Les deux choses à quoi sert la constitution sous Yayi Boni, consiste à l’utiliser, comme en 2011, pour faire proclamer qu’il est élu ( si possible au premier tour) ; et bientôt aussi pour dire que sa révision de la constitution est conforme à la loi. Et enfin, corollaire de cette confirmation, que l’éventuelle élection présidentielle qui s’ensuivrait connaîtra une victoire en son nom ou en celui de son dauphin s’il n’était pas candidat.
La deuxième chose consiste à utiliser la Cour constitutionnelle pour trancher en sa faveur toute dispute entre lui et ses opposants.
En dehors de ses usages frauduleux, égocentriques et autoritaires qui consacrent l’instrumentalisation de la Cour constitutionnelle dont le président et certains membres sont directement nommés par lui, Yayi Boni passe le plus clair de son temps à violer la constitution, violation délibérée ou par méconnaissance de l’esprit et de la lettre de la loi.
Cet usage borné, autoritaire et frauduleux de la constitution trahit et éclaire en même temps sur la mise hors jeu du peuple de la vie politique du Bénin, et le fait que le président de la république, au lieu d’être élu est en vérité nommé par un aréopage de faiseurs de roi sur fond de corruption des parties prenantes à l’organisation des élections ; faiseurs de roi et organisateurs qui ont pris en otage, et jouent avec la constitution au sommet.
Comment voulez-vous qu’un président respecte la constitution, si au lieu d’être élu grâce à elle, il est nommé contre sa lettre et son esprit ? Celui qui n’a pas connu la crainte du peuple ne respecte pas le peuple.