Janvier Yahouédéhou : « Je ne peux pas accepter cela. Ce n’est pas responsable »
le chef de l’Etat estime que la classe politique est médiocre sans chercher à se dédouaner lui-même. Comment jugez-vous ses propos ?
Janvier Yahouédéou : Le chef de l’Etat est coutumier de ces injures. Il a dit une fois déjà lors de son interview du 1er août 2012 que la classe politique est médiocre. En son temps, les politiciens n’ont pas réagi. Pas parce qu’ils ne se sont pas sentis touchés et choqués, mais par politesse et souci de préserver la paix. Cela ne peut continuer. En tant que chef de l’Etat, il n’est pas autorisé à injurier la classe politique, encore moins les citoyens.
Toute la classe politique doit lui refuser ce droit dont il se prévaut pour injurier. Dire que la classe politique est médiocre n’engage que lui et ses partis qui le soutiennent, à commencer par ses Fcbe. Moi je suis animateur de la vie politique et je ne peux accepter qu’il tienne ces genres de propos. Ce n’est pas responsable, venant d’un président de la République.
Cela vous met-il en colère ?
Ce n’est pas d’aujourd’hui que je suis remonté contre le chef de l’Etat, parce qu’il gère mal mon pays. On ne cessera jamais de le dire, ça va mal, très mal et il faut avoir le courage de dire qu’il n’est pas à la hauteur des attentes du peuple. Un peuple qu’il méprise et manipule. Cette rencontre qu’il a eue avec les jeunes n’a apporté aucune solution à cette frange de la société. Il l’a juste utilisée pour injurier, des hommes d’affaires, les syndicats, les magistrats et la classe politique. Ce n’est pas ce qu’on doit attendre d’un chef de l’Etat en ces moments de crise. C’est plutôt des solutions concrètes. Il est mal placé pour tenir ces propos.
Vous trouvez que ce n’est pas à lui de dire que la classe politique est médiocre ?
Tout le monde sauf lui. Il a parlé d’émergence, puis de refondation, de ci et de ça. Quel est le bilan aujourd’hui ? C’est plus que médiocre. Je dirai même que c’est moins que rien. S’il pense qu’on doit revoir la classe politique, cela commencera par lui, par sa manière de gérer. Il doit aller arranger sa famille politique, que lui-même trouve d’ailleurs médiocre.
L’autre chose, c’est que Yayi Boni accuse la classe politique d’utiliser les syndicats et la bourse du travail pour le détruire.
Ces genres de déclarations constituent une fuite de responsabilité de sa part. Quand on ne veut pas reconnaître son échec, on trouve que c’est la classe politique, ou ce sont les syndicats. Y-a-t-il, une loi qui interdit aux politiciens d’entrer à la Bourse du travail ? Ou bien les syndicalistes n’ont-ils pas un droit de vote ?
Si oui, ils ont droit à participer au débat politique. Ils peuvent sympathiser avec n’importe quel citoyen fut-il homme politique. Le problème du chef de l’Etat n’est pas de surveiller ce qui se passe à la Bourse du Travail. Il n’a qu’à surveiller les conseils de ses conseillers, ses propres décisions et se pencher sur les problèmes de la Nation ; Et non, se prononcer sur la médiocrité ou non de ses concitoyens.
Sacca Fikara : « Yayi doit savoir que notre patience a des limites »
« Le Chef de l’Etat n’a pas rencontré la jeunesse béninoise. Il a rencontré ses jeunes. Et la jeunesse béninoise est au chômage. La vraie jeunesse béninoise est sur les campus et observe des mouvements de grève. La vraie jeunesse béninoise qui se trouve dans les collèges, est dans la rue. Le président dit qu’il va bondir sur des gens.
Si c’est sur nous qu’il veut bondir, nous allons lui dire ceci : nous ne voulons pas mettre le pays à feu et à sang comme il veut le faire. Nous allons garder notre calme et dénoncer les dérives de son régime. Je sais qu’il sait tout. Il connait les affaires Icc-Services. Il connait les auteurs de l’assassinat des paysans des palmeraies de Djidagba. Il connait les assassins impliqués dans la lutte contre le Kpayo, il connait l’affaire Cen-Sad.
Il est même l’auteur de tous les scandales. Et chaque fois qu’il dit qu’il ne sait pas, nous savons que ce n’est pas la vérité. C’est du mensonge. Nous voulons simplement dire aux populations béninoises que ça fait la deuxième fois après le 1er août 2012 que le président Yayi Boni menace le peuple de ce pays. Il n’a qu’à savoir que notre patience à des limites et que les menaces qu’il profère contre le peuple béninois, s’il les met à exécution, il n’en sera jamais épargné. Il n’a qu’à savoir que ça ne peut pas continuer. »