Depuis le départ du gouvernement du Premier ministre Pascal Irénée Koupaki, Boni Yayi a toujours de la peine à trouver un autre médiateur capable de calmer les ardeurs des syndicalistes et d'entretenir un permanent et franc dialogue social au Bénin.
La paralysie totale de l'Administration publique depuis plusieurs semaines et l'absence des responsables syndicaux à l'invitation du chef de l'Etat vendredi dernier en disent long. Mieux, les grognes qui font suite aux défalcations opérées sur les salaires des travailleurs, risquent d'accentuer les difficultés de l'Exécutif à se remettre en phase avec ses partenaires sociaux.
La paralysie de l'Administration publique devient de plus en plus totale, les travailleurs visiblement plus engagés que jamais et le gouvernement décidé à en découdre avec eux. Ainsi se présente le tableau de la grève générale des travailleurs lancée par les centrales et confédération syndicales depuis le 7 janvier 2013.
En effet, suite à l'incapacité du ministre du Travail et de la Fonction publique et du Haut commissaire à la gouvernance concertée de contenir la grogne des syndicalistes, le chef de l'Etat a initié une rencontre gouvernement-Syndicats. Prévue pour se tenir le vendredi 24 janvier 2013 au Palais de la Marina, ladite rencontre n'a pu avoir lieu.
Ping-pong
La rencontre de vérités qui suscitait déjà de l'espoir dans le cœur des Béninois n'a pu avoir lieu vendredi 24 janvier dernier.
Gouvernants et syndicalistes peuvent donc se rejeter le tort. En effet, lors d'un meeting ce weekend, le ministre d'Etat François Abiola prouvant la bonne foi du gouvernement a expliqué que le chef de l'Etat, des membres de son gouvernement et plusieurs cadres de la Présidence de la république ont humé l'air, plusieurs heures durant, espérant en vain les responsables syndicaux attendus au cabinet du chef de l'Etat pour la réouverture du dialogue social en panne depuis peu.
Dans le rang des syndicalistes, la version est tout autre, même si quelques fois, ces responsables syndicaux se contredisent parfois. Alors que Paul Issè Iko et consorts annonçaient à Porto-Novo que la grève passerait à 96h à compter de cette semaine et que le préalable pour l'ouverture du dialogue reste le limogeage du commissaire central de Cotonou et du préfet de l'Atlantique-Littoral, Dieudonné Lokossou conteste et affirme que les responsables syndicaux sont prêts pour le dialogue.
Mieux, le secrétaire général de la Centrale des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) rassure de ce que la grève est maintenue à 72h par semaine.
Par ailleurs, Pascal Todjinou de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) explique que les responsables syndicaux n'ont pas répondu à l'appel de Boni Yayi du fait que son invitation est venue tardivement. Selon lui, l'invite du chef de l'Etat n'était même pas recommandée vu que le président de la République est sensé être le dernier recours.
Méli-mélo
A bien y voir, avec le départ du Premier ministre Koupaki du gouvernement, les syndicalistes ont complètement rompu le pont avec l'Exécutif. Une situation qui s'explique par l'absence au sein du gouvernement d'un véritable manager capable d'engager le dialogue social avec les partenaires sociaux. Du coup, les doléances des travailleurs sont bafouées alors que la crise sociale dans le pays s'aggrave au fil des jours.
Le hic, c'est que les libertés syndicales sont mises en difficulté avec les échauffourées qui ont sanctionné la dernière marche des travailleurs. Déjà deux semaines de grèves perlées et pas de terrain d'entente.
Le gouvernement vient de mettre en exécution ses menaces de défalcations sur salaires alors que les travailleurs restent campés sur leur position. Pour finir, la grève risque de prendre de nouvelles dimensions cette semaine avec la grogne de ces rares travailleurs qui résistaient encore au débrayage et dont les salaires ont subi des défalcations.
C'est dire donc que le gouvernement n'est pas au bout de ses peines avec les syndicalistes. En attendant, le dialogue de sourds continue entre les deux parties.