Août 2012 a vécu. Place à janvier 2014. Un autre show présidentiel, un an et demi après celui ayant entraîné la "méconnaissance de la constitution" par le chef de l’Etat selon une décision de la Cour constitutionnelle.
Une grande leçon à retenir cependant : Yayi ne voit plus la classe politique en mode manichéen. Il n’y a donc plus, d’un côté, les méchants opposants, et de l’autre, les gentils mouvanciers. Il existe désormais une classe politique unique mais "médiocre" surtout y compris la propre mouvance à laquelle appartient le docteur-président. Le rejet du vote du projet de budget de l’Etat exercice 2014 n’aurait donc pas servi à rien. Il aurait fait avancer la perception du chef de l’Etat sur la manière dont se déroule l’animation de la vie publique au Bénin : un panier à crabes ou encore un marigot infesté de caïmans retors.
Pas que le discours présidentiel a radicalement changé. La quintessence reste en l’état à savoir l’existence du grand Satan de la République, vénal et mercantile jusqu’à la moelle. Un grand Satan engagé dans une vaste opération de déstabilisation du pays depuis son exil doré parisien. Lui qui arrose tout le monde au pays ; les opposants bien sûr, les syndicalistes, les médias, la justice, les fonctionnaires, les hommes d’affaires,... les maires qui autorisent les marches. Fait nouveau, la mouvance présidentielle, plus ou moins vertueuse jusque là, semble avoir mordu à l’appât.
Elle aussi s’en va s’abreuver à la source mafieuse de Paris. Heureusement que le chef voit tout et attend l’heure propice pour "bondir". Après ce constat présidentiel, les Béninois devraient comprendre qu’il est vain d’espérer de cette classe politique des solutions aux défis à la nation. Voila, qu’en en démocratie, il est quasiment impossible de se passer d’animateurs de la vie publique à qui la constitution en son article 5 confère d’ailleurs l’exclusivité de la représentativité à travers le suffrage universel.
Plusieurs citoyens soupçonnaient bien des défaillances de cette classe politique face à l’impasse de la gouvernance publique depuis plusieurs années. Sans que certains n’osent penser qu’il s’agissait carrément d’une médiocrité jusqu’à ce que Yayi en personne ne le confirme aussi solennellement le 27 janvier 2014 devant des jeunes hagards. Il y quand même des signes qui ne trompent pas comme par exemple la tétanisation systématique de toute cette classe politique face à la spirale infernale du moment au pays, incapable d’inventer la moindre formule de normalisation de la cité. A peine quelques proclamations plus ou moins audibles mais sans propositions concrètes de sortie de crise.
En dehors du seul slogan désormais galvaudé d’assises, de dialogue ou de conférence, on ne voit rien se profiler à l’horizon, pas même l’espoir d’une alternance par les urnes du fait de l’impossibilité d’organiser le moindre scrutin à cause d’un fichier électoral bâclé et pourri. La réflexion est donc en berne, de même que les propositions. Pas de projet, pas d’agenda, pas de motivation et partant pas d’espoir. Tout baigne dans la médiocrité.
Oui, elle est médiocre. Oui elle n’a pas de solution à nos déboires. Oui elle est dans le noir total. Oui..., mais que pouvait-on attendre d’autre que la médiocrité de la part de gens qui puisent l’essentiel des ressources consacrées à la politique de la corruption, du vol de denier public, du crime et de la fraude ?
Personne ne connait l’origine de l’argent qui sert à élire le chef de l’Etat, les députés qui a leur tour désignent les autres membres des autres institutions. Même nébuleuse autour des élus locaux. C’est presque normal que les recruteurs des partis politiques jettent leur dévolu sur les régies financières et les structures de gestion des marchés publics. La compétition politique se ramène donc à une course frénétique vers le détournement des fonds du contribuable.
Sur fond de mensonge, de dol, de tricherie, de recrutements complaisants, de discours régionalistes. Il serait donc criminel que le constat présidentiel ne soit pas immédiatement suivi d’un chantier législatif destiné à aseptiser le milieu en y introduisant un peu plus de transparence en matière de financement de la propagande et des campagnes électorales. Le moment est venu de concrétiser enfin cette mesure de financement des partis pourtant inscrit au discours d’investiture du 06 avril 2011 d’après K.O
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A quand le projet de loi portant financement des partis, monsieur le président ???