Décidément. Entre le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée nationale, ça devient sérieux. Après son discours jugé de téméraire, prononcé lundi 6 février devant Yayi Boni au Palais de la Marina, Mathurin Coffi Nago n’a pas eu froid aux yeux le week-end dernier, en démontant des propos tenus par le président de la République devant le Parlement, il y a un mois, dans son discours sur l’Etat de la Nation.
« A la question de l’éducation, j’associe aussi la presse en tant qu’instrument d’information et d’éducation citoyenne. En effet, point n’est besoin de rappeler le rôle important de la presse dans la consolidation de l’Etat de droit. C’est convaincu de ceci que mon gouvernement a décidé de l’organisation des Etats généraux de la presse dont les préparatifs sont en cours. Les travaux de ces états généraux dont les préparatifs sont conduits par la Haac et les organisations professionnelles de la Presse avec l’implication de mon gouvernement permettront de bâtir les fondements d’une presse professionnelle animée par des acteurs responsables. Par ailleurs, mon gouvernement a initié un projet de loi sur le code de l’information et de la communication qui sera transmis avant le 31 décembre 2013 à votre auguste Assemblée ». Ainsi s’exprimait le président Yayi Boni devant la Représentation nationale, vendredi 27 décembre 2013.
A la faveur d’un dîner avec la presse le week-end dernier, les professionnels des médias ont tenu à savoir un peu plus sur la suite réservée par l’Assemblée nationale au Code de l’Information et de la Communication. A la question, le professeur Nago a été catégorique. Contrairement aux propos du chef de l’Etat, le président de l’Assemblée nationale a clamé qu’aucun document n’a été jusque-là transmis au Parlement. Et ironisant, il a laissé entendre : « Peut-être, c’est en route entre Cotonou et Porto-Novo » et qu’ « on espère que quelque chose ne lui arrivera sur le pont de Porto-Novo ». Pour Mathurin Coffi Nago, il est important de rétablir la vérité. Il va jusqu’à dire que l’Assemblée nationale a un dos large si bien que lorsqu’on veut éluder certaines préoccupations, on dit que c’est envoyé à l’Assemblée nationale. Cette raillerie du président de l’institution parlementaire était très amusante au point où les professionnels des médias présent au dîner ne pouvaient s’empêcher de rire. Objectivement, quand on voit de près, on peut sans risque de se tromper dire que le professeur Nago prend de grands airs. Il ne veut plus prêter flanc à certains jeux de l’Exécutif. Le temps de la manipulation est-il certainement en train de signaler tout en restant dans la logique de « dire la vérité au chef de l’Etat et non lui faire plaisir ». C’est désormais donc du tic au tac au sommet de l’Etat.