Tout le monde connait les chiffres annoncés au titre de la campagne cotonnière 2013-2014. Mais personne ne sait pourquoi les usines qui utilisent le coton graine ne sont toujours pas fournies en matières premières.
Un tour dans cet univers nous a permis de mettre à jour une bombe dont la déflagration risque de secouer un Yayi Boni déjà en très mauvaise posture devant l’opinion nationale et internationale. En effet, si vous faites un tour à l’intérieur du Bénin, vous constaterez des montagnes de coton graines empilées sur les aires de stockage des usines, livrées aux intempéries, pluies, vents, soleil… La raison de cet état de fait, une option : vendre l’ensemble des graines de coton à Milan (Italie). Pourquoi ce choix d’aller directement sur le marché international, en grillant les industries locales ? C’est dans l’espoir d’un meilleur prix, nous a répondu un interlocuteur. En effet, la Sonapra n’arrivant pas à obtenir des triturateurs, le solde du règlement des livraisons de la campagne précédente (les triturateurs contestent la qualité des graines livrées et réclament une réfaction) a décidé, plutôt que d’adopter une attitude commerciale d’honnêteté vis-à-vis de la marchandise livrée, a rompu toute discussion avec ceux-ci.
Malheureusement, la Sonapra a basé sa stratégie sur le prix à l’international de l’an dernier, sans prendre en compte les nouveaux paramètres (moindre besoin en Europe, apparition d’une production ivoirienne mieux quottée, qui, lui, a déjà livré depuis longtemps) qui font que le prix de cette année est inférieur de plus de 20 F Cfa le kilogramme de graine à celui de l’an dernier.
Mais pour mettre en œuvre cette stratégie perdante, la Sonapra avait besoin de sacs qu’elle a importés de la Côte d’Ivoire. Elle les a commandé avec un tel retard que depuis plus d’un mois, le coton graine gît sur les aires de stockage au bord champs voire, sur des camions à l’arrêt, agglutinés par centaines autour des usines d’égrenage.
Quel est le sort des acheteurs locaux, les huileries de notre industrie embryonnaire ? Apparemment l’Etat ne serait pas prêt à leur céder la graine à 70 F.Cfa le kilogramme comme ces derniers l’ont proposé, prix meilleur que le prix international actuellement de 67/69 F.Cfa environ. La Sonapra refuse toute discussion avec les triturateurs locaux avec la complicité des ministres de l’Agriculture, du Développement et celui de la Justice.
On se perd en conjectures sur ces attitudes irrationnelles, ce qui va couter très cher au contribuable béninois (quantité de coton graine perdue à cause de la mouille, prix complètement ridicule obtenu à l’international, y compris à cause des inévitables réfactions pour mauvaise qualité) et à l’industrie locale non approvisionnée.
S’agit-il de pénaliser Patrice Talon qui contrôle la Shb (et tant pis pour Fludor dont Yayi a parrainé la création à l’époque où il présidait la Boad) ?
Refuse-t-on de revenir sur les comptes de la campagne précédente, une réfaction sur les mauvaises graines livrées alourdissant un passif très peu reluisant ?
S’agit-il enfin d’une incompétence notoire, une stratégie étant élaborée sans prendre en compte l’évolution du contexte international ?
Abdouharamane Touré
Le prix de la guerre Yayi-Talon
Trop élevé pour le peuple, le prix à payer pour assister à la guerre entre Yayi et Talon. Déjà plusieurs centaines de chômeurs dans l’affaire Pvi-Nouvelle génération. Tous ceux débauchés d’ailleurs, ou ayant trouvé leur premier emploi qui se sont retrouvés du jour au lendemain, sans emploi. Alors qu’ils avaient une carrière nouvelle devant eux, des espoirs et surtout des charges. Aujourd’hui pour ceux qui n’ont pu se recaser, comment vivent-ils ? On peut tout imaginer, mais qu’ont-ils fait pour se retrouver débarqués du jour au lendemain de leur unique source de revenu ? Dans cette guerre apparemment totale entre les deux hommes, ce sont les employés et autres employeurs, comme dans le cas des huileries béninoises qui font les frais. En effet à quoi sert-il de risquer la saison de plusieurs entreprises rien que pour annoncer des chiffres qui ne reflètent pas la vérité. Pour en arriver là, a-t-on vraiment besoin de priver les huileries de leur coton graine, de leurs bénéfices et même de les acculer à la perte. Talon a-t-il besoin de tant de malheur pour être débusqué par le gouvernement ? Cette question s’adresse directement au chef de l’Etat béninois qui aujourd’hui est celui qui mène cette guerre.