Les mouvements de grèves perlées lancés dans tous les secteurs d'activités au Bénin semblent prendre une nouvelle tournure dans le secteur de l'Education. Enseignants titulaires ou vacataires, et même les élèvent prennent une part active dans la conduite du débrayage, en dépit des défalcations et autres menaces du gouvernement. Ce qui fait craindre le fléau d'une année blanche.
Les travailleurs grévistes de l'Administration publique ne font aucun cadeau au gouvernement depuis le démarrage de la fronde sociale. Les centrales et confédérations syndicales telles que la Cgtb, la Cstb, la Csa-Bénin, la Cosi-Bénin, la Fésyntra-finances, la Cspib sont désormais à 72 heures de grève par semaine. Selon Pascal Todjinou de la Cgtb, les centrales syndicales sont disposées au dialogue mais en attendant, la grève continue. Paul Essè Iko, dit quant à lui que le dialogue n'est pas rompu avec l'Exécutif. Les revendications des travailleurs béninois se résument entre autres au respect scrupuleux de la jouissance sans entraves des libertés démocratiques et syndicales et à la garantie de la sécurité à tous les citoyens, surtout aux responsables syndicaux, et responsables des partis et organisations ne partageant pas les mêmes points de vue que le pouvoir. Mais sur le terrain, l'allure que prennent les choses devient un casse-tête.
Une particularité au supérieur
Les enseignants de l'enseignement supérieur, sous les couleurs de l'intersyndicale des universités nationales du Bénin, se fondant sur les revendications non satisfaites des confédérations et centrales syndicales, puis sur les récentes défalcations opérées sur les salaires par le gouvernement, et constatant que le gouvernement persiste dans la violation des textes et lois réglementaires et oppose toujours un refus de dialogue, une fin de non recevoir aux revendications exprimées, ont déclenché une grève illimitée depuis mardi 28 janvier 2014 pour exiger le remboursement sans délai des ponctions arbitraires faites sur les salaires des Enseignants du Supérieur, la satisfaction complète des revendications soumises au pouvoir par les Confédérations et Centrales syndicales. En tout état de cause, l'Intersyndicale des Enseignants du supérieur rend responsables les autorités politico-administratives des déconvenues qui découleraient de la non-satisfaction de ces revendications, notamment de l'année blanche.
Grogne persistante
Un mois de grève pour certains et plus de quatre pour d'autres. Dans le secteur de l'éducation, des craintes existent déjà sur les risques d'une invalidation de l'année scolaire si la crise perdure encore. Même si les autres secteurs d'activité ignorent les conséquences de ces mouvements de débrayage sur leurs activités, apprenants et parents d'élèves commencent par alerter déjà sur les éventuels risques d'une année blanche. Pour le porte-parole du front des trois ordres d'enseignement, Lucien Langanfin, ''nous ne sommes pas encore à cette étape'' mais il reconnait tout de même la pertinence des observations des apprenants et parents d'élèves. Pour Karim Gbadamassi, membre de l'association nationale des parents d'élève, l'inquiétude des parents est grande et il lance un appel aux autorités et responsables syndicaux à ouvrir le dialogue afin que quelque chose soit faite pour les enseignants en particulier.
Après un mois de grève dans le secteur éducatif, le danger n'est plus si loin. Les autorités à divers niveaux de la chaîne de décision du pouvoir et des centrales syndicales sont interpellées pour une action urgente.