Le Secretaire Général de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), Michel Adjaka, a réagi suite aux propos tenus par le Chef de l’Etat à l’encontre des magistrats béninois. C’était hier dans l’émission ‘’Radio Actualité’’ de ‘’Océan Fm’’ au micro de Richardo Loïc Kpékou.
Que vous voulez faire du pays ? C’est le Président de la République qui vous avez posé cette question. Vous avez décidé de durcir le ton en faisant passer la grève de trois à cinq jours à partir de la semaine prochaine ?
Je ne réponds pas du pays. Je réponds au nom de l’Union nationale des magistrats du Bénin. Nous sommes en grève pour des raisons que vous savez. Donc, tant que nos revendications ne seront pas satisfaites, nous allons continuer à les revendiquer. Il n’y a pas de soucis à se faire. Dans un pays où les lois ne sont pas respectées, dans un pays où force est au bras de fer et à la confrontation, ce n’est pas au président de l’Unamab qu’il faut demander ce que l’on veut faire du pays.
Le chef de l’Etat a décidé de corriger les nominations. Il a suffisamment parlé de vous hier. Si vous décidez de durcir le mouvement, ce serait un véritable bras de fer. Est-ce qu’il ne faudra pas ramener la balle à terre ?
Nous sommes en grève depuis plus de sept semaines pour exiger du gouvernement la correction des nominations irrégulières prononcées en conseil des ministres du 28 mai 2013. Face à cette irrégularité reconnue et acceptée, on vient nous accueillir avec une autre irrégularité, avec une autre violation des textes, à savoir les défalcations sur salaires. Si tant est qu’on veut discuter avec nous, on n’aurait pas opté pour la politique de la provocation, du mépris, du bras de fer permanent. Nous ne sommes pas contre le dialogue. Mais avant que ce dialogue ne s’instaure, il faut rapidement retourner les salaires défalqués, sinon je ne vois pas comment nous pouvons faire le déplacement pour aller à cette table de négociation.
Mais, on dit que : qui n’a pas travaillé, n’a pas droit au salaire.
Voilà l’amalgame. Nous sommes dans un pays d’amalgames. En 2012, les magistrats ont été défalqués. Mais, est-ce que vous avez entendu un magistrat réclamer les défalcations faites sur les salaires ? Pourquoi cette fois-ci les magistrats demandent au gouvernement d’annuler les défalcations illégales ? C’est parce que lorsqu’on va en grève pour revendiquer un droit acquis, le respect des libertés fondamentales ou les droits syndicaux, on ne fait pas l’objet de défalcations. Sur notre plate-forme revendicative, le premier point qui s’y trouve inscrit est la sécurité de tous les magistrats. Le droit à la sécurité est un droit fondamental. Lorsqu’on va en grève pour un tel motif, on ne défalque pas. Lorsqu’on le fait, on fait l’option de bras de fer, de la violation flagrante des textes. C’est de ça qu’il s’agit.
Selon le Chef de l’Etat, les magistrats étaient financés. Les valises circulent. Votre réaction ?
C’est la solution de facilité. C’est une solution de facilité qui ne peut pas prospérer en l’état. Dans un Etat où vous violez les textes à l’égard de ceux qui sont chargés de les faire respecter, qu’est-ce que vous voulez d’autre qu’on fasse ? C’est quelqu’un qui trouve que chaque action objective qu’on mène dans ce pays est forcément dans cette logique. Moi, je ne suis pas dans cette logique-là. Je n’ai pas été éduqué avec de l’argent gagné facilement. Il revient à ceux qui ont été éduqués avec de l’argent gagné facilement de penser que tout le monde est manipulé.