Une fin de règne tumultueuse et exceptionnellement difficile pour Boni Yayi, c'est ce que laisse penser l'actualité nationale. La relance du dialogue social peine à se réaliser du fait des préalables fixés par les partenaires sociaux pendant que la quasi-totalité des secteurs d'activités sont paralysés. Les difficultés économiques du pays s'accentuent au gré des échecs des interminables réformes dans le secteur du coton. C'est donc dans ce méli-mélo que le chef de l'Etat se laisse aller à une mauvaise communication gouvernementale qui suscite une levée de boucliers des acteurs politiques. Ça se complique pour Boni Yayi...
L'atmosphère reste des plus tendues par ces temps de graves crises sociopolitiques qui caractérisent l'actualité nationale au triple plans politique, économique et social. La grève générale qui paralyse toute l'Administration publique prend de nouvelles formes alors que le gouvernement semble engager un bras-de-fer avec les syndicalistes qui posent des préalables avant toutes négociations. Une situation qui ne laisse pas indifférente la classe politique notamment l'opposition qui vient de se ranger du côté des partenaires sociaux.
Administration en panne
Depuis quelques semaines, l'Administration publique tourne à peine. Et les choses vont s'empirer à compter de ce jour
En effet, réunie en Assemblée générale extraordinaire le lundi 27 janvier 2014, l'Union nationale des Magistrats du Bénin, a décidé d'observer à compter de ce lundi 3 février 2014, cinq (05) jours de grève par semaine. Une grève renouvelable par tacite reconduction, pour exiger du Gouvernement et du Conseil supérieur de la magistrature, la rétrocession de l'intégralité des fonds illégalement, abusivement et arbitrairement défalqués des salaires du mois de janvier 2014 pour fait de grève ; la mise en place d'un dispositif pour assurer la sécurité de tous les magistrats ; la correction des irrégularités contenues dans les nominations de 2013 et de 2014... Dans le domaine de la santé, c'est le porte-parole des praticiens hospitaliers qui était sur un plateau de télévision ce dimanche pour annoncer l'opération " hôpitaux morts ". Comme pour forcer la main à l'Exécutif, les syndicats des autres secteurs menacent de passer à 96h de grève très prochainement si rien n'est fait pour la satisfaction de leurs revendications. Face à la grogne, le gouvernement peine à ouvrir les négociations avec ses partenaires sociaux. Après un rendez-vous manqué, Raouf Affagnon et Paul Isè Iko deux responsables syndicaux ont annoncé ce dimanche 2 février 2014 au nom de leurs pairs, qu'ils rencontreront le pouvoir ce lundi 3 février 2014 pour l'ouverture des négociations. Sauf qu'ils regrettent qu'au regard des préalables fixés par les centrales et confédérations syndicales : " les assises de ce lundi 3 fevrier ne pourront connaitre une issue favorable. Selon eux, les fonds défalqués doivent être rétrocédés. Mieux, le Préfet de l'Atlantique-Littoral et le Commissaire central de Cotonou accusés d'être les instigateurs des violences faites sur les syndicalistes le 27 décembre 2013, doivent être relevés de leurs fonctions.
Grognes politiques
La grogne n'est pas que sociale. Elle est devenue aussi politique depuis la semaine dernière. Pour cause, les propos tenus par le chef de l'Etat à l'occasion de la cérémonie d'échange de vux entre le chef de l'Etat et les jeunes du Bénin n'ont pas été du goût des opposants. D'où une séries de sorties médiatiques pour censurer le discours de Boni Yayi. Regrettant le caractère belliqueux des propos du chef de l'Etat et constatant qu'ils incitent à la limite à la violence, plusieurs hommes politiques ont donné de la voix ce weekend. Lazard Sehouéto, Gaston Zossou, Candide Azannai, Amoussou Bruno, Sacca Fikara et bien d'autres encore ont tiré la sonnette d'alarme, réitérant leur ferme soutien aux luttes syndicales qu'ils trouvent justes et légitimes.
Dans le secteur du coton par ailleurs, ce sont les triturateurs qui donnent de la voix face aux difficultés qu'ils rencontrent dans la cession des graines de coton qui pourrissent déjà parce que abandonnées aux intempéries. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur l'économie nationale.
A bien y voir, Boni Yayi semble perdre le contrôle de la crise généralisée nourrie par la gestion hasardeuse du pouvoir en place et surtout l'ambiance de fin de gestion du régime place. Ses récentes déclarations, à priori imprudentes et violentes en sont bien la preuve.