S’il est une question délicate que les parents évitent d’aborder avec les enfants, c’est bien celle de la sexualité. Ils ont du mal à évoquer le sujet avec leurs enfants filles ou garçons. Pourtant, ce silence ouvre la voie à diverses déviances chez les enfants soldées souvent par des conséquences désastreuses sur leur vie.
Par Alain ALLABI
« Si j’avais eu des informations sur la sexualité auprès de mes parents, je n’allais pas tomber enceinte pour abandonner ma formation», confie toute triste Laetitia O., apprentie couturière âgée de 17 ans portant une grossesse de 5 mois. Cette grossesse perturbe sérieusement son état de santé. Comme elle, beaucoup de jeunes manquent d’informations pertinentes sur la vie sexuelle susceptibles de les mettre à l’abri des grossesses précoces, non désirées et des IST/VIH/SIDA.
Interrogé sur la place des questions liées à la sexualité dans l’éducation parentale, Laurent S., opérateur économique, reconnaît la défaillance des parents et s’apitoie sur le sort de la jeune Laetitia. Parlant de sa propre expérience, il confesse qu’il n’arrive pas à aborder la question de la sexualité avec ses enfants.
La raison, il n’est pas capable de la préciser. Seulement, il dit avoir du mal à en parler avec eux, même s’il est conscient du danger qui les guette. Mais il s’estime heureux puisque dans son foyer, son épouse parvient à échanger avec les enfants dans ce domaine.
Curiosité
Un jour, raconte-t-il, alors qu’il faisait la sieste avec son épouse, leur deuxième fille s’était mise à frapper à leur porte. Mais ils ne lui ont pas répondu. Puis, quelques heures plus tard, la petite âgée de 11 ans, très curieuse, a interrogé sa mère. « Maman, qu’est-ce que papa et toi faisiez dans la chambre et vous aviez fermé la porte ?, rapporte Laurent S. à qui son épouse a fait le point, le soir, sur la situation et ce qu’elle a répondu à l’enfant. Selon lui, son épouse qui n’éprouve aucune gêne à aborder les questions relatives au sexe avec les enfants, lui a confié avoir répondu à la petite : « Je faisais l’amour avec mon mari qui est ton père.
C’est pour cela que nous ne t’avions pas répondu ni ouvert la porte », rapporte encore Laurent S. A cette réponse de sa mère, la fille, précise-t-il, a tout simplement souri. « Et depuis ce jour, quand je suis avec mon épouse, nos enfants ne nous perturbent plus », ajoute Laurent S.
Quant à savoir comment son épouse s’y prend avec leur fille aînée de 16 ans, l’épouse de Laurent S. lui a appris que, quand elle en a l’occasion, elle lui chante souvent d’atteindre au moins l’âge de 18 ans et d’avoir aussi son baccalauréat avant de se lancer dans les activités sexuelles.
Sinon, elle tombera enceinte si elle ne suit pas ses conseils.
Félicitant son épouse des efforts qu’elle fait dans ce domaine de l’éducation, il fait savoir qu’il a dû chercher à connaître les secrets de son épouse pour pouvoir aborder la question si facilement avec leurs enfants. Ainsi, il s’est rendu compte qu’elle possède un document destiné aux parents sur la question de la sexualité.
Mais tous les enfants n’ont pas cette chance auprès de leurs géniteurs. Pour Laurette Aloma, élève âgée de 15 ans, comme pour la plupart des jeunes de son âge, les parents ne parlent pas de sexe avec eux. La nature ayant horreur du vide, c’est en compagnie des camarades de classe ou des amis et à travers la télévision qu’ils accèdent aux manifestations du phénomène sexuel.
«Entre camarades de classe, on a des échanges sur le sexe. Chacune raconte ses expériences», témoigne Laurette tout en précisant que ses parents sont souvent pris par les occupations professionnelles. Mais le peu de temps où on se retrouve ensemble, se plaint-elle, ils peuvent nous en parler.