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Le Matinal N° 4279 du 31/1/2014

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Gouvernement -Syndicats:Hypothétique reprise du dialogue
Publié le lundi 3 fevrier 2014   |  Le Matinal




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Alors que les organisations syndicales radicalisent leur position, le gouvernement a lancé un appel au dialogue. Selon plusieurs observateurs, les chances d’un retour à la table de négociation sont très minces.

Le dialogue entre l’Exécutif et les forces sociales pourrait reprendre à partir de ce jour. Mais vu les derniers évènements, beaucoup accordent peu de chance à cette reprise des négociations. Et pour cause.

Au moment où le Chef de l’Etat affirme être prêt au dialogue, il se donne du plaisir à s’en prendre ouvertement aux leaders syndicaux, acteurs clés du dialogue. Selon Yayi Boni, les dirigeants des organisations syndicales sont des manipulés à la solde des politiques et des pouvoirs financiers.

« Il y a certains privés qui disent ‘’nous avons des privilèges, ils ont annulé ça, des acquis, ils ont annulé ça. Les syndicalistes, prenez, embêtez-le. Organisez des marches et prenez quelques badauds pour insulter Yayi Boni. Réclamez le doublement des salaires ̋. Il y a certains privés qui les appuient. Ils sont allés chercher un homme politique qui va passer sa journée à la Bourse du travail. Il passe sa journée à les pistonner », a accusé le président de la République le lundi 27 janvier dernier au Palais de la Marina.

Il a nié la légitimité de leur mouvement en confiant à qui veut l’entendre qu’il ne doit plus rien aux travailleurs. Yayi Boni a soutenu devant les jeunes que le gouvernement accorde aux travailleurs beaucoup d’importance au point de violer une prescription communautaire. Il a en effet souligné avec l’appui du Directeur général du budget qu’au Bénin le ratio masse salariale sur recettes fiscales est de 46, 7% alors que la norme communautaire est inférieure ou égale à 35%. C’est dire que le Chef de l’Etat a passé un peu moins de trois heures d’horloge, à tenter de saboter le mouvement de grève déclenché par les organisations syndicales.

Un discours presque martial non adapté aux revendications légitimes des travailleurs qui ne demandent qu’à mieux vivre. Les propos tenus par le Chef de l’Etat ne constituent en rien des réponses aux difficultés sociales. Les Centrales et Confédérations syndicales réclament, faut-il noter, entre autres la lumière sur la répression aveugle dont elles ont été victimes le 27 décembre 2013 à la Bourse du travail à Cotonou. Elles exigent que les auteurs de cette barbarie soient punis et que les libertés syndicales soient protégées. L’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), elle, se bat particulièrement pour plus de sécurité pour les fonctionnaires de justice et la correction des nouvelles affectations prononcées dans les juridictions.

Yayi dispose pourtant des cartes…

Le Chef de l’Etat avait pourtant plusieurs cartes à jouer pour apaiser les tensions sociales. Au lieu d’œuvrer au retour de la sérénité entre le gouvernement et les organisations syndicales, il a travaillé à troubler davantage la situation délétère. Pourtant, il dispose de plusieurs atouts sérieux pour endiguer la crise. Il n’avait qu’à prendre des engagements et faire des promesses bien réfléchies pour dompter ses partenaires.

Il pouvait de façon élégante inviter les leaders syndicaux au calme, déplorer la répression sanglante du 27 décembre dernier et annoncer la mise en place d’une commission d’enquête. Promesse d’un politique. Yayi Boni aurait pu également se montrer moins menaçant envers les magistrats et éviter de stigmatiser les fonctionnaires de justice qu’il a maladroitement qualifiés d’indélicats. En réalité, les syndicalistes sont disponibles à faire des concessions voire des sacrifices.

Par le passé, ils avaient observé des périodes de trêve sociale afin de sauver l’école et éviter une paralysie générale de l’administration publique. Plusieurs centrales et confédérations syndicales ont, face à certains choix du gouvernement, appelé à une rentrée académique apaisée en 2013 en levant leurs menaces de grève. En 2013, l’Unamab avait mis fin à la paralysie du secteur judiciaire face à la volonté affichée du gouvernement de dialoguer. Aujourd’hui, l’attitude de va-t-en guerre du Chef de l’Etat ne permet d’envisager aucune solution négociée. Et il y a lieu de s’inquiéter suite au durcissement du ton au sein des organisations syndicales.

Allégresse Sassé

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