Le mouvement de grève générale qui paralyse l’administration publique a fait l’objet d’un débat contradictoire sur l’émission « Cartes sur table » de la radio Océan Fm, dimanche 26 janvier 2014. A l’occasion, l’ancien leader syndical, Raouf Affagnon a fustigé les violations dangereuses des libertés démocratiques tandis que l’ancien ministre Bernard Lani Davo redoute que la fronde sociale conduise le Bénin vers l’impasse.
Sur Océan Fm, hier dimanche, Raouf Affagnon a condamné la répression sanglante dont ont été l’objet les Secrétaires généraux des Centrales et confédérations syndicales le vendredi 27 décembre 2013. Selon lui, c’est de la barbarie qui constitue un recul dangereux des libertés démocratiques qu’il faut condamner. Son contradicteur, l’ancien ministre, Bernard Lani Davo a, lui, soutenu que la marche de protestation étant interdite par le Préfet de l’Atlantique et du Littoral, les travailleurs n’avaient qu’à se plier à cette décision. Dans sa réplique, l’ancien syndicaliste soulignera qu’à la date du 27 décembre 2013, il n’y avait pas de trouble à l’ordre à public. Mieux, l’autorité préfectorale n’avait aucune raison d’empêcher la tenue de la marche. Selon lui, les motifs de la marche sont très graves et les travailleurs étaient bel et bien dans leur droit. Il a en effet rappelé que le mouvement de protestation dénonçait le concours frauduleux pour le recrutement d’agents permanents de l’Etat organisé par le ministère de la Fonction publique et l’insécurité grandissante dans laquelle baignent les défenseurs des droits de l’homme. Ferme dans sa logique, Bernard Lani Davo indiquera que le mouvement de grève déclenché par les organisations syndicales à la suite de la répression pourrait être qualifié d’illégal. Pour l’ancien ministre, demander le relèvement d’un préfet et d’un Commissaire central ne relève pas d’une revendication professionnelle. Et cela justifie, a-t-il soutenu, les mesures de défalcations sur salaire prises par le gouvernement. Bernard Davo affirmera par ailleurs que « nous conduisons le Bénin dans l’impasse et qu’il faudra bien que chacun de nous prenne ses responsabilités ». Raouf Affagnon contre-attaque en affirmant que suite à la répression dont les travailleurs ont été victimes, les partenaires sociaux n’ont reçu ni les excuses ni les explications de l’Exécutif. Le ministre de la Fonction publique, a-t-il fait observer, n’a pas voulu répondre aux préoccupations des syndicats sur le sujet. Face à ce mutisme du gouvernement, a-t-il poursuivi, il fallait que les organisations syndicales réagissent. Pour cet ancien porte-parole du Front des trois ordres de l’enseignement, le gouvernement n’a jamais voulu résoudre les vrais problèmes de l’éducation. « La majorité des enseignants est non qualifiée. Le gouvernement n’a aucune politique réelle de formation pour outiller les enseignants à faire face aux défis du 21è siècle en matière de formation. Nous faisons du bricolage en matière de gouvernance », a-t-il dénoncé. Pour lui, il faut refonder l’Ecole béninoise.