témoins que le Bénin d’aujourd’hui est le pays des autorisations sélectives de marche. Tous ceux qui soutiennent le pouvoir n’ont même plus besoin d’autorisation pour marcher à travers le pays>

Ils savent que ce sont seulement les opposants et les syndicalistes qui ont besoin de ce sésame pour exprimer leur droit citoyen à la manifestation.

Aujourd’hui, dès que cette frange de la population manifeste des velléités critiques, la houle mouvancière s’élève, tel un torrent aveugle, pour dénoncer, pêle-mêle, ceux qui veulent amener la guerre civile au Bénin, ceux qui fomentent des coups d’Etat pour renverser le régime en place, les mains invisibles tapies dans l’ombre et financent les troubles, ceux qui veulent prendre, dans la rue, leurs revanches de 2006 et de 2011, ceux qui sont régionalistes …C’est-à-dire que tous ceux qui ont la mauvaise idée de penser qu’on peut faire autrement, qu’on doit montrer au gouvernement et à son chef la bonne voie à suivre, tous ceux qui s’élèvent contre les dérives réelles ou supposées de la politique gouvernementale sont frappés d’apostasie et traités comme tels. Tous ceux qui ont la mauvaise idée de ne pas emboucher la trompette des éloges au président et à ses erreurs successives n’ont mérité jusqu’ici que matraques et gaz lacrymogènes. Ils n’ont eu, de cesse,d’être officiellement les parias de la république. Un maire a même trouvé qu’il n’est pas pensable de se retrouver dans l’opposition si l’on veut des routes, de l’eau potable ou de l’électricité.

Ce modèle de pensée et d’action distillé jusque dans l’arrière-pays, veut faire croire que la liberté de pensée même est un crime. Il veut dire à chacun que la simple critique de l’action publique du Chef de l’Etat et de son gouvernement est un acte antipatriotique. Là n’est peut-être pas encore le problème.

Le vrai problème, c’est l’action qui se mène ouvertement et outrageusement pour appliquer ce modèle de pensée.Tous ceux qui ont vu leurs salaires amputés le savent déjà. C’est pour avoir demandé que l’on respecte les libertés démocratiques qu’ils sont ainsi sanctionnés. Et c’est précisément pour empêcher ces dérives grossières que la loi sur l’exercice du droit de grève a été mise en place. Elle a été édictée pour protéger le droit de tous à un traitement équitable sur ce plan, précisément, afin que la démocratie soit aussi le devoir pour chacun de proposer d’autres alternatives, d’autres voies de recours.

Il faut donc voir dans ces défalcations, une action purement politique située en marge de toute légalité. C’est une sanction que les travailleurs ont toute latitude d’attaquer devant les juridictions compétentes afin de faire rétablir le droit. Si la sanction par le gaz lacrymogène et les matraques ne suffisait pas, le gouvernement vient d’ajouter une nouvelle couche au bâillonnement des libertés à travers ces coupes sauvages. La couche de trop ?

J’ai bien peur que oui. Déjà,se met en place,la radicalisation du mouvement, nourrie par la fureur des travailleurs. L’enlisement des négociations qui se profile à l’horizon n’est que l’amorce d’une grève générale illimitée.

Par Olivier ALLOCHEME

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