Ainsi donc, l’honorable rusé est retourné à sa base pour se jauger. Il lui fallait bien cela après les actions qui ont consisté à tirer à boulets rouges sur sa personne. Alors, de retour d’une tournée en Occident et au pays de l’oncle Sam, Rachidi Gbadamassi s’est rendu à Parakou ce mois de janvier.
Déjà dans la première quinzaine. Le moment est encore très propice pour les traditionnelles cérémonies de présentations de vœux de nouvel an. Ses sbires ont réussi l’exploit habituel des grands rassemblements. Ses fans, mais aussi et surtout, les vieux sont sortis pour l’écouter. La mobilisation était assez forte. Puis, il délivre le message : « Je suis toujours avec Yayi Boni. Mais ce que je lui demande en tant que porte-parole des populations de Parakou, c’est de nous construire le port sec, d’achever l’aéroport et d’élargir la traversée de la ville en double voie. Voilà ce que j’ai dit et mes propos ont été mal interprétés. » Qui dit mieux ? Tonnerre d’applaudissements pour l’homme à la voix naturellement enrouée. Galvanisé par cette congratulation, il ne peut s’arrêter en si bon chemin. Alors, il décide d’haranguer la foule. « Quand je viens à Parakou, les populations m’interpellent sur ces chantiers. On me tape partout. Et moi en tant que leur porte-voix, je transmets le message au chef de l’Etat. C’est tout. Je ne suis pas contre lui » L’objectif est donc atteint. Le jaugeage a permis de mesurer la côte de popularité de l’homme devant les caméras. Mais alors, l’histoire est têtue. Quand Gbadamassi commence ainsi, c’est qu’il a déjà scruté l’horizon. Lui qui était l’opposant N°1 de Yayi avec le « G13 », a fini par rejoindre la mouvance en avril 2008. Pour se séparer de ses alliés du « G13 », il affirmait qu’il suit la décision du peuple. « Mon doctorat, c’est ma base », martelait-il à chaque tournée d’explication. Yayi Boni comprend-il le message ? Gbadamassi ne doit plus être proche de lui dans l’esprit. Il attend le moment favorable pour faire ses adieux au chef des Cauris. L’enfant prodige prépare son avenir politique avant la descente aux enfers du système de la Refondation. Suivez bien mon regard. Les trois chantiers dont il est question, ne sont plus réalisables pour la ville de Parakou en 25 mois. Même les plus optimistes n’y croient plus. Pour l’homme politique qui a son avenir devant, il n’est plus opportun, après 8 ans et à 2 ans de la fin de mandats constitutionnels, qu’on continue par supporter aveuglement l’irréaliste. Pour continuer d’être soudé comme l’arbre et l’écorce, le défi à relever par Yayi est la réalisation des trois chantiers au profit de Parakou. Avec quel budget ? L’écart se creuse entre deux frères politiques aux intérêts divergents.