Le président de la République a rencontré, samedi 25 janvier dernier, les 200 jeunes gestionnaires de ferme formés sous le label Songhaï. Il a rassuré ces farm-managers quant aux mesures pour leur installation effective.
Par Gnona AFANGBEDJI
Le plus dur commence pour les 200 gestionnaires de ferme, formés dans les centres nationaux Songhaï de Kétou et de Zagnanado. Après avoir reçu, le 23 janvier dernier, leur attestation d’incubation, ils sont désormais appelés à investir dans les activités de production agricole, au travers des plans d’affaires qu’ils ont élaborés à l’issue de leur formation.
Mais le président de la République a tenu à les assurer de l’appui de l’Etat pour leur installation et le développement de leurs activités. «Le sens de notre rencontre, c’est l’avenir, c’est comment vous aider afin que vous puissiez vous installer.
Nous allons continuer à cheminer ensemble, c’est le message que je suis venu vous passer», avance-t-il. Pour le chef de l’Etat, deux obstacles majeurs attendent les farm-managers dans leur projet d’installation. Le premier concerne l’accès au foncier. Boni Yayi indique qu’il s’agit d’un défi majeur pour l’ensemble du système agricole national auquel le gouvernement tente de faire face à travers le vote récent de la loi sur le foncier. Mais en attendant que la loi règle certaines difficultés, Boni Yayi demande l’implication des élus locaux afin que les jeunes entrepreneurs puissent disposer de terre pour déployer leurs fermes.
Secundo, le président de la République reconnaît que les jeunes gestionnaires de ferme vont se heurter à l’épineux problème d’accès aux financements. Afin de leur permettre de s’installer petitement, il a été prévu au niveau du Projet de promotion de l’entreprenariat agricole (PPEA), un fonds levier de 500 000 francs par entrepreneur formé, devant leur permettre de démarrer leurs activités.
Mais au-delà de ce micro-financement, le chef de l’Etat indique que les jeunes formés seront pris en compte au niveau d’une série de financements extérieurs attendus par le gouvernement dans le cadre de la relance du secteur agricole. Ainsi, il est annoncé la décision du Fonds international de développement agricole (FIDA) de mettre à la disposition du Bénin une enveloppe de 25 millions de dollars, soit environ 12 milliards de francs CFA pour le financement de micro-projets agropastoraux. La Banque africaine de développement (BAD) a également approuvé la mise en place d’un crédit de 34 milliards de francs CFA pour la mise en valeur de la Vallée de l’Ouémé. Le chef de l’Etat n’exclut pas la contribution nationale qui se traduit par un ensemble de crédits sectoriels destinés à la promotion de l’emploi des jeunes.
Amorcer l’émergence agricole
« Je vous invite à peaufiner vos plans d’affaires afin qu’ils soient bancables. Si vous avez de bons plans, il n’y a pas de raison pour que les banques de la place ne vous financent pas », ajoute Boni Yayi. La question du financement préoccupe d’ailleurs les jeunes gestionnaires de ferme qui n’ont pas manqué de demander un accompagnement de l’Etat. Ils plaident également pour la prise de mesures fiscales incitatives pour leurs entreprises naissantes.
« L’objectif principal du PPEA est de veiller à la mise en place d’une vaste pépinière de jeunes entrepreneurs ruraux prêts à s’installer de façon durable dans l’agriculture », souligne Odile Sorgho-Moulinier, représentante résidente par intérim du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui se félicite de l’aboutissement de la formation de cette première vague d’incubateurs. Elle suggère aussi des réponses rapides aux questions foncières, de financement et de commercialisation, qui constituent, selon elle, le chemin pour amorcer l’émergence agricole du Bénin. «Il nous paraît important la mise en place d’un comité restreint qui réfléchira sur les politiques et stratégies spécifiques à mettre en œuvre comme un Fonds d’installation et d’appui aux initiatives des jeunes entrepreneurs agricoles, le soutien à la commercialisation pour des entreprises agricoles émergentes, l’accès sécurisé au foncier par les jeunes en partenariat avec les mairies », affirme-t-elle, rassurant que le PNUD est prêt à accompagner le gouvernement à chaque étape du processus.
Les 200 jeunes gestionnaires de ferme, après avoir bénéficié d’une formation de six mois au centre régional Songhaï de Porto-Novo, ont parachevé leur apprentissage de l’entreprenariat agricole dans les centres d’incubation de Kétou et de Zonmon à Zagnanado. Selon Marcel de Souza, ministre en charge du Développement, l’Etat planifie la formation de 5000 jeunes, avec à la clé de nouveaux centres nationaux Songhaï à construire à Daringa dans la commune de Djougou, et à Kandi.